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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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l’embarrasser davantage. « Mère, je vous en
prie ! Je sais ce que vous pensez de Robert ; soyez rassurée, je ne
suis pas comme lui. »
    Elle détourna les yeux. « Pardonne-moi
d’avoir abordé le sujet. Mais qu’y a-t-il alors ? Tu as trente ans !
    — Il est difficile de
trouver la jeune fille idéale.
    — Moins que tu ne crois.
    — C’est que je cherche
quelqu’un qui soit exactement comme vous.
    — Cesse de me
taquiner ! » répondit-elle, fâchée.
    Une voix d’homme résonna de
l’autre côté de la porte. Un instant plus tard, Otto faisait son entrée en se
frottant les mains pour les réchauffer. Il était en uniforme. « Il va
neiger », annonça-t-il. Il embrassa son épouse et adressa un salut de la
tête à Walter. « La réception a été une réussite, je suppose ? Je
n’ai pas pu me dégager, les réunions se sont succédé sans interruption tout
l’après-midi.
    — C’était magnifique, dit
Walter. Mère avait préparé les meilleurs canapés du monde à partir de rien du
tout, et le Perrier-Jouët était excellent.
    — Quel cru ?
    — Mille huit cent
quatre-vingt-dix-neuf.
    — Tu aurais dû prendre le
quatre-vingt-douze.
    — Il n’en reste plus
beaucoup.
    — Ah.
    — J’ai eu une conversation
intéressante avec Gus Dewar.
    — Je me souviens de lui
– c’est cet Américain dont le père est proche du président Wilson.
    — Son fils l’est encore plus
maintenant. Il travaille à la Maison-Blanche.
    — Qu’est-ce qu’il
raconte ?»
    Susanne von Ulrich quitta son
siège. « Je vous laisse discuter entre hommes. »
    Ils se levèrent. Elle s’arrêta
sur le seuil :
    « Walter chéri, réfléchis à
ce que je t’ai dit. »
    Quelques instants plus tard, le
maître d’hôtel entra, portant un plateau sur lequel était posé un verre bien
rempli d’un cognac brun doré. Otto s’en empara. « Tu en veux un ?
demanda-t-il à Walter.
    — Non, merci. J’ai bu assez
de Champagne ! »
    Otto descendit son verre d’un
trait et étendit les jambes vers le feu. « Alors comme cela, le jeune Gus
Dewar a fait une apparition. Porteur d’un message ?
    — Des plus confidentiels.
    — Je n’en doute pas. »
    Walter n’avait pas une immense
affection pour son père. Leurs désaccords étaient trop passionnés et Otto trop
intransigeant. Il était borné, vieux jeu et sourd à toute raison. De plus, il
persistait dans ses défauts avec une obstination allègre que son fils avait du
mal à supporter. Sa sottise, et celle des hommes de sa génération dans tous les
pays d’Europe, avait eu pour conséquence le massacre de la Somme, chose
impardonnable aux yeux de Walter.
    Ce fut néanmoins avec une
amabilité enjouée et d’une voie douce qu’il s’adressa à son père. Il souhaitait
que leur conversation soit aussi agréable et raisonnable que possible.
« Le président américain ne veut pas être entraîné dans la guerre,
commença-t-il.
    — Parfait !
    — En fait, il voudrait que
nous fassions la paix.
    — Mais voyons ! ironisa
le comte. Un moyen bon marché de nous acculer à la défaite ! Quelle
arrogance ! »
    Ce mépris immédiat consterna
Walter. Il insista pourtant, choisissant ses mots avec soin. « Nos ennemis
prétendent que c’est l’Allemagne qui a provoqué la guerre par son agressivité
et son militarisme, ce qui n’est pas le cas, évidemment.
    — Bien sûr que non !
lança Otto. Nous étions menacés à l’est par les Russes qui avaient mobilisé et
à l’ouest par les Français qui en avaient fait autant. Le plan Schlieffen était
notre seule solution. » Fidèle à son habitude, Otto parlait à Walter comme
s’il avait toujours douze ans.
    « Exactement, répondit
patiemment celui-ci. Je me rappelle fort bien ce que vous disiez : que
c’était une guerre défensive, répondant à une menace intolérable. Que nous
devions nous protéger. »
    Si Otto s’étonna d’entendre
Walter répéter ces phrases si souvent utilisées pour justifier la guerre, il
n’en montra rien. « C’est exact, admit-il.
    — Et nous l’avons fait, dit
Walter, abattant son atout. Nous avons atteint nos objectifs.
    — Que veux-tu dire ?
demanda Otto surpris.
    — Nous avons repoussé la
menace. L’armée russe est détruite ; le régime tsariste est au bord de
l’effondrement. Nous avons conquis la Belgique, envahi la France et
définitivement stoppé l’avance des Français et de leurs alliés

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