Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
mâchoires pour refouler ses larmes. Redevenue
maîtresse d’elle-même, elle reprit : « Autre chose ?
    — Je crois que c’est tout. »
    Ethel se leva.
    « Vous devrez me préciser l’endroit
où devront être versées les mensualités de la pension. » Il prit une
petite boîte d’argent et en sortit une carte de visite.
    « Non, dit-elle comme il la
lui tendait.
    — Mais vous devrez vous
mettre en relation avec moi pour…
    — Non, répéta-t-elle, je n’en
ferai rien.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Cette proposition est
inacceptable.
    — Voyons, mademoiselle
Williams, ne soyez pas ridicule…
    — Je vais le répéter,
monsieur Solman, pour que les choses soient parfaitement claires dans votre
esprit : cette proposition est inacceptable. Ma réponse est non. Je n’ai
plus rien à vous dire. Au revoir, monsieur. » Elle sortit en claquant la
porte.
    Elle retourna dans sa chambre, s’enferma
à clé et éclata en sanglots.
    Comment Fitz pouvait-il être
aussi cruel ? Souhaitait-il vraiment ne plus jamais la revoir ? Ne
jamais voir son bébé ? Pensait-il que tout ce qui s’était passé entre eux
pouvait être effacé par une rente de vingt-quatre livres par an ?
    Ne l’aimait-il plus ? Après
tout, l’avait-il jamais aimée ? N’avait-elle été qu’une sotte ? Elle
avait cru en son amour, elle l’avait pensé sincère.
    Et s’il avait joué la comédie de
bout en bout ? Et s’il s’était moqué d’elle du début à la fin ? Non,
elle ne pouvait pas le croire. Une femme sentait si un homme n’était pas
sérieux.
    Que faisait-il en ce moment ?
Probablement refoulait-il ses sentiments. Peut-être était-ce un homme
superficiel. C’était possible. Peut-être son amour avait-il été sincère mais
pas assez profond pour l’empêcher de renoncer à elle s’il le fallait. Dans le
feu de la passion, elle avait pu ne pas remarquer cette faiblesse de caractère.
    Après tout, cette insensibilité
lui facilitait la tâche. Elle aurait moins de mal à marchander. Elle n’avait
pas besoin de se soucier de ce qu’elle éprouvait. Elle pourrait se concentrer
tout entière sur la manière d’obtenir les meilleures conditions possibles pour
le bébé et pour elle-même. Un bon moyen consistait à se demander
systématiquement ce qu’aurait fait Da. Malgré la loi, une femme n’était pas
entièrement impuissante.
    Fitz devait être inquiet à
présent. Il avait probablement pensé qu’elle accepterait sa proposition ou,
dans le pire des cas, qu’elle réclamerait une rente plus importante ; il
aurait alors été parfaitement tranquille. Mais la réaction d’Ethel n’avait pu
manquer de le déconcerter et de l’effrayer.
    Elle n’avait pas laissé à Solman
le temps de lui demander ce qu’elle voulait. Qu’ils mijotent donc quelques
heures. Fitz redouterait qu’Ethel cherche à se venger en parlant du bébé à la Princesse Bea.
    Elle regarda par la fenêtre pour
consulter l’horloge sur le toit de l’écurie. Il était presque midi. Sur la
pelouse, le personnel devait s’apprêter à servir à manger aux enfants des
mineurs. En règle générale, la Princesse Bea aimait voir l’intendante en
milieu de journée. Le plus souvent pour se plaindre : elle ne supportait
pas les fleurs dans l’entrée, les uniformes des valets de pied étaient mal
repassés, la peinture du palier s’écaillait. De son côté, l’intendante avait
des questions à lui poser à propos des chambres à répartir entre les invités,
de la vaisselle à renouveler, des bonnes et des filles de cuisine à congédier
ou à engager. Le plus souvent, Fitz les rejoignait dans le salon vers midi et
demi, pour prendre un verre de xérès avant le déjeuner.
    Ethel choisirait ce moment pour le
torturer un peu.
    3.
    Fitz regardait les enfants de
mineurs faire la queue pour leur déjeuner – leur « dîner »,
comme ils disaient. Leurs visages étaient sales, leurs cheveux mal peignés et
leurs vêtements rapiécés, mais ils avaient l’air heureux. Ces enfants le
surprenaient. Bien qu’ils soient parmi les plus pauvres du pays, que leurs
pères soient engagés dans un conflit très dur, ils ne paraissaient pas en
souffrir le moins du monde.
    Depuis qu’il avait épousé Bea, il
n’avait cessé de désirer un enfant. Elle avait fait une fausse couche et il
était terrifié à l’idée qu’elle en fasse une seconde. La dernière fois, elle
avait fait une crise de tous les diables

Weitere Kostenlose Bücher