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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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touché.
    « Comment avez-vous été
blessé ? »
    Il avait raconté l’histoire tant
de fois que cela l’ennuyait. « C’est arrivé le premier jour de la bataille
de la Somme. Je n’ai pour ainsi dire pas participé aux combats. Nous avons
franchi le parapet, traversé nos barbelés et commencé à avancer dans le no
man’s land. Ensuite, tout ce dont je me souviens, c’est de m’être retrouvé
allongé sur une civière. Je souffrais atrocement.
    — Mon frère vous a vu
tomber. »
    Fitz n’avait pas oublié
l’insolent caporal William Williams. « Vraiment ? Et lui, que lui
est-il arrivé ?
    — Sa section a pris une
tranchée allemande mais ensuite ils ont dû l’abandonner, faute de
munitions. »
    Étant à l’hôpital, Fitz n’avait
pas assisté à tous les comptes rendus de mission. Il demanda donc :
« Il a été décoré ?
    — Non. Le Colonel lui a
dit qu’il aurait dû défendre sa position jusqu’à la mort. Alors Billy a
répliqué : « Comme vous, c’est ça ?» Et il a été mis aux
arrêts. »
    Fitz n’en fut pas étonné. Ce Williams
était un fauteur de troubles. « Alors, dites-moi, que faites-vous
ici ?
    — Je travaille avec votre
sœur.
    — Elle ne me l’avait pas
dit. »
    Ethel soutint calmement son
regard. « Elle a dû penser que les nouvelles de vos anciens domestiques ne
vous intéressaient pas particulièrement. »
    Il préféra ignorer la pique. « Mais
que faites-vous, exactement ?
    — Je suis rédactrice en chef
de La Femme du soldat. C’est moi qui suis chargée de l’impression du
journal et de sa distribution. Je rédige aussi la page du courrier des
lectrices et je m’occupe des finances. »
    Il était impressionné. Pour une
ancienne intendante, elle avait fait du chemin ! Il est vrai qu’Ethel
avait toujours été une organisatrice hors pair. « C’est-à-dire de mon
argent, c’est bien cela ?
    — Je ne crois pas. Maud est
très sourcilleuse sur ce point. Elle sait que vous ne verrez pas d’inconvénient
à payer le thé, les gâteaux ou les traitements médicaux des enfants de soldats,
mais jamais elle n’utiliserait votre argent pour faire de la propagande contre
la guerre. »
    Il prolongea la conversation pour
le seul plaiSir de la regarder parler. « Parce que c’est cela, le
contenu de votre journal ? demanda-t-il. De la propagande pacifiste ?
    — Nous débattons
publiquement de questions dont vous discutez en secret : la possibilité de
faire la paix. »
    Elle avait raison. Dans les deux
partis, des hommes politiques haut placés avaient commencé à évoquer cette
paix, ce dont Fitz s’irritait fort. Mais il n’avait aucune envie de se
quereller avec Ethel. « Lloyd George , votre héros, voudrait lui
aussi qu’on se batte avec plus d’acharnement.
    — Croyez-vous qu’il sera
nommé Premier ministre ?
    — Le roi ne veut pas de lui.
Mais il est peut-être le seul candidat à pouvoir rassembler le Parlement
derrière lui.
    — Je crains qu’il ne fasse
durer la guerre encore plus longtemps. »
    Maud sortit de son bureau. Fitz
se rendit compte que le thé touchait à sa fin : des femmes étaient en
train de laver les tasses et les soucoupes, d’autres faisaient déjà sortir
leurs enfants. Il s’émerveilla de voir tante Herm porter une pile
d’assiettes sales. Comme la guerre avait changé les gens !
    Son regard revint sur Ethel. Elle
était toujours la femme la plus attirante qu’il ait jamais rencontrée. À
brûle-pourpoint, il lui souffla tout bas : « Veux-tu me voir
demain ? »
    Elle eut l’air interloqué et
demanda doucement : « Pour quoi faire ?
    — C’est oui ou c’est
non ?
    — Où ?
    — À la gare Victoria. À une
heure. À l’entrée du quai trois. »
    Elle n’eut pas le temps de
répondre, car l’homme aux grosses lunettes s’était approché. « Monsieur le
comte, puis-je vous présenter Bernie Leckwith, président de la section
d’Aldgate du parti travailliste indépendant ? »
    Fitz lui serra la main. Leckwith
avait une bonne vingtaine d’années. Sans doute était-ce à cause de sa mauvaise
vue qu’il n’était pas sous les drapeaux, songea Fitz.
    « Je suis désolé de
constater que vous avez été blessé, Lord Fitzherbert, dit Leckwith avec un
fort accent cockney.
    — Comme des milliers
d’autres, mais au moins, j’ai la chance d’être encore en vie.
    — Rétrospectivement,
pensez-vous qu’il y a des choses que nous

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