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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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lui baisa la main. Elle
aurait voulu l’embrasser, mais sa voilette la gênait. De plus, cela aurait été
déplacé avant le mariage. Inutile de jeter toutes les convenances aux
orties.
    Elle vit que Robert tenait le
volant. Il la salua en portant une main à son haut-de-forme gris. Walter avait
confiance en lui. Ce serait l’un de leurs deux témoins.
    Walter ouvrit la portière arrière
et Maud prit place sur la banquette. Quelqu’un s’y trouvait déjà, et elle
reconnut l’intendante de Ty Gwyn. « Williams ! »
    La jeune femme sourit. « Vous
feriez mieux de m’appeler Ethel désormais. Je suis votre témoin.
    — Ah oui, excusez-moi. »
Obéissant à une impulsion, Maud la serra dans ses bras. « Merci d’être
venue. »
    La voiture démarra.
    Maud se pencha en avant pour
parler à Walter. « Comment as-tu retrouvé Ethel ?
    — Tu m’as dit qu’elle était
venue au dispensaire. Le docteur Greenward m’a donné son adresse. Je savais que
tu aurais confiance en elle, puisqu’elle nous a servi de chaperon à Ty Gwyn. »
    Ethel tendit à Maud un petit
bouquet de fleurs. « Pour la mariée. »
    C’étaient des roses couleur corail
– la fleur de la passion. Walter connaissait-il le langage des fleurs ?
« Qui les a choisies ?
    — C’est moi qui en ai fait
la suggestion, avoua Ethel. Et Walter a été séduit quand je lui en ai expliqué
le sens. » Elle rougit.
    Ethel, qui les avait vus s’embrasser
dans le parc de Ty Gwyn, n’ignorait rien de l’amour qui les liait, comprit
Maud. « Elles sont parfaites », approuva-t-elle.
    Ethel portait une robe rose pâle
qui semblait neuve et un chapeau décoré de roses de la même couleur. Sans doute
des cadeaux de Walter. Comme il était attentionné !
    Ils descendirent Park Lane et
prirent la direction de Chelsea. Je vais me marier, songea Maud. Naguère, quand
elle imaginait son mariage, elle supposait qu’il ressemblerait à ceux de ses
amies, une longue et pénible journée de cérémonie. Cette façon-ci lui convenait
bien mieux. Pas de préparatifs, pas d’invités, pas de traiteur. Et pas
davantage de cantiques, de discours, de vieil oncle éméché tentant de l’embrasser :
rien que les mariés et deux amis dignes de confiance.
    Elle chassa de son esprit les
craintes que lui inspirait l’avenir. L’Europe était en guerre, tout pouvait
arriver. Elle se contenterait de savourer cette journée… et la nuit à venir.
    Comme ils roulaient dans King’s
Road, l’inquiétude la saisit. Elle agrippa la main d’Ethel pour se donner du
courage. Elle imaginait Fitz les pourchassant au volant de sa Cadillac en
hurlant : « Arrêtez cette femme ! » Elle se retourna. Pas
trace de Fitz ni de sa voiture, bien entendu.
    Ils se garèrent devant la façade
classique de l’hôtel de ville de Chelsea. Robert prit Maud par le bras et monta
les marches à ses côtés, tandis que Walter les suivait au bras d’Ethel. Les
passants s’arrêtèrent pour les regarder : tout le monde adore les
mariages.
    L’intérieur de l’édifice était
décoré avec une extravagance typiquement victorienne, mêlant aux dalles
multicolores une profusion de moulures. Un endroit idéal pour se marier.
    Ils durent patienter dans le
vestibule : une autre cérémonie, se terminait et ils se regroupèrent dans
un coin en restant silencieux. Maud huma le parfum de ses roses, qui lui monta
aussitôt à la tête, lui donnant l’impression d’avoir avalé d’un trait une coupe
de Champagne.
    Quelques minutes plus tard, les
nouveaux mariés faisaient leur apparition, elle en robe tout à fait ordinaire
et lui en uniforme de sergent. Peut-être avaient-ils précipité les choses à
cause de la guerre, eux aussi.
    Maud et son groupe entrèrent. L’officier
d’état civil était assis derrière une table très simple, en jaquette, avec une
cravate gris argent. Il avait mis un œillet à sa boutonnière, ce dont Maud le remercia
en son for intérieur. À côté de lui se trouvait un employé en complet-veston.
Ils déclinèrent leur nom et Maud releva sa voilette.
    « Mademoiselle Fitzherbert,
dit l’officier d’état civil, pouvez-vous justifier de votre identité ? »
    Elle ne comprenait pas ce qu’on
lui demandait.
    Remarquant sa confusion, le
fonctionnaire précisa : « Votre certificat de naissance, peut-être ? »
    Elle ne l’avait pas sur elle.
Elle ignorait qu’on le lui demanderait et, même si elle l’avait su, jamais elle
n’aurait

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