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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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lui.
    Pour s'en convaincre, il entonna
un cantique. Il n'avait pas encore mué et détestait sa voix de soprano, mais il
n'y avait personne pour l'entendre, et il chantait à pleins poumons. Quand il
eut enchaîné toutes les strophes et que la crainte revint, il imagina Jésus,
debout de l'autre côté de la berline, qui l'observait avec une expression de
gravité et de compassion sur son visage barbu.
    Billy chanta un autre cantique.
Il pelletait et marchait au rythme de la musique. La plupart des mélodies
étaient entraînantes. De temps en temps, il se demandait si on ne l'avait pas
oublié. Et si le poste était fini, s'il n'y avait personne d'autre en bas, s'il
était tout seul ? Il lui suffisait alors de se rappeler la silhouette en
robe, debout à ses côtés dans le noir.
    Il connaissait beaucoup de
cantiques. Il allait au temple Bethesda trois fois par dimanche depuis qu'il
était assez grand pour rester assis sagement. Les livres de cantiques étaient
chers et un certain nombre de paroissiens ne savaient pas lire, aussi tout le
monde apprenait-il les paroles par cœur.
    Quand il eut chanté douze
cantiques, il calcula qu'une heure avait dû s'écouler. Le poste était sûrement
fini, non ? Il en chanta encore douze. Ensuite, il eut du mal à tenir le
compte. Il répéta ses préférés. Il travaillait de plus en plus lentement.
    Il chantait « Il est sorti
du tombeau » à tue-tête quand il aperçut une lumière. Ses gestes étaient
devenus tellement automatiques qu'il ne s'interrompit même pas. Il prit une
nouvelle pelletée et la porta jusqu'à la berline, chantant toujours. La lumière
devint plus vive. À la fin du cantique, quand Billy s'appuya sur sa pelle, Rhys
Price était là à le regarder, lampe à la ceinture, avec une curieuse expression
sur son visage plongé dans l'ombre.
    Billy réprima son sentiment de
soulagement. Pas question de montrer à Price ce qu'il éprouvait. Il enfila sa
chemise et son pantalon, puis décrocha la lampe éteinte du mur et la mit à sa
ceinture.
    « Tu as eu un problème ?
demanda Price.
    — Vous le savez très bien »,
dit Billy d'une voix qui lui parut curieusement adulte.
    Price pivota sur ses talons et
s'engagea dans la galerie.
    Billy hésita. Il regarda derrière
lui. De l'autre côté de la berline, il aperçut un visage barbu et une robe pâle
juste avant que la silhouette s'évanouisse comme un rêve. « Merci »,
chuchota Billy en direction de la galerie déserte.
    Il suivit Price, les jambes si
endolories qu'il avait l'impression qu'il allait tomber, mais cela lui était
bien égal : il y revoyait clair et le poste était fini. Bientôt, il serait
à la maison et pourrait se coucher.
    Arrivés à la recette du fond, ils
entrèrent dans la cage avec une foule de mineurs au visage noir. Tommy
Griffiths n'était pas là, mais Graisse-de-rognon Hewitt se trouvait avec eux.
Comme ils attendaient le signal de la surface, Billy remarqua qu'ils le
regardaient tous avec un sourire narquois.
    « Et alors, Billy Deux-fois,
comment s'est passée cette première journée ? demanda Hewitt.
    — Bien, merci. »
    Hewitt avait l'air mauvais ;
il n'avait sûrement pas oublié que Billy l'avait traité de « fichu crétin ».
« Pas de problème ? » insista- t-il.
    Ils savaient quelque chose, cela
ne faisait aucun doute. Billy voulait leur montrer qu'il n'avait pas cédé à la
peur. « Ma lampe s'est éteinte », dit-il, réussissant à grand-peine à
empêcher sa voix de trembler. Il jeta un coup d'œil à Price, et jugea plus
viril de ne pas l'accuser.
    « J'ai eu un peu de mal à
pelleter dans le noir toute la journée », acheva-t-il. Il était évidemment
très en deçà de la vérité – ils risquaient d'imaginer que l'épreuve
n'avait pas été très dure –, mais cela valait mieux que d'avouer qu'il
avait été terrifié.
    Un des hommes les plus âgés prit
la parole. C'était John Jones l'Épicerie, ainsi surnommé à cause de sa femme
qui tenait une petite épicerie dans leur salon. « Toute la journée ?
    — Oui. »
    John Jones se tourna vers Price :
« Espèce de salaud, on avait dit une heure. »
    C'était bien ce que Billy
pensait. Ils étaient tous de mèche. Ils jouaient sûrement le même tour à tous
les nouveaux. Mais Price avait poussé le bouchon un peu loin.
    Graisse-de-rognon Hewitt
ricanait : « Tu n'as pas eu peur, Billy boy, comme ça, tout seul dans
le noir, au fond ? »
    Il prit le temps de

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