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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ne se
décide pas par vote. »
    Otto avait l’air agacé. De toute
évidence, elle était censée écouter sans broncher son discours pompeux. Il n’appréciait
pas qu’on se moque de lui. « Vous feriez mieux de prêter attention à ce
que je dis, lâcha-t-il avec colère. J’ai l’impression que cela vous concerne.
La plupart des Allemands considèrent l’Angleterre comme un pays ennemi. Si
Walter devait épouser une Anglaise, je vous laisse imaginer les conséquences.
    — Mais c’est ce que j’ai
fait. Walter et moi en avons longuement discuté.
    — Premièrement, il
encourrait ma réprobation. Jamais je n’accepterais une bru anglaise au sein de
ma famille.
    — Selon votre fils, l’amour
que vous avez pour lui devrait vous aider avec le temps à triompher de la
répugnance que je vous inspire. N’y a-t-il vraiment aucune chance pour que cela
se produise ?
    — Deuxièmement, fit-il sans
répondre à sa question, il serait considéré comme déloyal à l’égard du kaiser.
Les hommes de sa propre classe cesseraient d’être ses amis. Son épouse et lui ne
seraient jamais reçus dans la bonne société. »
    Maud sentait la colère monter en
elle. « J’ai du mal à vous croire. Tous les Allemands n’ont pas l’esprit
aussi étroit, quand même ? »
    Il ne releva pas sa grossièreté. « Troisièmement,
et pour finir, Walter fait carrière aux Affaires étrangères. Il ne peut que s’y
distinguer. Je l’ai envoyé dans les meilleures écoles et les meilleures
universités de plusieurs pays. Il parle un anglais parfait et un russe
acceptable. En dépit de son idéalisme et de son manque de maturité, il est bien
noté par ses supérieurs et le kaiser lui a manifesté sa sympathie à plusieurs
reprises. Peut-être deviendra-t-il un jour ministre des Affaires étrangères.
    — C’est un homme brillant,
approuva Maud.
    — Mais s’il vous épouse, il
peut renoncer à sa carrière.
    — Ridicule ! s’exclama-t-elle,
choquée.
    — Rendez-vous à l’évidence,
voyons. On ne peut pas faire confiance à un homme qui a épousé une ennemie.
    — Nous en avons parlé. Sa
loyauté irait tout naturellement à l’Allemagne. Je l’aime suffisamment pour l’accepter.
    — La famille de son épouse
lui serait peut-être trop chère pour qu’il demeure entièrement loyal à sa
patrie. Et, même s’il était irréprochable sur ce point, cela n’empêcherait pas
les gens de s’interroger.
    — Vous exagérez, dit-elle,
mais elle commençait à perdre son assurance.
    — Il ne serait certainement
pas autorisé à travailler dans les domaines où l’on exige le secret. On
refuserait d’aborder des sujets confidentiels en sa présence. Ce serait un
homme fini.
    — Il n’est pas obligé de
travailler pour le renseignement militaire. On pourrait l’affecter à d’autres
secteurs de la diplomatie.
    — Toute diplomatie requiert
le secret. Et vous oubliez ma propre position. »
    Maud fut surprise. Walter et elle
n’avaient pas pensé à la carrière d’Otto.
    « Je suis un proche
confident du kaiser. Me garderait-il sa confiance si mon fils venait à épouser
une étrangère, une ennemie qui plus est ?
    — Il le devrait.
    — Peut-être le ferait-il, si
j’adoptais une position ferme en reniant mon fils. »
    Maud en eut le souffle coupé. « Vous
ne feriez pas une chose pareille ! »
    Otto éleva la voix. « J’y
serais obligé ! »
    Elle secoua la tête. « Vous
auriez le choix, dit-elle en désespoir de cause. On a toujours le choix.
    — Je ne sacrifierai pas tout
ce que j’ai acquis – ma position, ma carrière, le respect de mes
compatriotes – pour une fille », conclut-il avec dédain.
    Maud eut l’impression de recevoir
une gifle.
    « Mais Walter le fera, bien
sûr, poursuivit Otto.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Si Walter devait vous
épouser, il perdrait sa famille, sa patrie et sa carrière. Mais il le fera. Il
vous a déclaré son amour sans réfléchir aux conséquences et, tôt ou tard, il
comprendra l’erreur tragique qu’il a commise. En attendant, de toute évidence,
il se considère comme votre fiancé, bien que cela n’ait rien d’officiel, et il
ne reniera pas son engagement. C’est un gentleman, après tout. « Allez-y,
reniez-moi », voilà ce qu’il me dira. S’il agissait autrement, il se
considérerait comme un lâche.
    — C’est vrai », admit
Maud, désemparée. Cet affreux vieillard voyait la vérité avec

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