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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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renchérit :
« Préparez-vous à prendre ce nid de mitrailleuse ! À mon ordre ! »
    Bobrov courut à croupetons le
long de la ligne. Grigori l’entendit répéter son ordre un peu plus loin. Tu
gaspilles ta salive, lui lança-t-il mentalement. Si tu crois qu’on a envie de
se suicider.
    Quand le crépitement de la
mitrailleuse se tut, le commandant se redressa de toute sa taille, sans souci
du danger. Il avait perdu son casque et ses cheveux d’argent en faisaient une
cible de choix. « En avant ! hurla-t-il.
    — En avant ! répéta
Gavrik. En avant ! »
    Joignant le geste à la parole,
ils foncèrent tous les deux vers le nid de mitrailleuse en zigzaguant entre les
arbres. Et Grigori se surprit à en faire autant : il courait à travers les
buissons, bondissait au-dessus des chablis, courbant le dos pour être moins
visible et veillant à ne pas lâcher son arme. La mitrailleuse restait muette,
mais les Allemands employaient toutes les autres armes à leur disposition, et
le vacarme produit par le tir de dizaines de fusils était aussi infernal.
Grigori continua à courir comme un dératé. Il vit les servants tenter
désespérément de recharger leur engin, les mains tremblantes, le visage livide de
terreur. Quelques Russes ripostaient ; Grigori n’avait pas leur présence d’esprit
et se contentait de courir. Il était à une certaine distance du nid de
mitrailleuse quand il vit trois Allemands cachés derrière un buisson. Ils
semblaient terriblement jeunes et le fixaient de leurs yeux effarés. Il les
chargea baïonnette au canon, comme une lance médiévale. Il entendit un cri et
se rendit compte qu’il sortait de sa gorge. Les trois jeunes soldats s’enfuirent
à toutes jambes.
    Il voulut les poursuivre, mais il
était affaibli par la faim et ils le distancèrent sans peine. Au bout de cent
mètres, il s’arrêta, épuisé. Tout autour de lui, les Allemands fuyaient,
pourchassés par les Russes. Les servants avaient abandonné leur mitrailleuse.
Grigori se dit qu’il aurait dû tirer lui aussi, mais il n’avait plus la force d’épauler
son fusil.
    Le commandant Bobrov se remit à
les haranguer. « En avant ! Ne les laissez pas filer, tuez-les tous
ou ils reviendront vous tirer dessus un autre jour ! En avant ! »
    Tant bien que mal, Grigori
recommença à courir. Soudain, tout changea. Un vacarme subit éclata sur sa
gauche : détonations, hurlements, jurons. On vit surgir des soldats russes
en pleine débandade. Bobrov, qui s’était rapproché de Grigori, s’exclama :
« Que diable… ? »
    Grigori comprit qu’on les
attaquait sur leur flanc.
    «Tenez bon ! cria Bobrov.
Abritez-vous et ripostez ! »
    Personne ne l’écoutait. Des
soldats paniqués déferlaient autour d’eux et les camarades de Grigori ne
tardèrent pas à suivre le mouvement, virant à droite et filant vers le nord.
    « Soldats, maintenez votre
position ! hurla Bobrov en dégainant son pistolet. Maintenez votre
position, j’ai dit ! » Il visa la masse de fantassins russes qui
couraient autour de lui. « Je n’hésiterai pas à abattre les déserteurs,
vous êtes prévenus ! » On entendit une détonation et une tache rouge
macula ses cheveux argentés. Il tomba. Grigori ne savait pas s’il avait été
abattu par une balle allemande ou russe.
    Il se mit à courir avec les
autres.
    Les tirs venaient de tous les
côtés. Grigori ignorait qui canardait qui. Les Russes s’égaillèrent à travers
bois et, peu à peu, le bruit des combats sembla s’estomper derrière lui. Il
courut jusqu’à être à bout de forces et finit par s’effondrer sur un tapis de
feuilles mortes, paralysé. Il resta là un long moment sans pouvoir bouger. À sa
grande surprise, il s’aperçut qu’il tenait toujours son fusil et se demanda
pourquoi il ne l’avait pas lâché.
    Il parvint à se relever
lourdement. Voilà un moment que son oreille droite lui faisait mal. Il la palpa
et poussa un cri de douleur. Ses doigts étaient tout collants de sang. Il porta
à nouveau une main hésitante à son oreille. Horrifié, il constata qu’elle avait
presque entièrement disparu. Il était blessé et ne s’en était même pas rendu
compte. Une balle lui avait arraché la moitié supérieure du pavillon.
    Il examina son fusil. Le magasin
était vide. Il le rechargea sans trop savoir pourquoi : il semblait
incapable de toucher quiconque. Il mit le cran de sûreté en place.
    Les Russes s’étaient fait prendre
en

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