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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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comme toujours.
    — Là encore il y a eu
compromis : le vote sera libre. »
    Cela voulait dire que le
gouvernement ne donnerait pas de consigne à ses partisans.
    « Comme ça, quel que soit le
résultat, le gouvernement n’y sera pour rien.
    — La sincérité n’a jamais
été le fort de Lloyd George.
    — Il vous a quand même donné
votre chance.
    — Une chance, pas plus. Il
va falloir faire campagne.
    — À mon avis, tu t’apercevras
que les attitudes ont changé, dit Bernie avec optimisme. Le gouvernement a
terriblement besoin que les femmes aillent travailler à l’usine pour remplacer
tous les hommes qu’on a envoyés en France. Il a lancé une sacrée opération de
propagande vantant les compétences des femmes pour conduire les bus et
fabriquer des munitions. Il devient plus difficile de prétendre qu’elles sont
inférieures.
    — J’espère que tu as raison »,
répondit Ethel avec ferveur.
    Ils étaient mariés depuis quatre
mois et Ethel n’éprouvait aucun regret. Bernie était intelligent, intéressant
et gentil. Ils avaient les mêmes convictions et travaillaient ensemble pour les
défendre. Bernie serait probablement le candidat travailliste d’Aldgate aux
prochaines élections législatives – quand elles auraient lieu : comme
pour beaucoup d’autres choses, il faudrait attendre la fin de la guerre. Bernie
ferait un excellent député, sensé et dévoué. Néanmoins, Ethel ne savait pas si
le parti travailliste pouvait l’emporter à Aldgate. Le député actuel était
libéral, mais la situation avait profondément évolué depuis le scrutin de 1910.
Même si la disposition sur le vote des femmes ne passait pas, les autres
propositions de la commission accorderaient le droit de vote à un plus grand
nombre d’hommes issus de la classe ouvrière.
    Bernie était un homme
merveilleux, pourtant, à sa grande honte, Ethel pensait encore parfois avec
émoi à Fitz, qui n’était ni intelligent, ni intéressant, ni gentil, et dont les
opinions étaient à l’opposé des siennes. Quand il lui venait ce genre d’idées,
elle se disait qu’elle ne valait pas mieux que les hommes qui rêvaient de
danseuses de french cancan. Ils étaient émoustillés par des bas, des jupons et
des dentelles affriolantes. Elle était grisée par les mains douces de Fitz, son
élocution raffinée et son odeur de propreté légèrement parfumée.
    Maintenant, elle était Eth
Leckwith. On parlait d’Eth et de Bernie comme on aurait parlé de la charrette
et du cheval ou de la croûte et de la mie.
    Elle mit ses chaussures à Lloyd
et l’emmena chez sa gardienne avant de se rendre aux bureaux de La Femme du soldat .
Il faisait beau et elle était pleine d’espoir. Nous pouvons changer le
monde finalement, se disait-elle. Ce n’est pas facile, mais c’est possible. Le
journal de Maud mobiliserait les femmes de la classe ouvrière pour qu’elles
soutiennent le projet de loi et veillerait à ce que tous les regards soient
rivés sur les députés quand ils voteraient.
    Les bureaux occupaient deux
pièces exiguës et mal éclairées au-dessus de l’atelier d’un imprimeur. Maud
était déjà là. Elle était arrivée tôt, sans doute à cause de la nouvelle du
jour. Elle était assise devant une vieille table tachée, en robe d’été lilas,
coiffée d’un grand chapeau allongé, traversé d’une plume d’une longueur
extraordinaire. Sa garde-robe datait d’avant-guerre, mais elle était toujours
vêtue avec élégance. Elle paraissait trop racée pour ce lieu, comme un cheval
de course égaré dans une cour de ferme.
    « Il faut sortir un numéro
spécial, expliqua-t-elle en griffonnant dans un calepin. Je suis en train de
rédiger la une. »
    Ethel sentit l’excitation la
gagner. C’était ce qu’elle aimait : l’action. Elle s’assit de l’autre côté
de la table et dit : « Je vérifie que les autres pages sont prêtes.
Que diriez-vous d’un papier invitant les lectrices à nous aider ?
    — Oui. « Venez à nos
réunions, faites pression sur votre député, écrivez aux journaux », ce
genre de choses.
    — Je vais préparer un
brouillon. » Elle sortit un crayon et un bloc-notes d’un tiroir.
    « Il faut mobiliser les
femmes contre ce projet de loi », reprit Maud.
    Ethel se figea, le crayon à la
main. « Comment ? Vous avez bien dit « contre » ?
    — Évidemment. Le
gouvernement va faire semblant d’accorder le droit de vote aux femmes,
mais en

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