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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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c’était l’avenir de leur couple qui se jouait là, bien plus
que l’organisation de la campagne.
    « Tu en as vraiment envie ?
    — Oui. Si tu prends Jock, il
t’enverra faire des discours, c’est tout. C’est nécessaire, bien sûr. Mais ce n’est
pas ton point fort. Tu es meilleur dans les débats en petit comité, autour d’une
tasse de thé. Moi, je t’emmènerai dans des usines et des entrepôts où tu
pourras discuter avec les ouvriers à bâtons rompus.
    — Tu as certainement raison »,
admit Bernie.
    Elle vida sa tasse et la posa par
terre près du lit. « Donc, tu vas mieux ?
    — Oui. »
    Elle lui prit sa tasse et sa
soucoupe, les posa sur le sol et enleva sa chemise de nuit. Même si ses seins n’étaient
plus aussi aguichants qu’avant la naissance de Lloyd, ils étaient encore fermes
et ronds.
    « Beaucoup mieux ? »
    Il la dévora des yeux. « Beaucoup
beaucoup mieux. »
    Ils n’avaient plus fait l’amour
depuis la réunion au cours de laquelle Jayne McCulley avait suggéré qu’Ethel se
présente aux élections. Leurs étreintes manquaient beaucoup à Ethel. Elle mit
ses mains en coupe sous ses seins. L’air froid de la pièce faisait pointer ses
mamelons. « Tu sais ce que c’est ?
    — Il me semble que ce sont
tes seins.
    — Certains disent que ce
sont des « nichons ».
    — Moi, je dis qu’ils sont
beaux. » Sa voix était un peu rauque.
    « Tu as envie de jouer avec ?
    — Toute la journée.
    — Ça, je ne sais pas.
Commence toujours, on verra après.
    — D’accord. »
    Ethel poussa un soupir de
bonheur. Les hommes n’étaient pas bien compliqués.
    Une heure plus tard, elle partait
travailler, confiant Lloyd à Bernie. Il n’y avait pas grand monde dans les
rues. Londres avait la gueule de bois. Elle arriva au siège du syndicat
national des ouvriers du textile et s’assit à son bureau. Comme elle
réfléchissait à la journée qui l’attendait, elle s’avisa que la paix allait s’accompagner
de nouveaux problèmes dans le monde de l’industrie. Des millions d’hommes
démobilisés allaient se mettre à la recherche d’un emploi et tenter d’évincer
les femmes qui les avaient remplacés depuis quatre ans. Or ces femmes ne
pouvaient se passer de leur salaire. Elles n’auraient pas toutes un homme qui
reviendrait de France : beaucoup de leurs maris étaient enterrés là-bas.
Elles avaient besoin de leur syndicat. Elles avaient besoin d’Ethel.
    Au moment des élections, le
syndicat ferait naturellement campagne pour le parti travailliste. Ethel
employa une bonne partie de la journée à organiser des meetings.
    La presse du soir apporta des
nouvelles surprenantes. Lloyd George avait décidé de conserver le gouvernement
de coalition. Il ne ferait pas campagne en tant que responsable du parti
libéral, mais comme chef de la coalition. Il s’était adressé dans la matinée à
deux cents députés libéraux au 10, Downing Street, et avait obtenu leur soutien.
Dans le même temps, Bonar Law avait persuadé les conservateurs d’appuyer cette
idée.
    Ethel était déconcertée. Pour qui
les gens étaient-ils censés voter ?
    De retour chez elle, elle trouva
Bernie vert de rage.
    « Ce n’est pas une élection,
bougonna-t-il. C’est un couronnement. Le roi David Lloyd George. Quel traître !
Il a l’occasion de mettre en place un gouvernement de gauche radical et qu’est-ce
qu’il fait ? Il reste avec ses amis conservateurs ! Dans le genre
renégat, il se pose là 
    — Ne renonçons pas trop vite »,
conseilla Ethel.
    Deux jours plus tard, le parti
travailliste se retirait de la coalition et annonçait qu’il ferait campagne
contre Lloyd George. Quatre députés travaillistes qui étaient également
ministres du gouvernement refusèrent de démissionner et furent aussitôt exclus
du parti. La date des élections fut fixée au 14 décembre. Le temps que les
bulletins de vote des soldats soient rapportés de France et comptabilisés, les
résultats ne seraient connus qu’après Noël.
    Ethel commença à élaborer le plan
de campagne de Bernie.
    2.
    Le lendemain de l’armistice, Maud
écrivit à Walter sur le papier à lettres orné des armoiries de son frère et
alla déposer l’enveloppe dans la boîte rouge du coin de la rue.
    Elle ne savait pas quand les
liaisons postales allaient reprendre, mais le jour venu, elle voulait que son
message soit en haut de la pile. Elle avait choisi ses mots avec soin, dans

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