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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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bébé.
    — Inutile d’entrer dans les
détails.
    — Dans ce cas, abstenez-vous
de me parler comme si j’étais seule en faute.
    — Très bien. »
    Ethel prit place dans un fauteuil
puis se tourna vers l’avocat. « Vous pouvez vous asseoir, si vous voulez »,
dit-elle, s’adressant à lui comme une maîtresse de maison à son valet.
    Il s’empourpra. Il ne savait s’il
devait prendre un siège, ce qui aurait pu laisser croire qu’il avait attendu sa
permission, ou rester debout, comme un domestique. En fin de compte, il décida
de faire les cent pas. « Monsieur le Comte m’a chargé de vous faire
une proposition. » Comme il ne se sentait pas à l’aise en arpentant la
pièce, il s’arrêta devant elle. « Une proposition très généreuse, que je
vous conseille d’accepter. »
    Ethel ne dit rien. L’insensibilité
de Fitz lui avait ouvert les yeux : elle comprenait à présent qu’il s’agissait
d’une tractation. Elle était en terrain familier. Son père était toujours en
train de négocier, de batailler avec la direction pour obtenir des salaires
plus élevés, des horaires plus décents, des mesures de sécurité plus
rigoureuses. Une de ses maximes préférées était : « Ne parle que si
tu as quelque chose à dire. » Elle se tut.
    Solman semblait attendre une
réponse. Quand il comprit qu’il n’en obtiendrait pas, il parut contrarié. Il
reprit : « Monsieur le Comte est prêt à vous verser une pension
annuelle de vingt-quatre livres, payable d’avance chaque mois. C’est fort
généreux, vous en conviendrez. »
    Espèce de grippe-sou ! se
dit Ethel. Comment pouvait-il être aussi mesquin ? Vingt-quatre livres, c’était
le salaire annuel d’une bonne. Ethel gagnait le double en tant qu’intendante,
et disposait en outre du gîte et du couvert.
    Pourquoi les hommes pensaient-ils
pouvoir agir ainsi en toute impunité ? Probablement parce qu’ils y
réussissaient le plus souvent. Une femme n’avait aucun droit. S’il fallait être
deux pour faire un bébé, une seule personne était obligée de s’en occuper.
Comment les femmes avaient-elles pu se laisser imposer une telle servitude ?
Cela la mettait en rage.
    Mais elle resta silencieuse.
    Solman tira un fauteuil et s’assit
près d’elle. « Voyons, considérez le bon côté des choses. Vous disposerez
de dix shillings par semaine…
    — Pas tout à fait, s’empressa-t-elle
de corriger.
    — Eh bien, supposons que
nous portions votre pension à vingt-six livres par an, cela ferait dix shillings
par semaine. Qu’en dites-vous ? »
    Ethel ne pipa mot.
    « Vous pourrez louer une
jolie chambre à Cardiff pour deux ou trois shillings et dépenser le reste pour
votre entretien. » Il lui tapota le genou. « Peut-être trouverez-vous
un homme généreux pour vous faciliter la vie… hein ? Vous êtes une jeune fille
très séduisante, vous savez ? »
    Elle feignit de ne pas
comprendre. L’idée d’être la maîtresse d’un répugnant avocat comme Solman lui
soulevait le cœur. Se croyait-il vraiment de taille à prendre la place de Fitz ?
Elle ne réagit pas à ses insinuations. « Ya-t-il des conditions ?
demanda-t-elle d’une voix glaciale.
    — Des conditions ?
    — À la proposition du comte. »
    Solman toussota. « Les
conditions habituelles, naturellement.
    — Habituelles ? Vous
avez donc déjà accompli ce genre de démarche ?
    — Pas au nom du Comte Fitzherbert,
s’empressa-t-il de préciser.
    — Mais au nom de quelqu’un d’autre.
    — Revenons à notre affaire,
voulez-vous ?
    — Poursuivez, je vous en
prie.
    — Le nom du Comte ne
figurera pas sur le certificat de naissance de l’enfant et vous vous engagerez
à ne pas révéler l’identité du père de quelque autre façon.
    — Selon votre expérience,
monsieur Solman, les femmes acceptent-elles généralement vos conditions ?
    — Oui. »
    Évidemment, se dit-elle avec
amertume. Elles n’ont pas le choix. Elles n’ont droit à rien, elles prennent
donc ce qu’on leur donne. Et elles acceptent toutes les conditions. « Yen
a-t-il d’autres ?
    — Une fois que vous aurez
quitté Ty Gwyn, vous ne devrez plus jamais tenter d’entrer en contact avec
monsieur le comte. »
    Ainsi, se dit Ethel, il ne veut
pas nous voir, ni son enfant ni moi. Une vague de déception déferla sur elle,
menaçant de l’accabler ; si elle n’avait pas été assise, elle serait sans
doute tombée. Elle serra les

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