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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pencha et embrassa la
paupière close. Le contact de sa peau sous ses lèvres n’avait rien d’insolite.
C’était exactement comme s’il lui embrassait la joue. « Merci »,
dit-il.
    Elle murmura : « Personne
n’avait encore jamais fait ça. »
    Il hocha la tête. Il s’était
douté que c’était une sorte de tabou.
    « Pourquoi y tenais-tu ?
demanda-t-elle.
    — Parce que j’aime tout en
toi, et que je voulais que tu le saches.
    — Oh. » Elle demeura
muette un instant, visiblement émue. Puis elle lui adressa un grand sourire et
reprit le ton désinvolte qu’elle affectionnait : « Eh bien, s’il y a
autre chose de bizarre chez moi que tu as envie d’embrasser, surtout n’hésite
pas à me le dire. »
    Il ne savait pas vraiment comment
réagir à cette offre vaguement émoustillante, mais décida de remettre cette
réflexion à plus tard. « Il me reste une dernière question.
    — Je t’écoute.
    — Il y a quatre mois, je t’ai
dit que je t’aimais.
    — Je n’ai pas oublié.
    — Mais toi, tu ne m’as pas
dit ce que tu éprouvais pour moi.
    — Ça ne va pas de soi ?
    — Je ne sais pas. Je
préférerais que tu me le dises. Tu m’aimes ?
    — Oh, Gus, tu ne comprends
donc pas ?» Son visage se crispa d’angoisse. « Tu es trop bien pour
moi. Tu étais le meilleur parti de Buffalo. Moi, j’ai toujours été l’anarchiste
borgne.Tu étais censé tomberamoureux d’une jeune femme
élégante, belle, riche. Je suis la fille d’un médecin – et je te rappelle
que ma mère était bonne à tout faire. Ce n’est pas quelqu’un comme moi que tu
dois aimer.
    — Tu m’aimes ?»
demanda-t-il avec une obstination paisible. Elle fondit en larmes. « Bien
sûr que je t’aime, andouille, je t’aime de tout mon cœur. »
    Il la prit dans ses bras. « Alors,
c’est tout ce qui compte », dit-il.
    5.
    Tante Herm reposa le Tatler. « C’est très mal de t’être mariée en cachette », dit-elle à Maud. Un
petit sourire complice éclaira soudain son visage. « Mais c’est tellement
romantique ! »
    Elles étaient chez Fitz, à
Mayfair, dans le petit salon. Bea avait fait refaire la pièce après la fin de
la guerre, dans le style art déco très en vogue, avec des sièges aux formes
fonctionnelles et des bibelots d’argent ultramodernes de chez Asprey. Maud et
Herm se trouvaient en compagnie de Bing Westhampton, l’ami de Fitz, toujours
badin, qui était venu avec son épouse. La saison londonienne battait son plein
et ils attendaient Bea pour se rendre à l’opéra. Elle était en train de dire
bonsoir à Boy, qui avait désormais trois ans et demi, et à Andrew, qui avait
dix-huit mois.
    Maud prit la revue et se
replongea dans l’article. La photo ne lui plaisait pas beaucoup. Elle s’était
imaginé qu’elle montrerait deux amoureux. Malheureusement, on aurait dit une
scène de cinématographe. Walter avait la mine vorace, il lui tenait la main et
la dévisageait comme un don Juan au pouvoir maléfique ; quant à elle, elle
avait tout de l’ingénue sur le point de tomber dans ses rets.
    Le texte, en revanche, était tel
qu’elle l’avait espéré. Le chroniqueur rappelait à ses lecteurs que Lady Maud
avait été une « suffragette à la mode » avant la guerre, qu’elle
avait lancé le journal La Femme du soldat pour défendre les droits des
épouses restées au pays et avait été arrêtée pour avoir défendu Jayne McCulley.
Il expliquait que Walter et elle avaient prévu d’annoncer leurs fiançailles en
bonne et due forme, mais que le déclenchement de la guerre les en avait
empêchés. Leur mariage clandestin et hâtif apparaissait comme un effort
désespéré pour agir au mieux dans des circonstances exceptionnelles.
    Maud avait exigé que ses propos
soient fidèlement retranscrits et la revue avait tenu parole. « Je sais
que certains Britanniques détestent les Allemands, avait-elle expliqué. Mais je
sais aussi que Walter et beaucoup de ses compatriotes n’ont pas ménagé leur peine
pour essayer d’éviter la guerre. Maintenant qu’elle est finie, il faut
instaurer la paix et l’amitié entre les anciens ennemis, et j’espère de tout
cœur que notre union apparaîtra comme un symbole du monde nouveau. »
    Au cours de toutes ses années de
campagnes politiques, Maud avait appris que l’on pouvait parfois obtenir le
soutien d’une publication en lui accordant l’exclusivité d’un bon article.
    Walter avait regagné

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