La chute de l'Empire Romain
province de Gaule. Le préfet est tué par ses soldats !
Le peuple vandale, avec ses femmes, ses enfants, ses vieillards, des centaines de charrois, mené par Genséric, son roi, franchit le détroit qui sépare l’Espagne de l’Afrique et envahit cette province, grenier à blé de l’empire d’Occident.
Les troupes du comte Boniface sont impuissantes à arrêter ce peuple de deux cent mille personnes en marche.
Que faire ?
C’est la fin de l’an 429, Galla Placidia est épuisée.
L’empire d’Occident ressemble à ces marais qui entourent Ravenne, et dont le sol se dérobe sous les pas de ceux qui s’y aventurent.
Elle découvre que son Premier ministre, Félix, conspire contre Aetius, dont les succès l’inquiètent. Mais lorsqu’il appelle les soldats à se soulever, ceux-ci acclament le nom d’Aetius, se précipitent glaives levés et égorgent Félix ainsi que sa femme et les fidèles qui les entourent.
Le sang ruisselle sur le parvis de la basilique dans laquelle il avait essayé de se réfugier.
Comment croire à la survie de l’empire romain d’Occident ?
21.
Galla Placidia veut rester seule dans la pénombre des grandes salles de son palais de Ravenne.
Elle erre lentement d’une pièce à l’autre. Elle est lasse, si désemparée qu’il lui semble qu’elle traverse des lieux inconnus.
Elle s’arrête devant la grande croix en bois noir. Elle tend la main, elle effleure du bout des doigts le médaillon de la mosaïque, les visages de ses enfants, Valentinien et Honoria, et le sien.
Et tout à coup, sa bouche est pleine d’une salive âcre.
Elle s’éloigne, passe dans une autre salle.
Les servantes, les esclaves se retirent lorsqu’elle apparaît.
Faire fuir les domestiques, voilà le pouvoir que le destin va lui laisser.
Elle voudrait crier, maudire, puis elle s’apaise, elle prie, mais l’amertume remplit toujours sa bouche.
Bientôt son fils, à sa majorité, va recevoir les insignes de sa dignité impériale.
Il sera pleinement Valentinien III.
Déjà, les courtisans, les eunuques virevoltent autour de lui, afin de le distraire, de le séduire, de l’influencer.
Que peut-elle, elle, Galla Placidia, qui ne sera plus − qui n’est déjà plus − la régente ?
Le pouvoir lui échappe. Son fils, Valentinien, se dérobe, et sa fille, Honoria, vit à sa guise, changeante, provocatrice, attirant les prétendants, les amants sans doute, jouant pour les subjuguer de sa beauté, de son appartenance à la famille impériale.
Galla Placidia écarte les rideaux et les voiles, demeure quelques brefs instants sur la terrasse.
Les sentinelles qui arpentaient le parc sont moins nombreuses. Certains soldats de sa garde personnelle ont rejoint le palais impérial. D’autres ont rallié le comte Boniface, ou Aetius.
À qui peut-elle accorder sa confiance ?
Le sang de son Premier ministre, Félix, n’a pas fini de sécher sur le parvis de la basilique où les soldats l’ont égorgé.
Galla s’est rendue sur les lieux. Elle a longuement fixé les flaques de sang, noires.
On acclamait Aetius, que Félix, croyant se l’attacher, avait nommé commandant en chef des armées de l’empire d’Occident. Et quand il s’était rendu compte de la puissance qu’il avait ainsi conférée à Aetius, il était trop tard pour la briser. C’étaient Félix et ses fidèles qu’on avait égorgés.
Aetius, lui, réduisait les bandes de Bagaudes, pacifiait les Gaules, renforçait les défenses de cette province.
Remportait des victoires contre les Wisigoths.
Et empêchait les cavaliers huns de pénétrer dans l’Empire. Il les contenait sur les rives du Rhin où, guidés par leur jeune et nouveau chef, Attila, ils avaient détruit le royaume des Barbares burgondes et menaçaient les Francs.
Galla Placidia revient sur ses pas, s’arrête à nouveau devant la grande croix en bois noir et les portraits du médaillon de mosaïque. Que deviendront Valentinien, Honoria et l’empire d’Occident si elle ne trouve pas un homme fort, un Romain qui sache faire la guerre, mais sache aussi négocier, accueillir comme peuple fédéré les Barbares disposés à accepter les lois de Rome, sa religion catholique ?
Sans cet homme-là, les Huns déferleront, saccageront, massacreront.
Ce pourrait être Aetius.
Il connaît les mœurs des Huns, leurs armes, leurs manières de combattre. Il les a observés. Il a été leur otage plusieurs années. Il a côtoyé cet Attila, qui
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