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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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il s’appuyait lourdement sur
sa canne. Mais cette faiblesse ne faisait que lui donner envie de veiller sur
lui. Elle se traita d’idiote, il avait l’argent nécessaire pour se payer les
meilleurs soins du monde. Non, elle n’irait pas au rendez-vous.
    À midi douze, elle quittait le
bureau de La Femme du soldat –  deux petites pièces situées au-dessus
d’une imprimerie et que le journal partageait avec le parti travailliste
indépendant – et sautait dans un autobus. Maud n’étant pas venue au bureau
ce matin, elle n’avait pas eu besoin d’inventer un prétexte.
    Le trajet en bus puis en métro
était long d’Aldgate à la gare Victoria, et c’est avec quelques minutes de
retard qu’Ethel arriva au rendez-vous. Elle se demanda si Fitz, impatienté,
était déjà reparti, et cette idée la rendait malade. Mais il était là, en
costume de tweed, comme pour un séjour à la campagne. Aussitôt, elle se sentit
mieux.
    Il lui sourit. « J’avais
peur que tu ne viennes pas.
    — Je ne sais pas pourquoi je
suis là, répondit-elle. Ni pourquoi tu m’as demandé de venir.
    — Je voudrais te montrer
quelque chose. » Il lui prit le bras.
    Ils sortirent de la gare. Ethel
était ridiculement heureuse de marcher au bras de Fitz. La hardiesse dont il
faisait preuve l’intriguait. Il était facilement reconnaissable. Et s’ils
rencontraient un de ses amis ? Ils feraient semblant de ne pas se voir, certainement.
Dans le milieu de Fitz, on n’attendait pas d’un homme marié depuis plusieurs
années qu’il soit fidèle à son épouse.
    Ils montèrent dans un autobus et
descendirent quelques arrêts plus loin, à Chelsea, un quartier populaire
apprécié des peintres et des écrivains pour ses loyers bon marché. Ethel était
curieuse de savoir ce que Fitz pouvait bien vouloir lui montrer. Ils longèrent
une rue bordée de petites maisons.
    « As-tu déjà assisté à un
débat parlementaire ? demanda Fitz.
    — Non, mais j’aimerais bien.
    — Il faut être invité par un
député ou par un pair. Tu veux que j’arrange ça ?
    — Oui, s’il te
plaît ! »
    La réaction d’Ethel lui fît
manifestement plaisir. « Je me renseignerai pour savoir quand il y aura un
débat intéressant. Tu aimerais peut-être voir Lloyd George à l’œuvre.
    — Oh oui !
    — Il constitue son
gouvernement aujourd’hui. Je pense qu’il sera Premier ministre ce soir et ira
baiser la main du roi. »
    Ethel regardait autour d’elle
d’un air pensif. Par endroits, Chelsea ressemblait encore au petit village
campagnard qu’il était un siècle plus tôt. Les bâtiments les plus anciens
étaient des cottages ou des fermes basses entourés de grands jardins et de
vergers. En ce mois de décembre, le quartier n’était pas très verdoyant, mais
il s’en dégageait une agréable atmosphère presque rurale. « La politique
est vraiment une drôle de chose ! dit-elle. Depuis que je suis en âge de
lire le journal, j’ai toujours voulu que Lloyd George soit Premier
ministre. Maintenant qu’il l’est, je suis consternée.
    — Pourquoi ?
    — De tous les ministres,
c’est le belliciste le plus acharné. Sa nomination risque de tuer dans l’œuf la
moindre chance de paix. En même temps…
    — Oui ? la pressa Fitz,
curieux d’avoir son avis.
    — C’est le seul homme qui
puisse accepter des pourparlers de paix sans se faire assassiner par la presse
de Northcliffe.
    — C’est exact, dit Fitz
d’une voix où perçait l’inquiétude. Je vois d’ici les gros titres si quelqu’un
d’autre s’y risquait : « Asquith – ou Balfour, ou Bonar Law –
démission ! Nous voulons Lloyd George !» Mais s’ils s’en
prennent à Lloyd George , il ne restera personne d’autre.
    — Il y a donc encore un
petit espoir de paix.
    — Pourquoi n’espères-tu pas
la victoire plutôt que la paix ? jeta Fitz avec un soupçon d’humeur.
    — Parce que c’est cette
volonté de victoire qui nous a mis dans le pétrin, répondit-elle d’une voix
égale. Alors, que voulais-tu me montrer ?
    — Ceci. » Il souleva le
loquet d’un portillon et s’effaça devant elle. Ils entrèrent dans le jardin
envahi par la végétation d’une maison de deux étages. Les murs avaient besoin
d’un bon coup de peinture, mais c’était une charmante demeure de dimensions
moyennes, qui aurait parfaitement pu appartenir à un musicien à succès ou à un
acteur célèbre, se dit Ethel. Fitz sortit une

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