Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
embuscade, songea-t-il. Les Allemands les avaient laissés avancer pour mieux
les cerner et, ensuite, ils avaient donné l’assaut.
    Que devait-il faire ? Il n’y
avait personne en vue, il ne pouvait pas s’adresser à un officier pour prendre
ses ordres. Mais il ne pouvait pas non plus rester là. Son corps d’armée
battait en retraite, c’était certain. Mieux valait sans doute faire demi-tour.
    S’il restait des forces russes
dans les parages, elles devaient se trouver à l’est.
    Il se plaça dos au soleil
couchant et se mit en marche. Il se déplaçait à travers bois le plus
discrètement possible, ignorant où étaient les Allemands. Il se demanda si la 2 e  armée
tout entière avait été vaincue et était en fuite. Il risquait de mourir de faim
dans cette forêt.
    Au bout d’une heure, il s’arrêta
au bord d’un ruisseau pour se désaltérer. Il envisagea de nettoyer sa blessure
puis décida qu’il valait mieux ne pas y toucher. Ayant bu jusqu’à plus soif, il
s’assit en tailleur dans l’herbe et ferma les yeux. La nuit ne tarderait pas à
tomber. Heureusement, le temps était sec, il pourrait dormir par terre.
    Il commençait à somnoler quand il
entendit du bruit. Levant les yeux, il sursauta en apercevant un officier
allemand à cheval qui s’avançait entre les arbres, à dix mètres de là. Il n’avait
pas remarqué Grigori assis près du ruisseau.
    Silencieusement, Grigori ramassa
son fusil et débloqua le cran de sûreté. Il s’agenouilla, mit en joue et visa
avec soin le dos de l’officier. Il se trouvait à quinze mètres, une distance idéale.
    Au dernier moment, un sixième
sens alerta l’Allemand, qui se retourna sur sa selle.
    Grigori pressa la détente.
    Dans ce coin de forêt paisible,
le bruit fut assourdissant. Le cheval se cabra. L’officier glissa de côté et
tomba, mais l’un de ses pieds resta dans l’étrier. Sa monture le traîna dans
les fourrés sur une centaine de mètres avant de finir par s’arrêter.
    Grigori tendit l’oreille,
craignant que le coup de feu n’ait alerté quelqu’un. Seul le murmure de la
brise du soir dans le feuillage troublait le silence.
    Il se dirigea vers le cheval, son
fusil en joue, pointé sur l’officier, mais cette précaution était superflue. L’homme
gisait immobile, le visage tourné vers le ciel, les yeux grands ouverts, son
casque à pointe près de lui. Il avait des cheveux blonds coupés ras et de
splendides yeux verts. Peut-être était-ce l’éclaireur qu’il avait déjà aperçu :
il n’en était pas sûr. Lev l’aurait su – il aurait reconnu le cheval.
    Grigori fouilla ses sacoches. La
première contenait des cartes et une lunette d’approche. Dans la seconde, il
trouva une saucisse et une miche de pain noir. Grigori était mort de faim. Il
mordit dans la saucisse. Elle était épicée au poivre, à l’ail et aux fines
herbes. Le poivre lui fit monter le rouge aux joues et il transpira. Après
avoir mâché et avalé rapidement, il fourra dans sa bouche un gros morceau de
pain. C’était si bon qu’il en aurait pleuré. Il se redressa et, prenant appui
sur le flanc du cheval, il mangea aussi vite qu’il le pouvait, pendant que l’homme
qu’il avait tué le fixait de ses yeux morts.
    6.
     « Nous estimons les pertes
russes à trente mille hommes, mon général », dit Walter à Ludendorff. Il s’efforçait
de ne pas donner libre cours à son allégresse, mais la victoire allemande était
écrasante et il ne pouvait s’empêcher de sourire.
    Ludendorff, quant à lui,
conservait son sang-froid. « Combien de prisonniers ?
    — Au dernier décompte,
environ quatre-vingt-douze mille, mon général. »
    C’était un chiffre stupéfiant,
pourtant Ludendorff l’encaissa sans broncher. « Des généraux ?
    — Le général Samsonov s’est
tiré une balle dans la tête. Nous avons récupéré son cadavre. Martos, le
commandant du 15 e  corps, a été fait prisonnier. Nous avons pris
cinq cents pièces d’artillerie.
    — En résumé, dit Ludendorff,
levant enfin les yeux de son bureau, la 2 e  armée russe a été
anéantie. Elle n’existe plus. »
    Le sourire de Walter s’élargit
encore. « Oui, mon général. »
    Ludendorff demeura impassible. Il
agita la feuille de papier qu’il était en train de lire. « Ce qui rend
cette dépêche d’autant plus ironique.
    — Mon général ?
    — On nous envoie des
renforts. »
    Walter était stupéfait. « Hein ?
Je vous

Weitere Kostenlose Bücher