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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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se
redressa sur un coude et chercha à écarter Lena. Puis, comme il voulait se
relever, il poussa un cri et retomba.
    Sa peau vira au gris, et il cessa
de respirer.
    « Merde ! » lança
Lev.
    Lena se mit à pleurnicher. « Josef,
oh ! Joe chéri, ouvre les yeux ! »
    Lev posa la main sur le torse de
Josef. Le cœur ne battait plus. Il prit son poignet et ne sentit pas le pouls.
    Ce coup-ci, je suis vraiment dans
le pétrin, se dit-il.
    Il se leva. « Polina,
appelez une ambulance. »
    Elle gagna le couloir et souleva
le combiné.
    Lev regarda le corps. Il fallait
qu’il prenne une décision, et vite. Rester ici, protester de son innocence,
feindre le chagrin, essayer de s’en tirer ? Non. Les chances étaient trop
minces.
    Il fallait partir.
    Il monta à l’étage quatre à
quatre et retira sa chemise. Le scotch qu’il avait vendu aux Cosaques durant la
guerre lui avait rapporté beaucoup d’or. Il en avait tiré un peu plus de cinq
mille dollars américains et avait caché les billets dans sa ceinture-portefeuille,
qu’il avait collée derrière un tiroir au papier adhésif. Il passa la ceinture
autour de sa taille et remit sa chemise et sa veste.
    Il enfila son pardessus.
Au-dessus de son armoire, un vieux sac marin contenait son pistolet
semi-automatique d’officier de l’armée américaine, un Colt 45 modèle 1911.
Il fourra l’arme dans la poche de son manteau. Il jeta une boîte de munitions
et quelques sous-vêtements dans le sac, et redescendit.
    Dans la salle à manger, Lena
avait glissé un coussin sous la tête de Josef, qui avait l’air plus mort que
jamais. Olga était au téléphone dans l’entrée : « Faites vite, je
vous en prie, je crois qu’il va mourir ! » disait-elle. Trop tard,
chérie, pensa Lev.
    « L’ambulance va mettre trop
longtemps, annonça-t-il. Je vais chercher le docteur Schwarz. » Personne
ne lui demanda pourquoi il emportait un sac.
    Il se rendit au garage et fit
démarrer la Packard Twin Six de Josef. Il sortit de la propriété et s’engagea
vers le nord.
    Il n’avait pas l’intention d’aller
chercher le docteur Schwarz.
    Il prit la direction du Canada.
    2.
    Lev roulait à fond de train. En dépassant
les faubourgs nord de Buffalo, il se demanda de combien de temps il disposait.
Les ambulanciers préviendraient la police, cela ne faisait pas de doute. Les
flics comprendraient immédiatement que Josef était mort au cours d’une bagarre.
Olga n’hésiterait pas un instant à leur dire qui avait assommé son père :
si elle ne détestait pas Lev avant, cette fois, c’était chose faite. Dès cet
instant, il serait recherché pour homicide.
    Le garage des Vialov contenait
généralement trois véhicules : la Packard, la Ford T de Lev et une
Hudson bleue dont se servaient les hommes de main de Josef. Il ne faudrait pas
longtemps aux cognes pour déduire que Lev avait pris la Packard. Dans une
heure, estima-t-il, la police se mettrait à la recherche de la voiture.
    À ce moment-là, avec un peu de
chance, il aurait quitté le pays.
    Il s’était rendu plusieurs fois
au Canada avec Marga. Toronto n’était qu’à cent cinquante kilomètres, trois
heures de route, en roulant bien. Ils se faisaient enregistrer à l’hôtel sous
le nom de Mr et Mrs Peters et sortaient en ville, tirés à quatre
épingles, sans avoir à s’inquiéter que quelqu’un les surprenne et aille tout
raconter à Josef Vialov. Lev n’avait pas de passeport américain, mais il
connaissait plusieurs passages où la frontière n’était pas surveillée.
    Il arriva à Toronto à midi et
descendit dans un hôtel tranquille.
    Il commanda un sandwich à la
cafétéria puis s’assit quelques minutes pour examiner la situation. Il était
recherché pour assassinat. Il n’avait plus de toit et ne pouvait rejoindre
aucune de ses deux familles sans risquer de se faire arrêter. Peut-être ne
reverrait-il plus jamais ses enfants. Il possédait cinq mille dollars dans une
ceinture-portefeuille et une voiture volée.
    Il se rappela les fanfaronnades
auxquelles il s’était livré devant son frère, dix mois auparavant seulement.
Que penserait Grigori maintenant ?
    Il mangea son sandwich, puis erra
sans but dans le centre-ville, profondément abattu. Il entra dans un magasin de
vins et spiritueux et acheta une bouteille de vodka à emporter dans sa chambre.
Il ne lui restait qu’à passer la soirée à se soûler. Il nota que la bouteille
de whisky était à quatre

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