La Chute Des Géants: Le Siècle
poursuivit Ethel. Les meilleurs partis de Londres
se sont jetés à ses pieds, attirés par son étonnante beauté et son caractère
pétulant, mais ils ont tous pris la fuite, terrifiés par son intelligence et
son solide réalisme politique. Il y a quelque temps, j’ai compris qu’il
faudrait un oiseau rare pour la conquérir. Un homme intelligent, mais à l’esprit
ouvert ; doué d’un sens moral très strict, mais tout sauf orthodoxe ;
un homme fort, mais pas dominateur. » Ethel sourit. « Je croyais qu’il
serait impossible de dénicher un homme pareil. Et voilà qu’en janvier dernier,
il est arrivé à Ty Gwyn en taxi, venant tout droit de la gare d’Aberowen, et la
longue attente a pris fin. » Elle leva son verre. « Au marié ! »
Tous burent à nouveau, puis Ethel
prit Robert par le bras. « Maintenant, Robert, vous pouvez m’emmener dîner
au Ritz », dit-elle.
Walter parut surpris. « Je
pensais que nous dînerions ici tous ensemble », dit-il.
Ethel lui jeta un regard mutin. « Ne
faites pas l’idiot, voyons. » Et elle se dirigea vers la porte, traînant
Robert derrière elle.
« Bonne nuit », lança
celui-ci, alors qu’il n’était que six heures du soir. Tous deux sortirent et
refermèrent la porte.
Maud éclata de rire. « Cette
intendante est d’une intelligence redoutable, déclara Walter.
— Elle me comprend, répliqua
Maud en fermant à clé. Bon. Allons voir la chambre.
— Tu ne préférerais pas te
déshabiller en privé ? demanda Walter d’un air inquiet.
— Pas vraiment. Tu n’as pas
envie de regarder ? »
Il déglutit et, quand il reprit
la parole, sa voix semblait un peu rauque. « Si, s’il te plaît. J’aimerais
bien. » Il lui ouvrit la porte et elle passa devant lui.
En dépit de son attitude
audacieuse, elle mourait de peur lorsqu’elle s’assit au bord du lit pour se
déchausser. Personne ne l’avait vue nue depuis qu’elle avait huit ans. Elle
était incapable de dire si son corps était beau, faute d’élément de
comparaison. Par rapport aux nus qu’elle avait vus dans les musées, elle
trouvait ses seins trop menus et ses hanches trop larges. Et puis elle avait
entre les jambes une toison qu’on ne voyait jamais sur les tableaux de maîtres.
Et si Walter la trouvait laide ?
Il ôta sa veste et son gilet et
les rangea comme si de rien n’était. Sans doute s’y habitueraient-ils,
supposa-t-elle. Tout le monde faisait cela tous les jours. Cela lui paraissait
néanmoins étrange, plus intimidant qu’excitant.
Elle retira ses bas et ôta son
chapeau. C’en était fini du superflu. Elle allait faire le grand saut. Elle se
leva.
Walter cessa de dénouer sa
cravate.
Vivement, Maud dégrafa sa robe qu’elle
laissa tomber à terre. Puis elle se débarrassa de son jupon et fit passer son
corsage au-dessus de sa tête. Elle se tint devant lui, parée de sa seule
lingerie, les yeux rivés sur son visage.
« Comme tu es belle ! »
souffla-t-il.
Elle sourit. Il trouvait toujours
les mots justes.
Il la prit dans ses bras et l’embrassa.
Elle commença à s’apaiser, sinon à se détendre. Elle savoura le contact de ses
lèvres si douces sur les siennes, le chatouillement de sa moustache. Elle lui
caressa la joue, lui pinça le lobe de l’oreille du bout des doigts, lui passa
la main sur la nuque, tous ses sens en éveil en pensant : Désormais, tout
ceci est à moi.
« Allongeons-nous.
— Non. Pas encore. »
Elle s’écarta de lui. « Attends. » Elle ôta sa chemise, révélant qu’elle
portait un de ces tout nouveaux soutien-gorge. Glissant les mains dans son dos,
elle le dégrafa et le laissa choir, jetant à Walter un regard qui le mettait au
défi de ne pas aimer ses seins.
« Ils sont magnifiques !
dit-il. Puis-je les embrasser ?
— Tu peux faire tout ce qui
te plaira », dit-elle, se sentant délicieusement impudique.
Il se pencha sur sa poitrine et
embrassa un sein, puis l’autre, lui effleurant délicatement les mamelons,
lesquels durcirent comme si l’air s’était rafraîchi. Elle fut prise de l’envie
soudaine de lui rendre la pareille et se demanda s’il trouverait cela bizarre.
Il aurait pu passer l’éternité à
lui baiser les seins. Elle l’écarta doucement. « Finis de te déshabiller,
dit-elle. Vite. »
Il ôta ses chaussures, ses
chaussettes, sa cravate, sa chemise, son gilet de corps et son pantalon, puis
hésita. « Je me sens tout timide, murmura-t-il. Je ne
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