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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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ramasser… »
    Quelle poitrine ! Un corsage plein… Le marin s’imaginait y puiser à deux mains
     les rondeurs enfermées, les faire jaillir vers la liberté pour les emprisonner
     dans ses propres mains cette fois… s’y enfouir le visage, s’y étouffer…
    « J’en peux vraiment pus… Allons, Patrick, concentre-toé… T’as pas entendu du
     bruit en bas tout à l’heure ? »
    L’homme ferma les yeux. Oui, il était certain que quelqu’un venait de quitter
     la maison en claquant la porte. Et comme Joséphine était ici même, cela ne
     pouvait être que monsieur Mailloux… ce qui voulait dire… qu’il était seul… avec…
     oui, oh oui…
    — Joséphine, interpella le marin en s’assoyant sur le rebord du lit.
    Au ton de la voix, la jeune fille figea et sentit qu’il arrivait quelque chose.
     C’était la première fois qu’il ne lui donnait pas du mademoiselle Mailloux gros
     comme le bras et puis, les yeux de l’homme brillaient comme si la fièvre était
     revenue, pourtant c’était impossible…
    — Vous avez besoin de quelque chose ? demanda-t-elle timidement.
    — Oui… répondit Patrick en se levant et en s’approchant d’elle. Moé… avoir
     besoin… de vous… de toé… ajouta-t-il en la prenant dans ses bras.
    Elle ne broncha pas, paralysée par l’intensité du moment. Sans la quitter des
     yeux, Patrick déposa ses lèvres sur la bouche entrouverte de Joséphine. Celle-ci
     se souviendrait toujours de la sensation unique et incroyable de ce premier
     baiser : un contact d’une douceur sans nom, d’une fraîcheur surprenante, d’une
     chaleur sans pareille. C’étaitcomme si l’eau et le feu pouvaient
     enfin danser ensemble. Patrick l’embrassa, longuement. Comme il était bon de
     serrer ce corps tout contre le sien. Il n’avait que trop tardé.
    Enfin, il s’était décidé à l’embrasser, enfin elle connaissait ce moment. Elle
     ne savait plus quelle excuse inventer pour tourner autour de lui. C’était encore
     mieux que dans ses rêves. L’Irlandais mit fin au baiser pour se mettre à
     chuchoter des mots doux à l’oreille de Joséphine.
    — Oh Joséphine, toé être si belle… moé devenir fou…
    Patrick ferma les yeux et revint s’intéresser aux lèvres de la jeune femme pour
     un autre baiser. La jeune fille se laissait aller, se collait, tout
     naturellement. Lentement, sans la délaisser, il recula jusque vers le lit, où il
     se laissa choir, emportant avec lui son précieux butin.
    — Oh Joséphine… répétait inlassablement l’homme.
    L’accent la faisait vibrer autant que d’entendre son nom. Les caresses se
     firent de plus en plus osées… Leurs souffles rapides devinrent une musique aux
     oreilles de Joséphine, et quand Patrick empoigna un de ses seins, elle chantonna
     un gémissement de plaisir que l’amant prit pour une plainte.
    — Ma belle Joséphine… Laisse-moé t’aimer, partout… laisse-moé… supplia-t-il
     tout en lui remontant les jupes et en lui caressant les fesses.
    — Mais… haleta Joséphine, non… Patrick…
    Joséphine essaya de trouver la volonté de mettre fin à ces caresses, mais son
     corps refusait de repousser une minute de plus l’heure de son
     accomplissement.
    — De toute façon, tu vas m’épouser, n’est-ce pas ?
    Quoi ? Il venait de la demander en mariage ! Joséphine était si heureuse ! Elle
     éclata d’un grand rire de bonheur et tout en acceptant la grande demande, elle
     laissa Patrick conquérir ce corps dont elleavait désespéré qu’il
     inspire un jour du désir.

    À l’heure du souper, lorsque le père Mailloux rentra de sa visite hebdomadaire
     à un vieil ami, il trouva la table recouverte de la belle nappe des grandes
     occasions, et trois couverts mis.
    — T’as sorti la vaisselle du dimanche ? s’étonna-t-il.
    Joséphine vérifia pour la troisième fois la cuisson de son bouilli qui mijotait
     doucement depuis plus d’une heure. Nerveusement, elle s’essuya les mains sur son
     tablier et osa affronter son père. Elle avait une peur bleue que sa nouvelle
     condition de femme paraisse sur son visage. Même si Patrick lui avait promis le
     mariage, il n’en restait pas moins que son père désapprouverait certainement le
     fait qu’il ait été consommé avant même d’avoir été célébré. S’il fallait que
     cela se sache, sa réputation serait finie et une fille sans réputation, c’était
     une condamnée. Elle ne regrettait

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