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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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devina qu’elle avait senti
qu’il cherchait à s’éclipser. Il voulait en effet jouir d’une heure de
tranquillité pour réfléchir au message de Gus. Toutefois, il avait manqué de
courtoisie à l’égard de sa mère qu’il aimait tendrement. Désireux de faire
amende honorable, il lui avança une chaise. « Avec plaisir, mère. Je
pensais que vouliez vous reposer un peu. Mais je serai enchanter de bavarder
avec vous. » Il prit place en face d’elle. «La réception était très
réussie. Merci infiniment de l’avoir organisée. »
    Elle hocha la tête avec
reconnaissance. « Ton cousin Robert est porté disparu, dit-elle sans
préambule. Pendant l’offensive Broussilov.
    — Je sais. Il est peut-être
prisonnier des Russes.
    — Ou mort. Et ton père a
soixante ans. Le titre pourrait te revenir bientôt. »
    Cette perspective n’enchantait pas
particulièrement Walter. Les titres nobiliaires avaient de moins en moins
d’importance. Peut-être tirerait-il quelque fierté d’être comte, mais il
n’était pas exclu que ce soit un handicap dans le monde de l’après-guerre.
    De toute façon, la question n’était
pas là. « La mort de Robert n’a pas été confirmée.
    — Bien sûr. Mais tu dois te
préparer.
    — Comment cela ?
    — Tu devrais te marier.
    — Oh ! » s’étonna
Walter. Il aurait pourtant dû s’y attendre.
    « Il te faut un héritier
pour que le titre ne s’éteigne pas à ta mort. Et tu peux mourir bientôt, malgré
toutes mes prières… » Sa voix s’étrangla et elle ferma les yeux, le temps
de se ressaisir. «… malgré mes prières quotidiennes pour que le ciel te
protège. Il vaudrait mieux que tu aies un fils au plus tôt. »
    Elle craignait autant de le
perdre qu’il redoutait lui-même de la perdre. Il la regarda avec tendresse.
Elle était blonde et jolie comme Greta. Peut-être avait-elle eu jadis la même
vivacité. En cet instant, l’excitation de la fête et les coupes de Champagne
lui avaient redonné quelques couleurs. Elle avait les yeux brillants.
Cependant, le simple fait de monter l’escalier l’essoufflait à présent. Elle
avait besoin de repos, d’une nourriture saine et abondante et de tranquillité
d’esprit. Toutes choses dont hélas, la guerre la privait. Les soldats n’étaient
pas les seuls à mourir, songea Walter avec amertume.
    «Je t’en prie, pense à
Monika », insista sa mère.
    Il avait tellement envie de lui
parler de Maud. « Monika est une jeune fille charmante, mère, mais je ne
suis pas amoureux d’elle. Je la connais à peine.
    — Le temps presse. En temps
de guerre, on peut négliger les convenances. Revois-la. Tu restes encore dix
jours avec nous. Rencontre-la quotidiennement, tu pourras la demander en
mariage juste avant de repartir.
    — Que faites-vous de ses
sentiments ? Elle n’a peut-être pas du tout envie de m’épouser.
    — Elle t’aime, répondit sa
mère en détournant le regard. Et elle fera ce que ses parents lui
diront. »
    Walter ne sut s’il devait
s’amuser de sa réplique ou s’en offusquer. « Vous avez tout manigancé
entre mères, n’est-ce pas ?
    — Nous vivons des temps
effroyables. Tu pourrais te marier dans trois mois. Ton père veillera à ce que
l’on t’accorde une permission extraordinaire pour ton mariage et ta lune de
miel.
    — Il a dit cela ?» En
temps normal, Otto était farouchement opposé à l’idée d’accorder des privilèges
exceptionnels aux militaires.
    « Il comprend que le titre
ne doit pas s’éteindre. »
    Elle avait donc réussi à
embobiner son père. Combien de temps lui avait-il fallu pour arriver à ses
fins ? Le vieux Comte n’était pas homme à céder facilement.
    Walter était au supplice. La
situation était inextricable : marié à Maud, il ne pouvait épouser Monika
ni même feindre de s’y intéresser. Il ne pouvait pas non plus révéler ses
raisons. « Mère, je regrette de vous décevoir, mais je ne demanderai pas
la main de Monika von der Helbard.
    — Mais pourquoi ?»
s’écria-t-elle.
    Il était de plus en plus mal à l’aise.
« Tout ce que je peux dire, c’est que j’aurais souhaité de tout cœur
pouvoir vous faire plaisir. »
    Elle lui jeta un regard dur. « Ton
cousin Robert ne s’est jamais marié. Dans la famille, personne ne s’en est
étonné. J’espère qu’il ne s’agit pas d’un problème de même nature… »
    Cette allusion à l’homosexualité
de son cousin ne fit que

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