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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qui n’avait pas encore eu lieu.
    Le hiatus entre la proclamation
de la victoire dans ce vestibule et la réalité confuse et désordonnée de la
situation à l’extérieur mit Grigori dans un tel état d’angoisse qu’il s’éclipsa.
    Les marins d’Helsingfors n’étaient
toujours pas arrivés et les canons de la forteresse toujours pas prêts à tirer.
La tombée de la nuit s’accompagna d’un crachin glacial. Comme il se trouvait
sur l’esplanade, face au palais d’Hiver et tournant le dos au siège de l’état-major
général, Grigori vit une unité de cadets sortir du palais. Les insignes de
leurs uniformes révélaient qu’ils appartenaient à l’école d’artillerie
Mikhaïlovski. Ils quittaient les lieux, emportant avec eux quatre gros canons.
Grigori les laissa partir.
    À sept heures, il ordonna à un
détachement de soldats et de marins d’investir le quartier général de l’état-major
et de s’en emparer. Ils ne rencontrèrent aucune opposition.
    À huit heures, les deux cents
Cosaques qui gardaient le palais décidèrent de regagner leurs casernes. Grigori
les laissa passer. Après tout, ces contretemps agaçants n’étaient peut-être pas
si catastrophiques : les forces qu’ils auraient à affronter diminuaient d’heure
en heure.
    Un peu avant dix heures, Isaak
annonça que le canon de la forteresse Pierre-et-Paul était enfin prêt à entrer
en action. Grigori donna l’ordre de tirer un coup de semonce et d’attendre.
Comme il l’avait prévu, d’autres soldats sortirent du palais et prirent le
large.
    Était-ce aussi simple que
cela ?
    Une sirène se déclencha alors à
bord de l ’Amour, sur le fleuve. Que se passait-il ? Grigori
distingua les feux de bateaux qui approchaient. Son cœur cessa de battre. Kerenski
avait-il réussi, au tout dernier moment, à envoyer des troupes loyales à la
rescousse de son gouvernement ? Une clameur enfla alors sur le pont de l ’
Amour et Grigori comprit qu’ils saluaient l’arrivée des marins
d’Helsingfors.
    Quand ils eurent tous jeté
l’ancre, il ordonna de commencer le bombardement, enfin.
    Les canons tonnèrent. Certains
obus explosaient en l’air, illuminant les bateaux et le palais. Grigori en vit
un s’abattre sur une fenêtre du troisième étage et se demanda s’il y avait du
monde à l’intérieur. Curieusement, tous feux allumés, les tramways
poursuivaient leurs va-et-vient sur le pont Trotski et le pont du Palais.
    Bien sûr, cela n’avait rien à
voir avec un champ de bataille. Sur le front, des centaines, voire des milliers
de pièces d’artillerie tiraient en même temps. Ici, il n’y en avait que quatre.
Il s’écoulait de longues minutes entre chaque tir et le nombre d’obus qui se
perdaient, faisaient long feu ou tombaient dans le fleuve sans causer de dégâts
était impressionnant.
    Grigori ordonna l’arrêt des tirs
puis envoya de petits groupes d’hommes en reconnaissance à l’intérieur du
palais. Ils revinrent en assurant que les quelques soldats qui restaient n’opposaient
aucune résistance.
    Peu après minuit, Grigori entra
avec un contingent plus important. Suivant une stratégie préétablie, ils se
dispersèrent dans tout le palais, parcourant au pas de course les longs
couloirs obscurs pour neutraliser les opposants et chercher les ministres du
gouvernement. Le palais ressemblait à une caserne mal entretenue, jonché de
matelas éparpillés sur les parquets des grandes salles toutes scintillantes d’or.
Les sols étaient tous recouverts d’un amas crasseux de mégots de cigarette, de
croûtes de pain et de bouteilles vides aux étiquettes françaises que les
soldats avaient dû prélever dans la cave somptueuse du tsar.
    Grigori entendit quelques coups
de feu disséminés, mais on ne se battait pas beaucoup. Il ne trouva aucun
ministre au rez-de-chaussée. Songeant qu’ils s’étaient peut-être échappés, il s’affola
un instant : pas question de devoir annoncer à Lénine et Trotski que les
membres du gouvernement Kerenski lui avaient glissé entre les doigts.
    Avec Isaak et deux autres hommes,
il gravit un grand escalier pour aller explorer l’étage supérieur. Ils firent
irruption dans une salle de réunion fermée par une double porte et y
découvrirent les vestiges du gouvernement provisoire : un petit groupe d’hommes
effrayés, en costume et en cravate, assis autour d’une table et dans des fauteuils
épars, les yeux écarquillés de peur.
    L’un d’eux

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