Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
pas le choix ; le garagiste l’avait compris.
    Tard dans l’après-midi, il se
rendit chez un grossiste en alcools dont il avait noté l’adresse dans l’annuaire
de la ville. « Il me faut cent caisses de Canadian Club. Quel prix vous me
faites ?
    — Pour cette quantité,
trente-six dollars la caisse.
    — Marché conclu. » Lev
sortit son argent. « J’ouvre un bistrot à l’extérieur de la ville et…
    — Te fatigue pas, mon gars »,
coupa le grossiste. Il tendit le bras vers la fenêtre. Sur le terrain vague
voisin, une équipe de manœuvres avait entrepris des travaux de terrassement. « Mon
nouvel entrepôt, cinq fois plus grand que celui-ci. Merci, Seigneur, pour la
prohibition. »
    Lev comprit qu’il n’était pas le
premier à avoir eu cette brillante idée.
    Il paya l’homme et ils chargèrent
le whisky dans le Mack.
    Le lendemain, Lev retourna à
Buffalo.
    3.
    Lev rangea la camionnette pleine
de whisky dans la rue, devant la maison des Vialov. L’après-midi d’hiver s’achevait
déjà, il faisait presque noir. Il n’y avait pas de voiture dans l’allée. Il
attendit un moment, tendu, impatient, prêt à prendre la fuite, mais ne perçut
aucun mouvement.
    Les nerfs à vif, il sortit du
camion, se dirigea vers la porte et entra avec sa propre clé.
    Tout était silencieux. Il finit
par percevoir à l’étage la voix de Daisy et les réponses chuchotées de Polina.
Il n’entendait rien d’autre.
    Se déplaçant sans bruit sur le
tapis épais, il traversa le vestibule et jeta un coup d’œil dans le salon.
Toutes les chaises avaient été poussées contre les murs. Au centre, sur un
catafalque drapé de soie noire, reposait un cercueil d’acajou verni aux
poignées de laiton rutilantes. Le cadavre de Joseph Vialov était allongé dans
la bière. La mort avait adouci ses traits pugnaces, et il avait l’air inoffensif.
    En robe noire, Olga veillait,
seule, la dépouille de son père. Elle tournait le dos à la porte.
    Lev entra dans la pièce. « Bonjour,
Olga », dit-il tout bas.
    Elle faillit hurler, mais il posa
la main sur sa bouche pour l’en empêcher.
    « N’aie paspeur . Je suis venu te parler. » Lentement, il relâcha la pression.
    Elle ne cria pas.
    Il se détendit un peu. Le premier
obstacle était franchi.
    « Tu as tué mon père !
lança-t-elle avec colère. De quoi veux-tu me parler ? »
    Il prit une profonde inspiration.
Il fallait jouer serré. Le charme ne suffirait pas. Il faudrait aussi de la
cervelle. « De l’avenir. » Il parlait d’un ton bas, intime. « Le
tien, le mien, celui de la petite Daisy. Je suis dans le pétrin, je sais – mais
toi aussi. »
    Elle refusa de l’écouter. « Je
ne suis absolument pas dans le pétrin. » Elle se détourna et contempla le
corps.
    Lev prit une chaise et s’assit à
côté d’elle. « L’affaire dont tu as hérité va à vau-l’eau. C’est la
dégringolade, elle ne vaut plus tripette.
    — Mon père était très riche !
protesta-t-elle, indignée.
    — Il possédait des bars, des
hôtels et une entreprise de vente de boissons alcoolisées en gros. Toutes ces
boîtes perdent de l’argent, et ça ne fait que quinze jours que la prohibition
est en vigueur. Il a déjà fermé cinq bars. Bientôt, il ne restera plus rien. »
Lev hésita, avant de brandir l’argument massue : « Tu n’es pas seule
en cause. Il faut que tu saches avec quoi tu vas élever Daisy. »
    Elle eut l’air ébranlé. « Tu
crois vraiment qu’on va faire la culbute ?
    — Tu as entendu ce que ton
père m’a dit au petit déjeuner avant-hier.
    — Je ne me souviens pas
bien.
    — Écoute. Tu n’es pas
obligée de me croire. Vérifie. Demande à Norman Niall, le comptable. Pose la
question à qui tu veux. »
    Elle lui jeta un regard dur, et
décida de prendre ses paroles au sérieux. « Pourquoi est-ce que tu es venu
me dire ça ?
    — Parce que j’ai trouvé le
moyen de sauver la boîte.
    — Comment ?
    — En important de l’alcool
du Canada.
    — C’est illégal.
    — Je sais. Mais c’est ta
seule chance. Si tu n’as pas de gnôle à vendre, tu peux fermer boutique. »
    Elle releva la tête. « Je n’ai
besoin de personne.
    — C’est sûr. Tu peux vendre
cette baraque et en obtenir un joli paquet, investir l’argent et aller t’installer
dans un petit appartement avec ta mère. Avec ce que ton père t’a laissé, tu
devrais avoir de quoi vous tirer d’affaire, Daisy et toi,

Weitere Kostenlose Bücher