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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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étaient aux commandes.
    Grigori quitta la salle derrière
Josef Staline, le révolutionnaire géorgien, et un autre homme. Celui-ci portait
un manteau de cuir et une cartouchière, comme de nombreux bolcheviks, mais
quelque chose en lui déclencha une sonnette d’alarme dans la mémoire de
Grigori. Quand il se tourna pour dire quelques mots à Staline, Grigori le
reconnut avec un frisson d’horreur.
    C’était Mikhaïl Pinski.
    Il avait rejoint le camp de la
révolution.
    6.
    Grigori était épuisé. Il prit
conscience qu’il n’avait pas dormi depuis deux nuits. Il avait eu tant à faire
qu’il n’avait pas vu le temps passer. Il ne connaissait pas de moyen de
transport plus inconfortable que la voiture blindée, mais il s’endormit
pourtant sur le trajet du retour. Quand Isaak le réveilla, ils étaient devant
sa porte. Il se demandait ce que Katerina avait appris des derniers événements.
Il espérait qu’elle n’en savait pas trop pour qu’il ait le plaisir de lui
raconter le triomphe de la révolution.
    Il entra dans l’immeuble et
gravit l’escalier en titubant. Une lumière filtrait sous la porte. « C’est
moi », dit-il en pénétrant dans la pièce.
    Assise dans le lit, Katerina
tenait un nouveau-né dans les bras.
    Il fut transporté de joie. « Le
bébé est né ! Qu’il est beau !
    — C’est une fille.
    — Une fille !
    — Tu avais promis d’être là,
dit Katerina d’un ton de reproche.
    — Je ne savais pas !»
Il admira l’enfant. « Elle a les cheveux noirs, comme moi. Comment veux-tu
qu’on l’appelle ?
    — Je t’ai envoyé un message. »
    Grigori se rappela le garde qui
lui avait annoncé qu’on était venu le chercher : « Une histoire de
sage-femme », avait-il dit.
    « Oh, flûte ! J’étais
tellement occupé…
    — Magda aussi était occupée.
J’ai eu droit à Xenia. »
    Grigori s’inquiéta : « Tu
n’as pas trop souffert ?
    — Bien sûr que si, répondit
sèchement Katerina.
    — Je te demande pardon. Mais
tu sais, il y a eu une révolution ! Une vraie, cette fois… nous avons pris
le pouvoir ! Les bolcheviks vont former un gouvernement. »
    Il se pencha pour l’embrasser.
    « C’est ce que je me suis
dit », murmura-t-elle. Et elle se détourna.

XXIX.
Mars 1918
    1.
    Walter était perché sur le toit d’une
petite église médiévale, dans le village de Villefranche-sur-Oise, aux environs
de Saint-Quentin. Pendant quelque temps, la région avait servi de lieu de repos
et de détente aux échelons arrière des troupes allemandes, et les Français,
faisant contre mauvaise fortune bon cœur, vendaient à leurs occupants de l’omelette
et du vin, quand ils pouvaient s’en procurer. «  Quel malheur la guerre, disaient-ils. Pour nous, pour vous, pour tout le monde. » Quelques minces progressions des Alliés avaient désormais chassé les habitants
français, démoli la moitié des édifices et rapproché le village de la ligne de
front. C’était maintenant une zone de regroupement.
    En bas, sur la route étroite qui
traversait le centre du village, les soldats allemands avançaient en rangs par
quatre. Ils défilaient ainsi depuis des heures. Il en était passé des milliers.
Ils avaient l’air fatigué mais heureux – ils savaient pourtant qu’ils
rejoignaient les lignes. Mais ils arrivaient du front de l’Est. Mieux valait la
France en mars que la Pologne en février, se disait Walter, quoi que l’avenir
leur réserve.
    Ce spectacle lui faisait chaud au
cœur. Ces contingents avaient été libérés par l’armistice conclu entre l’Allemagne
et la Russie. Quelques jours plus tôt, un traité de paix avait été signé à
Brest-Litovsk. La Russie était définitivement sortie de la guerre. Walter y
avait contribué en apportant un soutien à Lénine et aux bolcheviks, et il
pouvait savourer son triomphe.
    L’armée allemande avait désormais
cent quatre-vingt-douze divisions en France contre cent vingt-neuf à la même
époque un an plus tôt, essentiellement grâce aux unités transférées de l’est.
Pour la première fois, les effectifs allemands sur place étaient plus
importants que ceux des Alliés qui, d’après les renseignements allemands,
disposaient de cent soixante-treize divisions. Depuis trois ans et demi, on
avait souvent affirmé aux Allemands qu’ils étaient à deux doigts de remporter
la victoire. Cette fois, c’était vrai, Walter en était convaincu.
    Il ne croyait pas, comme

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