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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Walter en secret, voilà le résultat : un authentique fiasco. Elle
était déçue pour elle-même, et plus encore pour Walter. Dire qu’il avait
attendu d’avoir vingt-huit ans pour épouser une femme incapable de le
satisfaire !
    Elle aurait voulu pouvoir parler
à une autre femme – mais qui ? L’idée d’en parler à tante Herm
était franchement grotesque. Si certaines femmes partageaient des secrets avec
leurs domestiques, Maud n’avait jamais eu ce genre de relation avec Sanderson.
Elle pensa à Ethel. Je pourrais me confier à elle, se dit-elle. Maintenant qu’elle
y pensait, c’était Ethel qui lui avait appris qu’il était normal d’avoir des
poils entre les cuisses. Mais Ethel était partie avec Robert.
    Walter s’assit. « Commandons
à souper, et peut-être une bouteille de vin. Nous nous mettrons à table comme
deux époux ordinaires, nous parlerons de tout et de rien. Ensuite, nous ferons
un nouvel essai. »
    Maud n’avait pas d’appétit et ne
se voyait absolument pas causer de tout et de rien. Mais elle n’avait pas de
meilleure idée. Elle se rhabilla, affreusement malheureuse. Walter en fit
autant, puis passa au salon pour sonner le garçon d’étage. Elle l’entendit
commander des assiettes anglaises, du poisson fumé, de la salade et une
bouteille de vin du Rhin.
    Elle s’assit près d’une fenêtre
ouverte et regarda la rue en contrebas. Le placard publicitaire d’un quotidien
annonçait : «  ULTIMATUM
DE L’ANGLETERRE À L’ALLEMAGNE   ». «  Walter risquait de se faire tuer
pendant cette guerre. Elle ne voulait pas qu’il meure vierge.
    Il l’appela dès que le repas fut
arrivé et elle le rejoignit. Le garçon avait dressé la table et y avait disposé
du saumon fumé, des tranches de jambon, de la laitue, des tomates, du concombre
et des tranches de pain blanc. Elle n’avait toujours pas faim, mais sirota du
vin blanc et grignota un peu de saumon pour faire bonne figure.
    En fin de compte, ils parlèrent
bien de tout et de rien. Walter évoqua son enfance, sa mère et ses études à
Eton. Maud raconta les réceptions qui se donnaient à Ty Gwyn du vivant de son
père ; il y invitait les hommes les plus puissants du pays et sa mère se
cassait la tête pour leur attribuer des chambres proches de celles de leurs
maîtresses.
    Au début, elle se força à
bavarder, comme si elle se trouvait en présence d’un inconnu, puis ils se
détendirent peu à peu, retrouvant l’intimité qui leur était coutumière, et elle
se mit à dire ce qui lui passait par la tête. Le garçon vint débarrasser et ils
allèrent s’asseoir sur le canapé, où ils continuèrent de deviser en se tenant
par la main. Ils s’interrogèrent sur la vie sexuelle de leurs proches :
leurs parents, Fitz, Robert, Ethel, et même la duchesse. Maud était fascinée
par les hommes comme Robert : où se retrouvaient-ils, comment se
reconnaissaient-ils entre eux, que faisaient-ils ensemble ? Ils s’embrassaient
comme un homme embrasse une femme, lui dit Walter, et se faisaient ce qu’elle
lui avait fait à l’opéra, sans parler d’autres choses… Il prétendait ignorer
les détails précis, mais elle était sûre qu’il en savait plus qu’il ne le
disait.
    Elle fut surprise d’entendre l’horloge
sur la cheminée sonner minuit. « Allons nous coucher, proposa-t-elle. Je
veux dormir dans tes bras, même si les choses ne se passent pas comme elles
devraient.
    — Tu as raison. » Il se
leva. « Cela ne te dérange pas si je sors un instant ? Il y a un
téléphone dans le vestibule à l’intention des clients. J’aimerais téléphoner à
l’ambassade.
    — Bien sûr. »
    Il s’éclipsa. Maud se rendit à la
salle de bains puis retourna dans la chambre. Elle se déshabilla et se glissa
nue entre les draps. Désormais, elle ne se souciait presque plus de ce qui
arriverait. Ils s’aimaient, ils étaient ensemble et, si c’était tout, eh bien,
ils s’en contenteraient.
    Walter revint au bout de quelques
minutes à peine. En voyant son visage grave, elle sut que les nouvelles n’étaient
pas bonnes. « L’Angleterre a déclaré la guerre à l’Allemagne.
    — Oh ! Walter, quel
malheur !
    — L’ambassade a reçu la note
il y a une heure. C’est le jeune Nicolson qui l’a apportée du Foreign Office,
obligeant le Prince Lichnowsky à sortir du lit. »
    Ils savaient l’un comme l’autre
que c’était inéluctable, mais la réalité n’en était pas moins

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