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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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parler franchement. Dans l’entourage du kaiser, des
hommes puissants et farouchement hostiles à la paix ont appuyé cette
proposition par pur cynisme, dans le seul but de faire bonne figure aux yeux de
votre président, et parce qu’ils sont sûrs que les Alliés rejetteront cette
proposition.
    — Espérons qu’ils se
trompent !
    — Le ciel vous
entende !
    — Quand la lettre
partira-t-elle ?
    — Ils discutent encore de la
formulation définitive. Quand tout le monde sera d’accord, elle sera remise à
l’ambassadeur des États-Unis, ici à Berlin, et on demandera de la transmettre
aux gouvernements alliés. » Ce petit jeu de furet diplomatique était
indispensable, toute relation officielle ayant été rompue entre les
gouvernements ennemis.
    « Je ferais bien d’aller à
Londres, dit Gus. Je pourrais peut-être préparer le terrain.
    — Je m’attendais à cette
réaction. J’ai une requête à vous faire.
    — Tout ce que vous voudrez,
après l’aide que vous m’avez apportée !
    — C’est d’ordre strictement
personnel.
    — Pas de problème.
    — Cela m’oblige à vous
confier un secret. »
    Gus sourit. « Vous
m’intriguez !
    — Je voudrais vous charger
d’une lettre pour Lady Maud Fitzherbert.
    — Ah », fit Gus d’un
air pensif. Il ne pouvait y avoir qu’une raison pour que Walter écrive à Maud
en secret. « Je comprends que la discrétion soit de mise. C’est entendu.
    — Si on fouille vos bagages
au moment de votre départ d’Allemagne ou de votre arrivée en Angleterre, vous
devrez dire que c’est la lettre d’amour d’un Américain en poste en Allemagne à
sa fiancée qui vit à Londres. Aucun nom et aucune adresse n’y figurent.
    — Bien.
    — Merci, s’écria Walter avec
émotion. Je ne saurais vous dire ce que cela représente pour moi. »
    5.
    Une partie de chasse devait avoir
lieu à Ty Gwyn le samedi 2 décembre. Le Comte Fitzherbert et la Princesse Bea
ayant été retenus à Londres, Bing Westhampton, l’ami de Fitz, et Lady Maud
accueillaient les invités à leur place.
    Avant la guerre, Maud appréciait
beaucoup ce genre de mondanités. Les femmes ne tiraient pas, évidemment, mais
elle aimait voir la maison pleine ; pour le déjeuner, on organisait un
pique-nique pour lequel les dames rejoignaient les messieurs ; on faisait
de grandes flambées et, le soir, tout le monde se retrouvait autour d’un
plantureux dîner. Ce jour-là cependant, l’image de tous ces soldats qui
souffraient dans les tranchées lui gâchait son plaisir. Elle tenta, sans
succès, de se convaincre qu’on ne pouvait pas passer sa vie à ressasser son
malheur, même en temps de guerre. Ayant plaqué sur son visage son plus large
sourire, elle encouragea chacun à manger et à boire à satiété. Mais le
claquement des fusils de chasse ne faisait que lui rappeler les champs de
bataille. Elle ne toucha pas à son assiette, ne goûta aucun des superbes vins
de Fitz.
    Elle ne supportait pas l’oisiveté
ces derniers temps, parce Walter occupait alors toutes ses pensées. Était-il
vivant ou mort ? La bataille de la Somme s’était achevée, enfin. À en
croire Fitz, les Allemands avaient perdu un demi-million d’hommes. Walter
faisait-il partie des victimes ? Gisait-il dans quelque hôpital,
affreusement mutilé ?
    Ou peut-être célébrait-il la
victoire ? Les journaux ne pouvaient pas entièrement dissimuler que cette
offensive, la plus importante de l’année 1916, n’avait fait gagner à l’armée
britannique que onze malheureux kilomètres de terrain. Les Allemands avaient
tout lieu de se féliciter. Fitz lui-même reconnaissait, tout bas et en privé,
que la Grande-Bretagne n’avait plus qu’un espoir : que les Américains
entrent en guerre. Walter se prélassait-il dans un bordel de Berlin, une
bouteille de schnaps dans une main, caressant de l’autre une jolie Fräulein blonde ? Je préférerais encore qu’il soit blessé, se dit-elle, et cette
idée lui fit honte aussitôt.
    Gus Dewar avait été invité à Ty
Gwyn ; à l’heure du thé, il partit à la recherche de Maud. Les hommes
portaient tous des culottes de golf bouffantes, un pantalon de tweed boutonné
juste en dessous du genou. L’immense Américain était particulièrement ridicule
dans cette tenue. Tenant périlleusement une tasse de thé, il traversa le petit
salon bondé jusqu’à l’endroit où Maud était assise.
    Elle réprima un soupir. Quand un
célibataire

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