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La cote 512

La cote 512

Titel: La cote 512 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thierry Bourcy
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qui s’avance, seconde après seconde, sans rien pouvoir faire, c’est au-dessus de leurs forces.
    Doussac hocha la tête et resta silencieux. Il recracha lentement la fumée de sa cigarette.
    — Je pense qu’il arrive toujours un moment où la guerre est au-dessus de nos forces. Et c’est à ce moment-là, précisément, que l’on choisit d’être vainqueur ou vaincu. Regagnez votre poste, Louise, et dites aux autres de ne pas s’affoler.
    Célestin quitta l’abri, à la fois impressionné par le calme de son supérieur et agacé par son détachement, une façon subtile de le prendre de haut.
    Où se croyait-il, celui-là ? En même temps, il ne pouvait pas s’empêcher de lui conserver sa sympathie, et il savait pouvoir compter sur son appui pour mener son enquête. Quand il retourna au parapet, Flachon avait perdu son habituelle jovialité. Pâle, tendu, un tic nerveux lui tiraillait la lèvre inférieure, il bougonnait une colère qui dissimulait mal son angoisse.
    — Salauds de Boches ! Mais regarde-moi ces fumiers ! Ils ont trop peur de venir se battre, ces couilles molles, alors ils creusent comme des rats pour nous faire sauter la gueule !
    — Peuch est parti chercher les gars du génie.
    — Et qu’est-ce que tu veux qu’ils foutent, les gars du génie ? On sera réduits en petits morceaux bien avant qu’il arrivent !
    Célestin lui donna une petite bourrade amicale et se glissa un peu plus loin dans la tranchée. Trois hommes qui avaient été relevés au parapet avaient entamé une partie de cartes, mais le cœur n’y était pas. Germain les observait distraitement, cigarette au bec, adossé à la paroi. Il leva les yeux vers Louise.
    — Vous pensez qu’on va tous sauter, monsieur ?
    — Bien sûr que non !
    Fontaine, qui était de garde au créneau, se tourna vers eux.
    — T’as l’air bien sûr de toi, parigot. Qu’est-ce qui te fait dire qu’on va s’en sortir ?
    — C’est juste une question de logique. Si je dis qu’on va s’en sortir et qu’on se volatilise tous dans les airs, il n’y aura plus personne pour me reprocher que j’avais tort. Mais si on s’en sort, comme je le crois, vous serez tous épatés parce que j’avais raison.
    — T’es con ! s’indigna Fontaine qui retourna à son guet.
    — Belote, rebelote et dix de der ! annonça un des joueurs de cartes.
    L’après-midi s’éternisa comme un cauchemar. Tous les hommes guettaient les coups sourds qui venaient du fond de la terre, chaque coup creusant la mine, approchant d’eux la charge mortelle. Ce soir-là, le cuistot fit encore plus vite que d’habitude. Il avait quand même eu le temps de raconter à la petite troupe ce que c’était que l’explosion d’une mine, et comment des tonnes de terre se trouvaient soudain projetées en l’air avec, au milieu, les cadavres qui retombaient déjà morts.
    — Restez surtout attentifs au bruit : c’est quand ils arrêteront de creuser que ça deviendra dangereux. Ça voudra dire qu’ils sont en train d’évacuer… et boum !
    — Dis donc, pile-miche, t’as bientôt fini de nous foutre les chocottes ? Ça te fait marrer ? l’apostropha le gros Flachon, fou de rage. Mais tu vas rester avec nous, comme ça, le voyage sur la lune, on le fera tous ensemble !
    Et, se mettant en travers de la tranchée, il empêchait le gros type, pataud, de s’en aller. L’autre commençait à transpirer, geignant :
    — Mais laissez-moi passer, nom de dieu ! Sinon, demain, je peux vous dire que vous claquerez du bec !
    — Demain, justement, on sera plus là, alors autant que tu nous accompagnes au paradis pour nous faire la tambouille là-haut, face de noix !
    Ils finirent par le laisser partir. Il courait presque avec ses gamelles vides qui bringuebalaient, il s’évanouit avec une agilité qu’on ne lui eût pas soupçonnée. Il faisait déjà nuit lorsque l’équipe du génie arriva, guidée par Peuch. Ils étaient quatre, un capitaine à leur tête. Ils se présentèrent immédiatement au lieutenant Doussac et demandèrent à passer dans l’abri. Dans la tranchée, les hypothèses fusaient : allaient-ils creuser à leur tour pour surprendre les Boches ? Ou provoquer par une explosion bien placée l’écroulement de la mine avant la mise à feu de la charge ? Ou, tout simplement, évacuer en vitesse ?
    — Capitaine Farel, se présenta l’officier du génie.
    Il demanda à Doussac la permission d’ausculter le sol de la

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