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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Grigori.
    — Pourquoi ? interrogea
Isaak.
    — Il vaut mieux marcher que
se battre. On a des ampoules, mais on est vivants. »
    Dans l’après-midi, ils arrivèrent
en vue d’une ville : Allenstein, à en croire le lieutenant Tomtchak. Ils
se mirent en ordre de marche dans ses faubourgs puis entrèrent dans le centre
en formation.
    À leur grande surprise,
Allenstein était remplie de citoyens allemands bien vêtus et vaquant à leurs
occupations comme par un jeudi après-midi ordinaire : ils postaient leur
courrier, achetaient des victuailles et promenaient leurs bébés dans des
landaus. L’unité de Grigori fit halte dans un petit jardin public, où les
hommes s’assirent à l’ombre des frondaisons. Tomtchak entra dans un salon de
coiffure et en ressortit les cheveux courts et les joues rasées de près. Isaak
voulut acheter de la vodka mais constata que l’armée avait posté des
sentinelles devant les marchands de vin pour en interdire l’entrée aux soldats.
    Finalement, ils virent apparaître
un cheval qui traînait un chariot chargé d’un tonneau d’eau fraîche et firent
la queue pour remplir leurs gourdes. À mesure que le soir approchait, d’autres
chariots apparurent avec des miches de pain achetées ou réquisitionnées chez
les boulangers de la ville. Cette nuit-là, ils dormirent sous les arbres.
    Le matin, ils se passèrent de
petit déjeuner. Laissant un bataillon garder la ville, le 13 e corps
sortit d’Allenstein, se dirigeant vers le sud-ouest sur la route de Tannenberg.
    Bien qu’ils n’aient pas encore vu
le feu, Grigori remarqua un changement d’humeur parmi les officiers. Ils
allaient et venaient le long de la colonne et conféraient tout bas. À un
moment, on les entendit élever la voix, un commandant pointant le doigt dans
une direction et un capitaine dans une autre. Grigori entendait toujours des
tirs d’artillerie lourde au nord et au sud, mais ils semblaient se déplacer
vers l’est, alors que le 13 e  corps marchait vers l’ouest. « À
qui sont ces canons ? demanda le sergent Gavrik. À nous ou à eux ? Et
pourquoi est-ce qu’ils vont vers l’est et nous vers l’ouest ?» Il devait
être très inquiet, car il en oubliait de jurer. Lorsqu’ils eurent parcouru
quelques kilomètres, un bataillon fut chargé de protéger leurs arrières, ce qui
surprit Grigori : l’ennemi ne se trouvait-il pas devant eux ? Le 13 e  corps
commençait à s’étirer exagérément, songea-t-il en fronçant les sourcils.
    En milieu de journée, son
bataillon reçut ordre de se détacher de la colonne. Pendant que le gros de la
troupe continuait vers le sud-ouest, ses camarades et lui se dirigèrent vers le
sud-est, empruntant un large sentier qui traversait une forêt.
    C’est là que Grigori vit enfin l’ennemi.
    Les soldats faisaient une pause
au bord d’un ruisseau pour remplir leurs gourdes. Grigori s’isola dans un
bosquet pour satisfaire un besoin naturel. Alors qu’il se tenait derrière un
gros pin, il entendit du bruit sur sa gauche et fut stupéfait de découvrir, à
quelques mètres de lui à peine, un officier allemand en grande tenue, coiffé d’un
casque à pointe et montant un superbe cheval noir. Il inspectait à la lunette d’approche
l’endroit où le bataillon avait fait halte. Grigori se demanda ce qu’il pouvait
bien voir entre les arbres. Peut-être cherchait-il à déterminer s’ils portaient
des uniformes russes ou allemands. Il était aussi immobile qu’un monument sur
une place de Saint-Pétersbourg, mais sa monture, nettement plus nerveuse, ne cessait
de frémir et de renâcler – ce qui avait alerté Grigori.
    Il reboutonna soigneusement son
pantalon, ramassa son fusil et s’éloigna à reculons, veillant à rester derrière
l’arbre qui le cachait.
    Soudain, l’Allemand bougea.
Durant une seconde de terreur, Grigori se crut repéré, mais l’officier fit
habilement faire volte-face à son cheval et partit au trot vers l’ouest.
    Grigori courut rejoindre le
sergent Gavrik. « J’ai vu un Allemand ! s’écria-t-il.
    — Où ça ?
    — Par là, dit-il en pointant
du doigt. J’étais allé pisser.
    — Tu es sûr que c’était un
Allemand ?
    — Il avait un casque à
pointe.
    — Qu’est-ce qu’il faisait ?
    — Il était à cheval, il nous
observait à la lunette.
    — Un éclaireur !
conclut Gavrik. Tu lui as tiré dessus ? »
    Ce ne fut qu’à cet instant que
Grigori se rappela qu’il était censé tuer

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