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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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plus d’acuité qu’elle.
    « Donc, poursuivit Otto, c’est vous qui devez rompre ces fiançailles. »
    Ce fut comme un poignard qui se
plantait dans son cœur. « Non !
    — C’est la seule façon de le
sauver. Vous devez renoncer à lui. »
    Maud ouvrit la bouche pour
formuler une nouvelle objection, mais Otto avait raison. Elle n’avait plus rien
à dire.
    Otto se pencha vers elle et
reprit avec insistance : « Allez-vous rompre ? »
    Les joues de Maud se mouillèrent
de larmes. Elle savait ce qu’elle devait faire. Elle ne pouvait pas détruire la
vie de Walter, même au nom de l’amour. « Oui », sanglota-t-elle. Elle
avait perdu toute dignité, mais cela lui était égal : la souffrance était
trop forte. « Oui, je vais rompre.
    — Me le promettez-vous ?
    — Je vous le promets. »
    Otto se leva. « Je vous
remercie d’avoir eu la courtoisie de m’écouter. » Il s’inclina. « Je
vous souhaite un bon après-midi. » Et il sortit.
    Maud se prit la tête entre les mains.

VIII.
Mi-juillet 1914
    1.
    La psyché de la nouvelle chambre d’Ethel
à Ty Gwyn était vieille, son bois fendillé et sa glace piquée, mais Ethel s’y
voyait de la tête aux pieds. Pour elle, c’était un grand luxe.
    Elle contempla son reflet en
sous-vêtements. Depuis qu’elle était amoureuse, ses formes semblaient s’être
épanouies. Sa taille et ses hanches s’étaient élargies, et sa poitrine
paraissait plus pleine, peut-être parce que Fitz ne cessait de la caresser et
de la pétrir. Quand elle pensait à lui, ses mamelons devenaient douloureux.
    Fitz était arrivé ce matin, en
compagnie de la Princesse Bea et de Lady Maud, et, dans un murmure,
lui avait donné rendez-vous après déjeuner dans la chambre des gardénias. Ethel
avait logé Maud dans la chambre rose, prétendant qu’on était en train de
réparer le parquet dans ses appartements habituels.
    À présent, Ethel s’était retirée
pour se laver et changer de sous-vêtements. Elle adorait se préparer pour lui,
déjà elle imaginait ses mains sur son corps, les baisers qu’il lui
prodiguerait, elle entendait ses gémissements de désir et de plaisir,
savourait l’odeur de sa peau et la voluptueuse texture de ses habits.
    En ouvrant un tiroir pour attraper
des bas propres, son regard se posa sur une pile de bandes de coton blanc, les
serviettes qu’elle utilisait pendant ses règles. Elle ne les avait pas lavées
une fois depuis qu’elle avait emménagé dans cette chambre, songea-t-elle.
Soudain, un germe de terreur s’insinua dans son esprit. Elle se laissa tomber
sur le lit étroit. On était à la mi-juillet. Mrs Jevons était partie début
mai. Cela faisait dix semaines. Durant ce laps de temps, Ethel n’aurait pas dû
utiliser ses serviettes une fois, mais deux. « Oh non ! gémit-elle. Oh,
mon Dieu, non ! »
    Elle s’obligea à réfléchir posément
et refit ses calculs. C’était en janvier que le roi leur avait rendu visite.
Ethel avait été promue intendante aussitôt après, mais Mrs Jevons était
alors trop malade pour déménager. Fitz était parti en Russie au mois de
février, il était revenu en mars, et c’était à ce moment-là que, pour la
première fois, ils avaient fait l’amour pour de bon. En avril, Mrs Jevons
s’était enfin rétablie et Albert Solman, l’agent d’affaires de Fitz, était venu
de Londres lui exposer les modalités de sa retraite. Elle était partie début
mai. C’était alors qu’Ethel s’était installée dans cette chambre et avait rangé
dans ce tiroir l’effrayante petite pile de bandes blanches. Dix semaines.
Impossible de parvenir à un autre résultat.
    Combien de fois s’étaient-ils
retrouvés dans la chambre des gardénias ? Au moins huit. Fitz ne manquait
jamais de se retirer avant la fin, mais parfois, elle sentait les premières
convulsions le gagner alors qu’il était encore en elle. L’extase dans laquelle
il s’abîmait était si intense, son bonheur si parfait qu’elle avait préféré
fermer les yeux. Mal lui en avait pris.
    « Ô mon Dieu, pardonnez-moi ! »
dit-elle à haute voix.
    Son amie Dilys Pugh était tombée
enceinte. Dilys avait le même âge qu’elle. Elle travaillait comme bonne pour la
femme de Percival Jones et fréquentait Johnny Bevan. Ethel se rappela que ses
seins avaient gonflé à peu près au moment où elle avait découvert qu’on pouvait
avoir un bébé en faisant ça debout. Ils étaient mariés

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