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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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être lue par des policiers indiscrets ; il devait
s’assurer que ni Maud ni lui ne pourraient être identifiés.
    Je suis comme ce million
d’hommes séparés aujourd’hui de la femme qu’ils aiment, et le vent du nord
glace nos âmes.
    Cette lettre devait ressembler à
celle de n’importe quel soldat arraché à sa famille par la guerre.
    Le monde doit te paraître aussi
froid et morne qu’il l’est pour moi. Le plus dur à supporter, c’est d’être loin
de toi.
    Il aurait voulu pouvoir lui
parler de ses activités dans le renseignement militaire, de sa mère qui voulait
lui faire épouser Monika, de la disette qui régnait à Berlin, et même du livre
qu’il lisait, une saga familiale intitulée Les Buddenbrook, mais il
craignait qu’un simple détail ne puisse les mettre en danger, elle ou lui.
    Je ne peux pas te raconter
grand-chose, mais je veux que tu saches que je te suis fidèle…
    Il s’interrompit, se rappelant
avec honte l’envie qu’il avait eue d’embrasser Monika. Mais il n’avait pas
succombé.
    … ainsi qu’aux vœux sacrés que
nous avons prononcés lors de notre dernière rencontre.
    Impossible d’évoquer leur mariage
avec plus de précision. Il fallait éviter que chez elle aussi quelqu’un
n’apprenne la vérité en lisant ces mots.
    Je pense chaque jour à
l’instant où nous nous retrouverons et où nous nous dirons, en nous regardant
dans les yeux « Bonjour, mon amour. »
    En attendant, ne m’oublie pas.
    Il ne signa pas.
    Il mit cette lettre dans une
enveloppe et la glissa dans la poche intérieure de son veston.
    Les échanges postaux étaient
interrompus entre l’Allemagne et l’Angleterre.
    Il quitta sa chambre et descendit
dans le vestibule. S’étant coiffé d’un chapeau, il enfila un épais pardessus à
col de fourrure et sortit dans les rues glacées de Berlin.
    Il avait rendez-vous avec Gus
Dewar au bar de l’Adlon. L’hôtel s’efforçait de conserver un semblant de son
ancienne splendeur, les serveurs officiaient en tenue de soirée et un quatuor à
cordes assurait un fond sonore. Mais on n’y trouvait plus aucun alcool étranger
– ni scotch, ni cognac, ni gin. Ils commandèrent donc du schnaps.
    « Alors ? demanda Gus
avec impatience. Comment a été reçu mon message ? »
    Walter était plein d’espoir, mais
il savait que la situation n’incitait guère à l’optimisme ; il préféra
donc tempérer son enthousiasme. Les nouvelles qu’il avait à transmettre à Gus
étaient positives, sans plus. « Le kaiser adressera une note à votre
président.
    — Parfait ! Que
compte-t-il lui dire ?
    — Je n’ai vu qu’un
brouillon. Je crains que le ton ne soit pas des plus conciliants.
    — Autrement
dit ? »
    Walter ferma les yeux pour se
remémorer les termes exacts de la missive. «  “  Depuis
deux ans et demi, la guerre la plus redoutable de tous les temps fait rage.
Dans ce conflit, l’Allemagne et ses alliés ont prouvé leur force
indestructible. Nos lignes résistent sans fléchir à des assauts incessants. Les
événements récents montrent que la poursuite de la guerre ne parviendra pas à
briser notre résistance…  ”  Ça continue dans la même veine.
    — Pas des plus conciliants,
en effet, je vois ce que vous voulez dire.
    — Il finit quand même par
aborder le nœud de la question, reprit Walter en essayant de se souvenir de la
suite. “  Conscients de notre supériorité militaire et économique,
prêts, s’il le faut, à poursuivre jusqu’au bout un combat qui nous a été
imposé, nous sommes cependant animés du déSir de mettre un terme à
l’effusion de sang et aux horreurs de cette guerre…  ”  Attention, voici le passage important : “  Nous proposons donc dès à présent d’engager des négociations
de paix. ”
    — Excellent ! s’écria
Gus au comble de la joie. Il accepte !
    — Moins fort, s’il vous
plaît ! » coupa Walter en promenant un regard inquiet autour de lui.
Mais apparemment, personne ne leur prêtait attention. La musique du quatuor
couvrait leur conversation.
    « Excusez-moi, dit Gus.
    — Vous avez tout de même
raison, approuva Walter avec un sourire qui laissait transparaître un peu d’optimisme.
Le ton est arrogant, belliqueux et méprisant, mais l’empereur propose bel et
bien des négociations de paix.
    — Je ne peux pas vous dire à
quel point je vous suis reconnaissant. »
    Walter l’arrêta d’un geste de la
main. « Je vais vous

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