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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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aurions pu faire autrement sur la
Somme, des choses qui auraient changé radicalement l’issue des
combats ? »
    Fitz réfléchit un moment. C’était
une sacrément bonne question.
    Leckwith ajouta : « Aurions-nous
dû avoir plus d’hommes sur le terrain et plus de munitions, comme le prétendent
les généraux, ou bien aurions-nous dû recourir à une tactique moins rigide et
disposer d’un meilleur système de communications, comme le soutiennent les politiques ?
    — Tout cela nous aurait été
d’un grand secours, évidemment, répondit Fitz pensivement, mais pour être
franc, cela n’aurait pas suffi à nous assurer la victoire. Cette offensive
était vouée à l’échec dès le départ. Or cela, nous ne pouvions pas le savoir à
l’avance. Il fallait tenter le coup. »
    Leckwith hocha la tête, cette
réponse semblait confirmer son opinion. « J’apprécie votre
honnêteté. » À la façon dont il le dit, on aurait pu croire que Fitz
venait de confesser une faute personnelle.
    Ils quittèrent la chapelle. Fitz
fit monter tante Herm et Maud dans la voiture avant d’y prendre place
lui-même, et le chauffeur démarra.
    Il avait le souffle court.
L’émotion avait été vive. Trois ans plus tôt, Ethel comptait encore les taies
d’oreiller à Ty Gwyn. Aujourd’hui, elle dirigeait un journal. Une publication
de faible tirage, certes, mais que plusieurs ministres, et non des moindres, ne
considéraient pas moins comme une épine dans le pied du gouvernement.
    Quelles étaient ses relations
avec ce Bernie Leckwith si intelligent ? « Tu connais ce
Leckwith ? demanda-t-il à Maud.
    — C’est un homme politique
influent sur le plan local. Il est aussi bibliothécaire.
    — Est-ce le mari de
Williams ? »
    Maud éclata de rire. « Non,
bien que tout le monde pense qu’il devrait l’être. C’est un homme brillant qui
partage ses idéaux et qui adore son fils. Je me demande pourquoi Ethel ne l’a
pas épousé, depuis le temps.
    — Peut-être ne fait-il pas
battre son cœur. »
    En voyant la surprise de sa sœur,
Fitz se rendit compte qu’il avait été d’une franchise périlleuse. Il s’empressa
d’ajouter : « Les filles de ce genre veulent du romanesque, n’est-ce
pas ? Elle épousera un héros de guerre, pas un bibliothécaire.
    — Ethel n’est pas une
« fille de ce genre », ni d’aucun autre d’ailleurs ! répliqua
Maud d’un ton presque glacial. Elle est exceptionnelle, voilà tout. Des femmes
comme elle, on n’en rencontre pas deux dans sa vie. »
    Fitz détourna les yeux. Il savait
que c’était vrai.
    Il se demanda comment était son
enfant. C’était sans doute l’un des bambins crasseux qui jouaient par terre
dans le local de la chapelle. Oui, il avait probablement vu son propre fils cet
après-midi-là sans même le savoir. Étrangement, il en eut les larmes aux yeux.
    Comme la voiture traversait
Trafalgar Square, il ordonna au chauffeur de s’arrêter. « Il faut que je
passe au bureau », expliqua-t-il à Maud.
    Il pénétra dans l’Old Admiralty
Building d’une démarche claudicante et gravit l’escalier. Son bureau se
trouvait dans la section diplomatique, qui abritait le bureau 40.
L’enseigne de vaisseau Carver, un spécialiste de latin et de grec qui s’était
arraché aux bancs de Cambridge pour aider à décrypter les signaux allemands,
lui annonça qu’ils n’avaient pas intercepté grand-chose dans l’après-midi,
comme à l’habitude, et qu’il n’y avait rien à faire pour lui. En revanche, lui
apprit-il, l’agitation grandissait sur le front politique. « Vous savez la
nouvelle ? Le roi a convoqué Lloyd George . »
    2.
    Le lendemain, Ethel passa sa
matinée à se dire qu’elle n’irait pas rejoindre Fitz. Comment osait-il lui
faire une telle proposition ? En deux ans, il ne lui avait pas fait signe
une fois et quand, enfin, ils se rencontraient, il ne lui posait pas une seule
question sur Lloyd – son propre fils ! Il était bien toujours le même :
trompeur, égoïste, sans considération pour autrui.
    Pourtant, cette entrevue l’avait
plongée dans un tourbillon d’émotions. Le regard intense des yeux verts de
Fitz, les questions qu’il lui avait posées sur sa vie lui avaient donné
l’impression – contre toute évidence – qu’elle comptait pour lui.
Fitz n’était plus l’homme idéal, le demi-dieu qu’il était jadis : son beau
visage était défiguré par cet œil à demi clos et

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