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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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plus
chauffeur, vous vous en doutez bien. Je crois qu’il dirige une des boîtes de
nuit de Vialov. »
    Ils bavardèrent ainsi pendant une
heure, puis Gus la raccompagna au rez-de-chaussée et appela un taxi pour la
reconduire chez elle.
    Le lendemain matin, de bonne
heure, il apprit par câble les résultats du vote californien : Wilson
avait remporté les élections par trois mille sept cent soixante-dix-sept voix.
Il était réélu président.
    Gus était ravi. Quatre années de
plus pour tenter de réaliser les objectifs qu’ils s’étaient fixés. En quatre
ans, ils pouvaient changer le monde !
    Il avait toujours les yeux fixés
sur le télégramme lorsque le téléphone sonna.
    Il décrocha et entendit la
standardiste lui dire : « Un appel de Shadow Lane, monsieur Dewar. Le
président veut vous parler.
    — Merci. »
    Une seconde plus tard, la voix
familière de Wilson résonnait à son oreille. « Bonjour, Gus.
    — Félicitations, monsieur le
président.
    — Merci. Faites votre valise.
Je veux que vous alliez à Berlin. »
    3.
    Quand Walter von Ulrich eut une
permission, sa mère organisa une réception.
    À Berlin, la vie mondaine était
désormais presque inexistante.
    Il était très difficile de
trouver de quoi manger, même pour une femme riche au mari influent. Susanne von
Ulrich n’était pas au sommet de sa forme : elle était amaigrie et
toussait, mais elle tenait malgré tout à donner une petite fête en l’honneur de
son fils.
    La cave d’Otto contenait quantité
de grands crus achetés avant la guerre. Susanne décida que cette réunion
amicale aurait lieu l’après-midi, ce qui lui éviterait de servir un vrai dîner.
Elle préparerait des canapés au poisson fumé et au fromage sur du pain grillé
découpé en triangles et ferait couler le Champagne à flots pour compenser la
modestie du buffet.
    Walter lui était reconnaissant
d’avoir eu cette pensée, mais il n’avait pas très envie de tout ce tralala.
Pour les deux seules semaines qu’il avait à passer loin du champ de bataille,
il souhaitait surtout un lit moelleux, des vêtements secs et la possibilité de
traîner toute la journée dans l’élégant salon de l’hôtel particulier de ses
parents, à regarder par la fenêtre, penser à Maud et s’asseoir au piano, un
Steinway de concert, pour jouer le lied de Schubert, Fr ü hlingsglaube  : «Dorénavant, tout,
tout doit changer. »
    Avec quelle désinvolture Maud et
lui avaient-ils cru, en août 1914, qu’ils seraient réunis pour la Noël !
Cela faisait maintenant plus de deux ans qu’il n’avait pas vu le beau visage de
sa femme. Et il s’en écoulerait certainement deux de plus avant que l’Allemagne
ne gagne la guerre. Walter plaçait tous ses espoirs dans l’effondrement de la
Russie, qui permettrait aux Allemands de concentrer leurs forces sur le front
occidental, pour un assaut final.
    Après tout ce temps, Walter avait
parfois du mal à se remémorer les traits de Maud sans regarder la photo de
presse jaunie qu’il portait sur lui : « Lady Maud Fitzherbert,
comme toujours à la pointe de la mode ». Il ne pouvait imaginer une
réception sans elle. Tout en se préparant, il regretta que sa mère se soit
donné autant de peine.
    La maison avait l’air mal tenue.
Il n’y avait plus assez de personnel pour entretenir impeccablement une demeure
aussi vaste. Les hommes étaient à l’armée, les femmes conduisaient les tramways
ou portaient le courrier. Il ne restait que les serviteurs les plus âgés, qui
faisaient de leur mieux pour donner satisfaction à sa mère. De plus, les pièces
étaient glacées. Le charbon étant rationné, il était impossible de faire
fonctionner le chauffage central avec la quantité allouée ; sa mère avait
donc fait installer des poêles dans l’entrée, la salle à manger et le salon,
mais ils ne suffisaient pas à lutter contre le froid d’un mois de novembre
berlinois.
    Cependant, lorsque les salles
commencèrent à se remplir de jeunes gens et de jeunes filles et qu’un petit
orchestre se mit à jouer dans le vestibule, la morosité de Walter se dissipa.
Sa jeune sœur, Greta, avait invité tous ses amis. Il comprit alors combien la
vie mondaine lui manquait. Il aimait admirer les jeunes filles en jolies toilettes,
les messieurs tirés à quatre épingles. Il adorait plaisanter, badiner, causer.
Il avait pris plaiSir à son existence de diplomate – c’était une vie
qui lui convenait. Il savait

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