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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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au
lit ! »
    4.
    Gus et Rosa se retrouvèrent au
jardin des Tuileries. Paris commençait à revivre, songea Gus avec bonheur. Le
soleil brillait, les arbres étaient verdoyants et des hommes portant œillet à
la boutonnière étaient assis, cigare aux lèvres, regardant passer les femmes
les mieux habillées du monde. Sur un côté du parc, la circulation des voitures,
des camions et des charrettes tirées par des chevaux apportait de l’animation à
la rue de Rivoli ; de l’autre, des péniches allaient et venaient sur la
Seine. Peut-être le monde se rétablirait-il après tout.
    Rosa était ravissante dans sa
robe rouge en cotonnade légère, sous un chapeau à larges bords. Si je savais
peindre, se dit Gus en la voyant, c’est comme cela que je la représenterais.
    Il portait un blazer bleu et un
canotier à la mode. Elle éclata de rire en l’apercevant.
    « Qu’y a-t-il ? s’inquiéta-t-il.
    — Rien. Tu es superbe.
    — C’est le chapeau, c’est ça ? »
    Elle pouffa. « Tu es
adorable.
    — J’ai l’air idiot. Je n’y
peux rien. Dès que je mets un chapeau, c’est comme ça. C’est à cause de ma
grosse tête. »
    Elle déposa un baiser furtif sur
ses lèvres. « Tu es l’homme le plus séduisant de tout Paris. »
    Le plus étonnant, c’est qu’elle le
pensait. Gus avait peine à croire à sa chance.
    Il lui prit le bras. « Marchons
un peu, tu veux ?» Ils se dirigèrent vers le Louvre.
    « Tu as vu le Tatler  ?
demanda-t-elle.
    — La revue londonienne ?
Non. Pourquoi ?
    — Il semblerait que ta chère
amie, Lady Maud, ait épousé un Allemand.
    — Oh ! s’exclama-t-il.
Comment l’ont-ils appris ?
    — Parce que tu le savais ?
    — Je l’ai deviné. J’ai
croisé Walter à Berlin en 1916 et il m’a demandé de transmettre une lettre à
Maud. Je me suis douté qu’ils étaient fiancés, ou peut-être même mariés.
    — Quelle discrétion !
Tu n’en as jamais rien dit.
    — C’était un secret
dangereux.
    — Il l’est peut-être encore.
Le Tatler est plutôt bienveillant à leur égard, mais rien ne dit que d’autres
journaux n’auront pas la dent plus dure.
    — Ce ne serait pas la
première fois que Maud se ferait égratigner par la presse. C’est une coriace. »
    Rosa prit l’air confus. « Je
suppose que c’est de ça que vous discutiez le soir où je t’ai surpris en tête à
tête avec elle.
    — Exactement. Elle voulait
savoir si j’avais des nouvelles de Walter.
    — Et moi qui te soupçonnais
de flirter. Quelle bécasse !
    — Je te pardonne, mais je me
réserve le droit de te le rappeler la prochaine fois que tu me critiqueras
injustement. Je peux te poser une question ?
    — Tout ce que tu veux, Gus.
    — En fait, j’en ai trois.
    — Voilà qui est plutôt
inquiétant. On se croirait dans un conte. Si je réponds de travers, serai-je
exilée à tout jamais ?
    — Es-tu toujours anarchiste ?
    — Ça t’ennuierait ?
    — En fait, je me demande
plutôt si la politique pourrait nous diviser.
    — Être anarchiste, c’est
être convaincu que personne n’a le droit de gouverner. Toutes les philosophies
politiques, de la monarchie de droit divin au contrat social de Rousseau,
cherchent à justifier l’autorité. Les anarchistes estiment que toutes ces
théories ont échoué et que, par conséquent, aucune forme d’autorité n’est
légitime.
    — Irréfutable en théorie.
Impossible à mettre en pratique.
    — Tu comprends vite. En
effet, tous les anarchistes sont hostiles au pouvoir établi, mais leurs idées
sur le fonctionnement idéal de la société sont loin d’être unanimes.
    — Et toi, tu en penses quoi ?
    — Je ne vois plus les choses
aussi clairement qu’autrefois. Être correspondante à la Maison-Blanche m’a
apporté une autre vision de la politique. Toutefois je continue à penser que
toute autorité doit se justifier.
    — Ça m’étonnerait que nous
nous disputions un jour à ce sujet.
    — Bien. Question suivante ?
    — Parle-moi de ton œil.
    — Je suis née comme ça. J’aurais
pu me faire opérer, pour ouvrir la paupière. Derrière, il n’y a qu’une masse de
tissus inutiles, mais on aurait pu me mettre un œil de verre. Malheureusement,
je n’aurais jamais pu le fermer. Je trouve que, tel quel, c’est un moindre mal.
Ça te gêne ? »
    Il s’arrêta et se tourna pour lui
faire face. « Je peux l’embrasser ? »
    Elle hésita. « Bon, d’accord. »
    Il se

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