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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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environ, dont l'essentiel avait été constitué par son
père et son grand-père : Champagne, porto et vins du Rhin dominaient, aux
côtés de quantités moindres de bordeaux et de bourgogne blanc. Fitz n'était pas
grand amateur de vin, mais il aimait la cave, car elle lui rappelait son père.
« Une cave à vin requiert de l'ordre, de la prévoyance et du bon goût,
avait coutume de dire le vieil homme. Ce sont les vertus qui ont fait la
grandeur de notre nation. »
    Fitz servirait au roi ce qu'il
avait de meilleur, évidemment, mais cela exigeait du jugement. Du Champagne
Perrier-Jouët, le plus cher, mais quel millésime ? Le Champagne mûr, de
vingt ou trente ans d'âge, était moins pétillant quoique plus parfumé. En
revanche, les vins plus jeunes avaient un petit côté guilleret absolument
irrésistible. Il sortit au hasard une bouteille d'un casier. Elle était
couverte de poussière et de toiles d'araignée. Il tira un mouchoir de fil blanc
de la poche de poitrine de sa veste pour nettoyer l'étiquette. N'arrivant
toujours pas à lire la date à la lueur de la bougie, il tendit la bouteille à
Peel, qui avait mis des lunettes.
    « Mille huit cent
cinquante-sept, annonça le majordome.
    — Mon Dieu, je m'en
souviens. Le premier millésime que j'aie jamais goûté, et sans doute le plus
grand. » Il prit conscience de la présence de la bonne, qui se penchait
vers lui, les yeux rivés sur cette bouteille bien plus vieille qu'elle. Il
releva avec consternation que sa proximité lui coupait légèrement le souffle.
    « Je crains que le
cinquante-sept ne soit déjà un peu passé, remarqua Peel. Puis-je me permettre
de suggérer à monsieur le Comte le mille huit cent
quatre-vingt-douze ? »
    Fitz regarda une autre bouteille,
hésita, et prit une décision. « Je n'arrive pas à lire avec cette lumière,
dit-il. Allez donc me chercher une loupe, Peel. »
    Peel monta l'escalier de pierre.
    Fitz regarda Williams. Il allait
faire une bêtise, mais ne pouvait résister. « Vous êtes une très jolie
fille, savez-vous?
    — Merci, monsieur le
comte. »
    Des boucles brunes s'échappaient
de sa coiffe de bonne. Il lui effleura les cheveux. Il savait qu'il le
regretterait. « Avez-vous déjà entendu parler du droit du
seigneur  » Il remarqua que sa voix était rauque.
    « Je suis galloise, pas
française », dit-elle en relevant hardiment le menton, un geste qui,
songea-t-il, la dépeignait tout entière.
    Sa main glissa jusqu'à la base de
la nuque de la jeune fille et il la fixa, droit dans les yeux. Elle lui rendit
son regard sans ciller. Son assurance signifiait-elle qu'elle souhaitait qu'il
aille plus loin – ou qu'elle était prête à faire une scène
humiliante ?
    Il entendit des pas lourds dans
l'escalier de la cave. Peel revenait. Fitz s'écarta d'un pas.
    Il fut surpris de l'entendre pouffer.
« Vous avez l'air si gêné ! chuchota-t-elle. On dirait un
écolier. »
    Peel apparut à la lueur de la
bougie, portant un plateau d'argent sur lequel était posée une loupe à manche
d'ivoire.
    Fitz essaya de calmer sa
respiration. Il saisit la loupe et reprit l'examen des bouteilles de vin,
veillant à ne pas croiser le regard de Williams.
    Fichtre, songea-t-il, quelle fille
extraordinaire !
    2.
    Ethel Williams débordait
d'énergie. Rien ne la démontait, elle était capable de régler tous les
problèmes, de faire face à tous les imprévus. Quand elle se regardait dans la
glace, elle se trouvait le teint radieux, les yeux étincelants. À la sortie du
temple, dimanche, son père lui avait fait un commentaire à ce sujet, avec son
humour sarcastique habituel : « Tu es bien gaie, avait-il dit. Tu as
hérité ou quoi ? »
    Elle ne pouvait s'empêcher de
courir au lieu de marcher posément dans les interminables couloirs de Ty Gwyn.
Tous les jours, elle noircissait de nouvelles pages de son carnet de listes
d'emplettes, de tableaux de répartition des tâches entre les domestiques,
d'horaires auxquels dresser le couvert et desservir et de calculs du nombre de
taies d'oreiller, de vases, de serviettes de table, de bougies, de cuillers…
    C'était la chance de sa vie.
Malgré sa jeunesse, elle remplaçait l'intendante, et ce au moment d'une visite
royale. Mrs Jevons ne manifestait aucun signe de rétablissement, si bien
que tous les préparatifs du séjour du roi et de la reine à Ty Gwyn incombaient
à Ethel. Elle n'avait jamais douté de ses qualités, sans pouvoir en

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