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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ce sort. « Ça vaudrait
peut-être mieux pour toi, dit-il à Gini avec une feinte bonne humeur. Tu
coucherais avec un gros général prussien qui t’appellerait Liebling.
    — Je ne veux pas d’un
Prussien. » Sa voix n’était plus qu’un murmure. « Je t’aime. »
    Peut-être était-elle sincère,
songea-t-il, ou peut-être ne voyait-elle en lui qu’un moyen de filer d’ici.
Tous ceux qui pouvaient quitter la capitale s’empressaient de le faire, mais ce
n’était pas facile. La plupart des voitures individuelles avaient été
confisquées. Les trains risquaient d’être réquisitionnés à tout moment et leurs
passagers civils débarqués en rase campagne. Pour gagner Bordeaux en taxi, il
fallait débourser mille cinq cents francs, le prix d’une petite maison.
    « Cela n’arrivera peut-être
pas, reprit-il. Les Allemands doivent être épuisés à présent. Cela fait un mois
qu’ils marchent et combattent sans répit. Ils ne tiendront pas
éternellement. »
    Il y croyait à moitié. Les
Français avaient dû battre en retraite, toutefois ils s’étaient bien défendus.
Les soldats étaient à bout, affamés et démoralisés, mais il y avait eu peu de
prisonniers et ils n’avaient perdu qu’une poignée de canons. Le général Joffre,
l’indomptable chef de l’état-major, avait maintenu l’unité des forces alliées
et les avait fait se replier au sud-est de Paris, où elles étaient en train de
se regrouper. En outre, il avait impitoyablement relevé de leurs fonctions les
officiers supérieurs qui avaient failli à leur mission : deux commandants
d’armée, sept commandants de corps d’armée et des dizaines d’autres officiers
avaient été révoqués.
    Les Allemands n’en savaient rien.
Fitz avait lu des messages décodés, qui suggéraient qu’ils débordaient
d’assurance. Le haut commandement allemand était allé jusqu’à retirer des
troupes du front français pour les envoyer en renfort en Prusse-Orientale.
C’était sans doute une grave erreur, pensa Fitz. Les Français n’étaient pas
encore vaincus.
    Pour ce qui était des Anglais, il
en était moins sûr.
    La force expéditionnaire
britannique était ridiculement modeste : cinq divisions et demie, alors
que les Français en avaient envoyé soixante-dix sur le terrain. Les Anglais
s’étaient bien comportés à Mons, et il en était fier ; tout de même, en
l’espace de cinq jours, ils avaient perdu quinze mille hommes sur cent mille et
avaient été obligés de battre en retraite.
    Les chasseurs gallois étaient
intégrés aux forces britanniques, mais Fitz n’était pas avec eux. Il avait
d’abord été déçu d’être affecté à Paris comme agent de liaison : il
brûlait du déSir de se battre aux côtés de son régiment. Il était convaincu
que les généraux ne voyaient en lui qu’un amateur qu’il fallait caser quelque
part où il ne gênerait personne. Mais comme il parlait français et connaissait
Paris, il pouvait difficilement nier être qualifié pour la tâche qu’on lui
avait confiée.
    En fait, sa mission se révéla
plus importante qu’il ne l’avait cru. Les relations entre les généraux français
et anglais étaient dangereusement tendues. La force expéditionnaire britannique
était placée sous le commandement d’un maniaque susceptible du nom de Sir John
French, un patronyme qui prêtait à confusion. Dès le début, il s’était offusqué
de l’indifférence que semblait lui manifester le général Joffre, qui ne prenait
pas la peine de le consulter, et il avait décidé de lui battre froid. Fitz se
dépensait sans compter pour que l’information circule entre les deux
commandements alliés, en dépit d’une atmosphère franchement glaciale.
    Tout cela était pour lui source
de honte et d’embarras, et, en tant que représentant de l’armée britannique, il
était mortifié par le mépris mal déguisé des officiers français. Or la
situation s’était encore aggravée la semaine précédente. Sir John avait
déclaré à Joffre que ses troupes avaient besoin de deux jours de repos. Le
lendemain, il avait parlé de dix jours. Les Français et Fitz en avaient été
scandalisés.
    Il avait protesté auprès du Colonel Hervey,
l’aide de camp flagorneur de Sir John, mais celui-ci s’était indigné et
avait refusé de l’écouter. En désespoir de cause, Fitz avait téléphoné à Lord
Remarc, sous-secrétaire au ministère de la Guerre. Ils s’étaient connus à

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