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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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riant.
    Gus secoua la tête. « Non. J’y
ai réfléchi. Vous avez raison. Je fais partie du gouvernement qui a lancé la
conscription. Je peux difficilement m’y soustraire. »
    Il vit son père acquiescer, comme
s’il s’y attendait. En revanche, sa mère protesta : « Mais enfin,
Gus, tu travailles pour le président. N’est-ce pas la meilleure manière de
servir ton pays ?
    — On pourrait y voir une
forme de lâcheté, intervint Lev.
    — Exactement, acquiesça Gus.
Je ne rentrerai pas à Washington. C’est une page de ma vie qui se tourne, pour
le moment en tout cas. »
    Il entendit sa mère s’exclamer :
« Gus, non !
    — J’en ai déjà touché un mot
au général Clarence, qui commande la division de Buffalo. Je rejoins l’armée
nationale. » Sa mère fondit en larmes.

XXVI.
Mi-juin 1917
    1.
    Ethel n’avait jamais pensé aux
droits des femmes jusqu’au jour où elle s’était retrouvée dans la bibliothèque
de Ty Gwyn, enceinte et célibataire, devant Solman, l’avocat de Fitz, qui lui
avait expliqué d’un ton obséquieux les réalités de la vie. Elle passerait les
plus belles années de sa vie à s’éreinter au travail pour élever et nourrir l’enfant
de Fitz, mais le père n’avait aucune obligation. Cette injustice lui avait
inspiré des envies de meurtre.
    Sa colère s’était embrasée de
plus belle quand elle avait cherché du travail à Londres. Les seuls emplois
accessibles étaient ceux dont aucun homme ne voulait, et on ne lui offrait que
la moitié du salaire normal, et encore.
    Toutes les années qu’elle avait
vécues aux côtés des femmes tenaces de l’East End, qui se tuaient à la tâche
dans une misère noire, n’avaient fait qu’endurcir son féminisme et renforcer
son indignation. Les hommes racontaient des histoires à dormir debout, parlant
de division du travail au sein de la famille, l’homme gagnant de l’argent à l’extérieur,
tandis que la femme s’occupait des enfants et du ménage. La réalité était bien
différente. La plupart des femmes qu’Ethel connaissait travaillaient douze
heures par jour et s’occupaient, en plus, des enfants et de la maison.
Sous-alimentées, harassées, logées dans des taudis et vêtues de haillons, elles
trouvaient encore le courage de chanter, de rire et d’aimer leurs enfants. Pour
Ethel, chacune de ces femmes avait dix fois plus le droit de voter que n’importe
quel homme.
    Elle défendait cette idée depuis
si longtemps qu’elle se sentit presque désemparée quand on commença
sérieusement à envisager d’accorder aux femmes le droit de vote au milieu de l’année
1917. Quand elle était petite, elle demandait : « Comment ça sera, au
paradis ?» Elle n’avait jamais obtenu de réponse satisfaisante.
    Le Parlement accepta d’inscrire
la question à l’ordre du jour à la mi-juin. « C’est le résultat de deux
compromis, expliqua Ethel, enthousiaste, à Bernie quand elle lut le compte
rendu du Times . La commission spéciale de la Chambre des communes,
constituée par Asquith pour éluder la question, a surtout cherché à éviter l’affrontement. »
    Bernie était en train de donner
son petit déjeuner à Lloyd, des tartines trempées dans du thé sucré. « Le
gouvernement craint sans doute que les femmes ne recommencent à s’enchaîner aux
grilles. »
    Ethel acquiesça. « Et si les
responsables politiques se laissent entraîner dans ce genre de débat, on les
accusera de se disperser au lieu de tout faire pour gagner la guerre. La
commission a donc recommandé d’accorder le droit de vote aux femmes de plus de
trente ans qui sont propriétaires ou locataires en leur nom propre ou épouses d’un
propriétaire ou d’un locataire. Autrement dit, je suis trop jeune.
    — Premier compromis, dit
Bernie. Et le second ?
    — D’après Maud, le cabinet
est divisé. » Le cabinet de guerre était formé de quatre hommes en plus du
Premier ministre Lloyd George. « Curzon est contre, évidemment. » Le
comte Curzon, président de la Chambre des lords, était misogyne et fier de l’être.
Il présidait la Ligue d’opposition au vote des femmes. « Milner aussi.
Mais Henderson nous appuie. » Arthur Henderson était le chef du parti
travailliste, qui soutenait les femmes, même si ce n’était pas le cas de tous
ses membres. « Bonar Law nous est favorable, mais sans conviction.
    — Deux pour, deux contre, et
Lloyd George qui veut faire plaisir à tout le monde,

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