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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hâta vers le château, de crainte d’être vu avec une personne aussi dénuée de respect pour ces êtres à demi fabuleux qui évoluaient dans le monde de la cour.
    Tout à coup, derrière elle, elle entendit crier : « Vive le roi ! »
    Elle se retourna soudain, pâlie et tremblante.
    – Le roi ! murmura-t-elle. Le roi !… Lui ! François !
    Un groupe de cavaliers s’avançait vers les grilles du château. Celui qui venait en tête, en avant de tous les autres de quelques pas, était un seigneur de haute mine, dont le pourpoint de velours cramoisi faisait valoir la taille.
    Et les yeux de Margentine buvaient, pour ainsi dire, cette vision, avec un étonnement infini, tandis qu’il lui semblait que tout craquait en elle et qu’un prodigieux travail s’accomplissait dans sa tête !
    Depuis les temps lointains où Margentine avait été abandonnée par son amant, depuis l’affreuse scène où, toute sanglante encore de ses couches, à demi morte, elle était apparue dans la salle de débauche où François riait et chantait près de la fille-mère agonisante, depuis cette heure maudite, jamais Margentine n’avait revu l’homme qu’elle avait tant aimé.
    Que le roi eût changé, vieilli, il n’en demeurait pas moins le cavalier si fier, avec son sourire un peu ironique et ses yeux froids, qu’elle voyait venir jadis avec extase, quand, sur le seuil de la maison de Blois, elle interrogeait avidement la route.
    Et elle le revit tel qu’elle le voyait alors.
    Nous ne pouvons dire qu’elle le
reconnut :
de Blois à Fontainebleau, il n’y avait pas dans son esprit de solution de continuité.
    Margentine, en se trouvant ramenée en une seconde à près de vingt ans en arrière, subit-elle une transformation qui atteignit jusqu’aux fibres les plus profondes de son être ?
    Le roi passa à dix pas d’elle. Il ne la vit pas.
    Mais elle le vit, elle !
    Ses mains se joignirent avec force. Elle voulut crier. Elle comprit qu’elle n’arrivait qu’à bégayer…
    Déjà il était passé…
    Et alors, parmi quelques gentilshommes formant escorte, elle vit deux femmes…
    Deux femmes qui cheminaient côte à côte…
    L’une lui jeta un regard brûlant, puis ce regard se reporta sur sa compagne comme pour la lui désigner.
    C’était la duchesse d’Etampes.
    Et l’autre, c’était Gillette ! Gillette que Margentine ne reconnut pas…
    Tout à coup, le cheval de la duchesse d’Etampes fit un écart, et en quelques bonds se trouva près de Margentine.
    La duchesse, en se penchant comme pour flatter l’encolure de la bête et la calmer, laissa tomber quelques mots. Puis elle rejoignit en souriant, sans que personne se fût douté de sa manœuvre.
    – Ta fille, ta Gillette, la voilà !…
    Ces paroles tombèrent dans la pensée de Margentine comme des gouttes de plomb fondu.
    Et ces paroles la galvanisèrent, la fouettèrent, la jetèrent, délirante, vers le groupe qui, à ce moment, franchissait les grilles du château.
    – Au large ! hurla la sentinelle.
    – Ma fille ! ma Gillette ! hurla la mère en bondissant.
    Un coup de feu éclata.
    Margentine, ensanglantée, tomba sur ses genoux, les bras tendus vers Gillette, puis se renversa inanimée.
    Un cri d’horreur avait retenti dans le groupe des gentilshommes du roi. L’un d’eux avait couru à la sentinelle.
    – Qui t’a dit de tirer, misérable ?
    – C’est la consigne du roi, répondit le soldat.
    Le gentilhomme s’écarta prudemment, déjà inquiet de son mouvement d’indignation.
    Mais le roi ne faisait pas attention à lui.
    Il suivait des yeux Gillette qui, sautant à bas de sa monture, s’était élancée vers Margentine, et il disait à la duchesse d’Etampes :
    – Chère amie, ramenez donc cette petite écervelée qui va se commettre…
    Le roi avait-il reconnu Margentine ?
    Pas encore !
    Gillette, disons-nous, se mit à courir vers Margentine, s’agenouilla près d’elle, et souleva sa tête pâle qui avait en ce moment un étrange caractère de beauté.
    Alors, elle reconnut la folle du taudis de la rue des Mauvais-Garçons.
    Elle se souvint de la terreur que cette femme lui avait inspirée, elle se rappela le masque empoisonné…
    Une larme tomba de ses yeux, et elle murmura :
    – Ce n’est pas ma mère !…
    Au cri de Margentine, à cet appel puissant et vibrant, Gillette avait eu un instant cette précise et palpitante sensation que
c’était sa mère qui l’appelait…
    Et maintenant, sa

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