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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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choiSir un nouveau Premier ministre. »
    Maud croisa le regard de Gus.
Elle savait qu’une même pensée muette les agitait : tant qu’Asquith était
à Downing Street, l’initiative de paix avait une chance d’aboutir ; si ce
va-t-en-guerre de Lloyd George imposait sa volonté, tout serait différent.
    Le gong résonna dans le
vestibule, indiquant aux invités qu’il était temps de se changer pour le dîner.
Le petit groupe se dispersa et Maud se rendit dans sa chambre.
    Ses vêtements avaient déjà été
préparés. Sa robe était l’une de celles qu’elle avait rapportées de Paris pour
la saison londonienne de 1914. Elle avait acheté peu de toilettes depuis. Elle
se déshabilla et enfila un négligé en soie. Elle ne sonnerait pas sa femme de
chambre tout de suite, elle avait envie de rester seule quelques instants. Elle
s’assit devant sa coiffeuse et se regarda dans le miroir. Elle avait vingt-six
ans, et cela se voyait. Elle n’avait jamais été jolie, mais on l’avait dite
séduisante. Les privations avaient effacé le peu de douceur juvénile qui lui
restait et accentué le côté anguleux de ses traits. Que penserait Walter en la
revoyant – s’ils se revoyaient ? Elle posa les mains sur ses seins.
Ils étaient encore fermes, Dieu merci. Il en serait heureux. Il lui suffit de
penser à lui pour sentir ses tétons durcir. Elle se demanda si elle avait le
temps de…
    On frappa à la porte. Elle baissa
les mains, un peu honteuse. « Qui est-ce ? » demanda-t-elle.
    La porte s’ouvrit sur Gus Dewar.
    Maud se leva. Serrant étroitement
sur elle sa robe d’intérieur, elle lança de sa voix la plus revêche :
« Monsieur Dewar, je vous prie de sortir immédiatement !
    — Ne vous inquiétez pas. Il
faut que je vous voie en privé.
    — J’imagine mal quelle
raison pourrait…
    — J’ai rencontré Walter à
Berlin. »
    Maud se tut, tout émue. Elle
avait les yeux rivés sur Gus. Comment pouvait-il être au courant ?
    « Il m’a remis une lettre
pour vous. » Il sortit une enveloppe de la poche intérieure de sa veste en
tweed.
    Maud la prit d’une main
tremblante.
    « Il m’a dit qu’il n’avait
pas mentionné votre nom ni le sien, poursuivit Gus, de crainte que la lettre ne
soit lue à la frontière, mais mes bagages n’ont pas été fouillés. »
    Maud tenait l’enveloppe d’une
main hésitante. Elle avait tant espéré avoir des nouvelles de Walter ;
maintenant, elle redoutait le pire. Peut-être avait-il une maîtresse, et la
suppliait-il de le comprendre ? Peut-être avait-il épousé une Allemande,
et lui demandait-il de garder à jamais le secret sur leur mariage
antérieur ? Pire encore, peut-être avait-il engagé une procédure de
divorce ?
    Elle décacheta l’enveloppe.
    Elle lut :
     
    Ma chérie adorée,
    C’est l’hiver en Allemagne et
dans mon cœur. Comment te dire à quel point je t’aime et combien tu me
manques ?…
     
    Ses yeux se remplirent de larmes.
« Oh ! s’écria-t-elle, Monsieur Dewar, merci de me l’avoir
apportée ! »
    Il fit un pas hésitant vers elle.
« Là, là », dit-il. Il lui tapota le bras.
    Elle essaya de lire le reste,
mais les larmes lui brouillaient la vue. « Je suis tellement
heureuse. »
    Elle laissa tomber sa tête sur
l’épaule de Gus ; il referma ses bras autour d’elle. « Ça va
aller », chuchota-t-il.
    Submergée d’émotion, Maud se mit
à sangloter.
     

XXI.
Décembre 1916
    1.
    Fitz avait été transféré à
l’Amirauté, à Whitehall, ce qui était loin de lui plaire. Il ne songeait qu’à une
chose : retourner en France auprès des chasseurs gallois. Autant il
haïssait la crasse et l’inconfort des tranchées, autant il se sentait mal à
l’aise à Londres, en sécurité, quand tant d’autres risquaient leur vie sur les
champs de bataille. L’idée d’être pris pour un lâche lui était insupportable.
Mais sa jambe n’étant pas encore assez solide, à en croire les médecins,
l’armée refusait de le renvoyer au front.
    Comme Fitz parlait allemand,
Smith-Cumming du Secret Service Bureau – l’homme qui se faisait appeler C. –
l’avait recommandé à ses collègues de la marine, et il avait été affecté
temporairement au bureau 40. Il n’avait pas la moindre envie d’exercer un
emploi de bureau, mais il avait découvert que ce travail était d’une extrême
importance pour l’effort de guerre.
    Dès le premier jour du conflit,
le CS Alert, un

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