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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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il chassa bien vite ses soupçons de
     remords pour revenir à l’essentiel pour lui. S’assurer que ce marin ou n’importe
     quel autre homme ne représente jamaisune menace, si petite
     soit-elle, pour la quiétude de ses vieux jours.
    — Promets-moé, ma fille, de toujours rester avec moé. Promets-le-moé…
     supplia-t-il.
    Joséphine plongea son regard dans celui de son paternel et solennellement, sans
     hésitation, du fond de son cœur, elle promit.
    — Merci ma fille, merci ben. Ah, ton eau commence à bouillir, fit-il remarquer.
     Tu en garderas pour me faire une tasse de thé. Pis tu viendras me la porter dans
     ma chambre, j’ai besoin de me recoucher un peu.
    Joséphine le regarda quitter la cuisine et se diriger vers sa chambre à
     coucher. Un nouvel accès de toux le faisait marcher courbé en deux. Pauvre père…
     Comme il devait souffrir. Il n’aurait même pas eu à lui faire une telle demande.
     De toute façon, cela avait toujours été clair, elle s’occuperait de lui. À elle
     aussi sa mère avait parlé avant de mourir et lui avait demandé de veiller sur
     les siens. C’était son devoir de fille, tout simplement. Pour elle, tout cela
     n’avait jamais posé problème… Si elle s’était mariée avant ses sœurs, elle les
     aurait emmenées avec elle, son père également… Maintenant, ce serait encore plus
     facile, si jamais un prétendant se déclarait, si… un étranger, par exemple, qui
     n’aurait pas de maison à lui… ce prétendant… si jamais il se déclarait… il
     serait probablement heureux de se voir offrir, en guise de dot, une nouvelle
     demeure… si ce prétendant était un marin malade… s’il se déclarait… si… « Oh mon
     doux, Joséphine ! Tu vas te faire du mal à rêvasser comme ça. Allez, à la
     vaisselle ! Ça sert jamais à rien de se triturer les méninges » se dit-elle en
     retournant à sa besogne.

    Après les fameuses confidences de son père, Joséphine redoublad’ardeur et se partagea entre les quatre volontés de celui-ci et les soins
     prodigués à son protégé qui ne cessait de la courtiser. En dépit de l’inquiétude
     qui la prenait à chaque quinte de toux paternelle, Joséphine nageait dans le
     bonheur. Elle voyait bien que le marin s’intéressait à elle. On n’avait pas
     besoin de grande jugeote pour décrypter les sous-entendus, les caresses furtives
     mais bien réelles. Caresses que Patrick O’Connor s’enhardissait à diriger de
     plus en plus vers la poitrine de la belle Joséphine. Tiens, voilà qu’il la
     qualifiait de beauté maintenant. Ah, si le vieux monsieur Mailloux croyait
     l’intimider avec ses menaces. C’en était trop drôle ! Il était presque guéri
     maintenant et avait recouvré ses forces. D’ailleurs, il ne pourrait plus
     longtemps donner le change au curé lors de ses inévitables visites. Il lui
     faudrait se résigner à quitter ce nid douillet. Quels doux moments ! Se faire
     dorloter ainsi… De bons petits plats… Et surtout, il devait se l’avouer, des
     jours de vrai bonheur qu’il n’aurait pas cru possible de partager avec une
     femme. Ses expériences passées se résumaient à des filles faciles qu’il
     embarquait dans son lit de passage, soit grâce à ses légendaires sourires, soit,
     quelquefois, à l’aide d’un peu d’argent. Mais jamais il n’avait connu une telle
     intimité et pourtant, Joséphine ne partageait pas sa couche… C’était plutôt
     cette connivence, cette sorte d’amitié qui s’était développée entre eux qui lui
     plaisait énormément. Joséphine n’était pas une fille compliquée ; toujours de
     bonne humeur, elle semblait dépourvue de cette habituelle et détestable
     complexité féminine propre aux filles comme il faut, dont Joséphine faisait
     pourtant indéniablement partie. Et ce corps, qui le narguait depuis des
     semaines… Tiens le voilà encore, qui se courbait vers lui, pour réajuster les
     oreillers.
    « Ah Joséphine, tu vois pas l’effet que tu produis sur moé ! C’est ça,
     sauve-toé vers la commode pour mettre de l’ordre… »
    L’Irlandais n’en pouvait plus de désirer la jeune femme, de l’avoir siprès de lui, tentante…
    « Oui, tourne-moé le dos, penche-toé vers un tiroir… Quelle croupe ! Rebondie,
     large, comme il serait bon de s’y agripper fermement… Ah… Un corps si généreux,
     oui, retourne-toé, échappe ce mouchoir par terre… plie-toé pour le
    

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