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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pense que
nous avons effectivement été trahis par les Juifs et les socialistes.
    — Comment ? s’exclama
Walter, incrédule. Ce ne sont pas les Juifs et les socialistes qui nous ont
repoussés sur la Marne par deux fois. Nous avons perdu la guerre !
    — Nous avons été affaiblis
par le manque d’approvisionnement.
    — À cause du blocus anglais.
Et à qui la faute si les Américains sont entrés en guerre ? Ce ne sont pas
les Juifs et les socialistes qui ont déclaré la guerre sous-marine à outrance
et qui ont coulé des navires qui transportaient des passagers américains.
    — Ce sont les socialistes
qui ont accepté les conditions d’armistice indignes présentées par les Alliés. »
    Walter en bégayait presque de
colère. « Vous savez parfaitement que c’est Ludendorff qui a demandé l’armistice.
Le chancelier Ebert n’est en poste que depuis avant-hier. En quoi est-il
responsable ?
    — Si l’armée avait encore eu
son mot à dire, nous n’aurions jamais signé ce document aujourd’hui.
    — Mais vous ne l’avez plus,
parce que vous avez perdu la guerre. Vous avez affirmé à l’empereur que vous
pouviez la gagner, il vous a crus, et le résultat, c’est qu’il a perdu sa
couronne. Comment pourrons-nous tirer la leçon de nos erreurs si vous laissez
le peuple allemand gober des mensonges pareils ?
    — Il sera démoralisé s’il
pense que nous avons été vaincus.
    — Il faut qu’il le
soit. Les dirigeants européens se sont lancés dans une entreprise pernicieuse
et stupide. Dix millions d’hommes en sont morts. Laissez au moins le peuple le
comprendre pour que cela n’arrive plus jamais !
    — Non », répliqua son
père.

Troisième partie Un monde nouveau

XXXIV.
Novembre-décembre 1918
    1.
    Ethel se réveilla de bonne heure
le lendemain de l’armistice. Pendant qu’elle attendait en frissonnant que l’eau
chauffe dans la bouilloire posée sur la vieille cuisinière, elle décida d’être
heureuse. Elle avait quantité de raisons de se réjouir. La guerre était finie
et elle allait avoir un bébé. Elle avait un mari fidèle, qui l’adorait. Les
choses ne s’étaient pas passées exactement comme elle le souhaitait, mais elle
n’allait pas se laisser abattre. Elle allait commencer par repeindre la cuisine
d’un jaune lumineux. La mode était aux couleurs vives ces derniers temps.
    Avant tout, il fallait sauver son
couple. Si sa capitulation avait apaisé Bernie, elle avait continué à lui en
vouloir, et l’atmosphère à la maison était restée détestable. Elle était
fâchée, mais ne voulait pas d’une rupture. Il fallait qu’ils se réconcilient.
    Elle apporta deux tasses de thé
dans la chambre et se glissa sous les draps. Lloyd dormait encore dans son
petit lit.
    « Comment vas-tu ?
demanda-t-elle à Bernie qui se redressait et mettait ses lunettes.
    — Mieux, je crois.
    — Reste encore au lit
aujourd’hui pour être sûr d’être complètement guéri.
    — C’est une idée. » Il
prononça ces mots d’un ton neutre, ni chaleureux ni hostile.
    Elle but une gorgée de thé. « Tu
voudrais quoi, un garçon ou une fille ? »
    Il se tut. Elle crut d’abord qu’il
faisait la tête. En réalité, il réfléchissait, comme il le faisait souvent
quand on lui posait une question. Il répondit enfin : « Ma foi, nous
avons déjà un garçon. Ce serait bien d’avoir un de chaque. »
    Elle éprouva un élan d’affection
pour lui. Il parlait toujours de Lloyd comme de son propre fils. « Il faut
que nous fassions de ce pays un endroit où il fera bon grandir, dit-elle. Où
ils recevront un bon enseignement, où ils auront du travail et un logement
correct pour élever leurs propres enfants. Et plus jamais de guerre.
    — Lloyd George va organiser
les élections au plus vite.
    — Tu crois ?
    — C’est l’homme qui a gagné
la guerre. Il voudra se faire réélire avant qu’on commence à l’oublier.
    — Je pense que le parti
travailliste peut tout de même espérer de bons résultats.
    — Dans une circonscription
comme Aldgate en tout cas, nous avons nos chances. »
    Ethel hésita. « Tu veux que
je m’occupe de ta campagne ? »
    Bernie prit l’air indécis. « J’ai
demandé à Jock Reid de le faire.
    — Jock peut régler les
questions administratives et les finances. Moi, j’organiserai les meetings,
tout ça. Je m’en sortirai beaucoup mieux que lui, tu sais, insista-t-elle avec
l’impression que

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