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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ce qui nous assurera la victoire en quelques semaines.
Puis, une fois le front occidental consolidé, nous affronterons la Russie à l’est.
    — C’est notre seul espoir,
opina Otto. Mais lorsque l’armée allemande a adopté ce plan, il y a maintenant
neuf ans, nos services de renseignements affirmaient qu’il faudrait à l’armée
russe quarante jours pour mobiliser ses troupes. Cela nous laissait six
semaines pour conquérir la France. Or depuis, les Russes n’ont cessé d’améliorer
leur réseau ferroviaire – grâce à l’argent que leur ont prêté les Français ! »
Il tapa du poing sur son bureau, comme pour écraser la France. « Plus les
Russes pourront mobiliser rapidement, plus le plan Schlieffen deviendra
hasardeux. Ce qui signifie… » Il pointa l’index sur Walter dans un geste
théâtral. «… que plus tôt nous entrerons en guerre, mieux cela vaudra pour
l’Allemagne !
    — Non ! » Ce
vieillard ne voyait-il donc pas à quel point son raisonnement était dangereux ?
« Cela signifie que nous devons chercher des solutions pacifiques à des
querelles mesquines comme celle-ci.
    — Des solutions pacifiques ? »
Otto secoua la tête d’un air entendu. « Tu n’es qu’un jeune idéaliste. Tu
crois qu’il existe des réponses à toutes les questions.
    — En fait, vous voulez la
guerre, dit Walter, incrédule. Voilà la vérité.
    — Personne ne veut la guerre,
répliqua Otto. Mais, parfois, c’est la solution la moins mauvaise. »
    3.
    Maud n’avait hérité de son père qu’une
somme dérisoire – une rente annuelle de trois cents livres sterling, tout
juste de quoi renouveler sa garde-robe pour la saison londonienne. Fitz avait
eu le titre, les terres, les maisons et presque toute la fortune, conformément
à la tradition anglaise. Mais ce n’était pas cela qui irritait le plus Maud. L’argent
avait peu de valeur à ses yeux. Elle n’avait même pas réellement besoin de
cette rente. Fitz lui payait tout ce qu’elle voulait sans poser de questions :
pour lui, un gentleman ne regardait pas à la dépense.
    Ce qui lui inspirait une vraie
rancœur, c’était de ne pas avoir reçu d’instruction. À dix-sept ans, elle avait
annoncé sa volonté d’entrer à l’université – suscitant l’hilarité
générale. Elle avait alors découvert que pour faire des études supérieures, il
fallait être issu d’un bon établissement scolaire et réusSir un examen d’entrée.
Maud n’était jamais allée à l’école et, si elle était capable de parler
politique avec les grands hommes du pays, les gouvernantes et les précepteurs
qui s’étaient succédé auprès d’elle ne l’avaient préparée en rien à passer des
examens. Elle avait pleuré et tempêté pendant des jours, et, aujourd’hui
encore, cette simple pensée la faisait enrager. C’était pour cette raison qu’elle
était devenue suffragette : pour que les filles puissent suivre un
enseignement correct, il faudrait d’abord que les femmes obtiennent le droit de
vote, elle le savait.
    Elle s’était souvent demandé
pourquoi les femmes se mariaient. Elles s’engageaient par contrat à subir une
vie d’esclavage, s’étonnait-elle, mais qu’en retiraient-elles exactement ?
À présent, elle connaissait la réponse à sa question. Jamais elle n’avait
éprouvé de sentiment aussi fort que l’amour que lui inspirait Walter. Et les
choses qu’ils faisaient pour exprimer cet amour lui procuraient le plaiSir le
plus exquis. Pouvoir se toucher ainsi, chaque fois qu’on le désire, ce serait
le paradis. Pour obtenir cela, elle aurait accepté trois fois d’être réduite en
esclavage.
    Mais il n’était pas question d’esclavage,
du moins avec Walter. Lorsqu’elle lui avait demandé s’il attendait d’une femme
qu’elle obéisse à son époux en toutes choses, il lui avait répondu : « Certainement
pas. Je ne vois pas ce que l’obéissance vient faire dans le mariage. Deux
adultes qui s’aiment doivent pouvoir prendre des décisions ensemble, sans que l’un
soumette sa volonté à celle de l’autre. »
    Des heures durant, elle imaginait
leur vie commune. Sans doute passerait-il d’une ambassade à l’autre pendant
quelques années, ce qui leur permettrait de découvrir le monde : Paris,
Rome, Budapest, voire des villes aussi lointaines qu’Addis-Abeba, Tokyo ou
Buenos Aires. Elle repensa à l’histoire de Ruth dans la Bible : « Où
tu iras j’irai. » Ils

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