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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dépêches.
    L’œil de Walter se posa sur le
compotier en creamware que son père venait d’acquérir. « Non,
dit-il en le soulevant. Vous ne direz pas ce que vous pensez.
    — Fais attention, je t’en
prie. »
    Walter était sûr d’avoir
désormais toute l’attention de son père. « J’ai envie de protéger Lady Maud
comme vous avez envie de protéger ce bibelot.
    — Ce bibelot ?
Permets-moi de te dire qu’il vaut…
    — À cette différence près,
bien sûr, que l’amour est plus fort que la passion du collectionneur. »
Walter jeta le compotier en l’air et le rattrapa d’une seule main. Son père
protesta en poussant un petit cri de désespoir. Walter poursuivit sans se
démonter : « Donc, quand vous parlez d’elle de façon insultante, j’éprouve
le même sentiment que vous lorsque vous me croyez sur le point de casser ceci – avec
encore plus d’intensité cependant.
    — Quelle insolence !
Espèce… »
    Walter leva la voix pour faire
taire son père. « Et si vous persistez à piétiner ma sensibilité, j’écraserai
cette ridicule poterie sous mes pieds.
    — Très bien, tu t’es
exprimé, maintenant pose ça, pour l’amour du ciel. »
    Croyant à une reddition, il
replaça le compotier sur une desserte.
    Otto reprit méchamment : « Il
y a autre chose dont tu dois tenir compte… si je puis me permettre de te le
dire sans piétiner ta sensibilité.
    — Je vous écoute.
    — Elle est anglaise.
    — Et alors ! s’écria
Walter. Cela fait des années que des Allemands bien nés épousent des
aristocrates anglaises. Le Prince Albert de Saxe-Cobourg et Gotha a bien
épousé la reine Victoria – son petit-fils est aujourd’hui roi d’Angleterre.
Et la reine d’Angleterre est née princesse du Wurtemberg ! »
    Otto éleva la voix. « Les
choses ont changé ! Les Anglais sont décidés à nous maintenir au rang de
puissance secondaire. Ils se rapprochent de nos adversaires, la Russie et la
France. Tu épouserais une ennemie de la patrie. »
    Telle était l’opinion de la
vieille garde, Walter le savait, mais il la jugeait irrationnelle. « Nous
ne devrions pas être ennemis, dit-il, exaspéré. Nous n’avons aucune raison de l’être.
    — Jamais ils n’accepteront
de nous traiter sur un pied d’égalité.
    — C’est faux ! »
Constatant qu’il s’était mis à crier, Walter fit un effort pour se calmer. « Les
Anglais sont des partisans du libre-échange – ils nous autorisent à vendre
nos produits à travers tout l’Empire britannique.
    — Tiens, lis ça. » Otto
lui lança le télégramme qu’il était en train d’examiner. « Sa Majesté le
kaiser attend mes commentaires. »
    Walter prit le feuillet. C’était
un projet de réponse à la missive de l’empereur d’Autriche. Son inquiétude ne
fit que croître à mesure qu’il lisait. Le texte s’achevait par ces lignes :
« L’empereur François-Joseph peut cependant être assuré que Sa Majesté
soutiendra loyalement l’Autriche-Hongrie, conformément aux obligations
découlant de l’alliance entre nos deux nations et à leur amitié de longue date. »
    Walter était horrifié. « Mais
cette lettre donne carte blanche à l’Autriche ! Elle peut faire ce qu’elle
veut, avec notre soutien !
    — Moyennant quelques
réserves.
    — Pas beaucoup. A-t-on déjà
envoyé cette réponse ?
    — Non, mais elle a été
approuvée. Elle partira demain.
    — Pouvons-nous l’empêcher ?
    — Non, et je ne le souhaite
pas.
    — Mais cela nous engage à
soutenir l’Autriche en cas de guerre contre la Serbie.
    — Ce n’est pas une mauvaise
chose.
    — Nous ne voulons pas la
guerre ! protesta Walter. Ce dont nous avons besoin, c’est de science, de
production, de commerce. L’Allemagne doit se moderniser, s’engager sur la voie
du libéralisme et de la croissance. Ce que nous voulons, c’est la paix et la
prospérité. » Et, ajouta-t-il en silence, un monde où un homme puisse
épouser la femme qu’il aime sans être accusé de trahison.
    « Écoute-moi, dit Otto. Nous
sommes entourés d’ennemis puissants, la France à l’ouest et la Russie à l’est,
et ces deux pays sont de mèche. Nous ne pouvons pas livrer la guerre sur deux
fronts. »
    Walter le savait bien. « C’est
pour cela que nous avons conçu le plan Schlieffen, dit-il. Si nous sommes
contraints d’entrer en guerre, nous commencerons par envahir la France avec une
force irrésistible,

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