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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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elle continuait à dévorer Gillette du regard.
    – Voilà qui est fait ! dit le chirurgien. Si on est tranquille, si on ne touche pas au pansement, je réponds d’une prompte guérison.
    Il se retira.
    Gillette, alors, regarda autour d’elle et vit qu’il n’y avait plus personne dans sa chambre.
    Elle ferma la porte et vint s’asseoir près de Margentine.
    – Où suis-je ici ? demanda Margentine.
    – Dans le château de Fontainebleau.
    Un frisson agita Margentine.
    – Le château, murmura-t-elle. Ah ! oui… le château du roi de France, n’est-ce pas ?
    – Oui, madame.
    On eût dit que le coup de feu de la sentinelle avait tué la folie de Margentine.
    Avec un émerveillement presque terrifié, elle constatait qu’elle raisonnait ; elle percevait la clarté, l’ordre et la logique de ses pensées ; elle comprenait qu’elle redevenait la directrice de sa mémoire.
    Elle refit comme en un rêve rapide, son voyage de Paris à Fontainebleau ; elle se revit attendant le passage du roi – de son amant ! – et se répéta les paroles de la duchesse d’Etampes :
    – Ta fille ! ta Gillette ! la voilà…
    Mais par une sorte d’ombre portée, une partie des événements qui s’étaient passés pendant sa folie, lui demeuraient interceptés.
    C’est ainsi qu’elle ne se rappelait nullement pourquoi elle avait eu l’idée de venir à Fontainebleau ; elle ne se rappelait pas davantage que cette belle jeune fille qui lui souriait était venue dans son taudis.
    Elle reprit avec une timidité angoissée :
    – Voulez-vous me dire votre nom ?
    – Je m’appelle Gillette…
    Les doigts de Margentine se crispèrent sur les couvertures du lit ; mais elle se contint.
    – Gillette ! fit-elle avec une profonde douceur ; c’est un bien joli nom…
    Gillette sourit.
    – Pourquoi m’a-t-on transportée en ce beau château ?
    – C’est moi qui l’ai voulu ainsi…
    – C’est vous ? Ah ! au fait… cela ne m’étonne pas…
    – Pourquoi cela ? fit Gillette en souriant.
    – Parce que vous êtes bonne… et puis… parce qu’il fallait peut-être que les choses fussent ainsi…
    Gillette ne comprit pas cette phrase obscure, qui, chez Margentine, traduisait des sentiments plus obscurs encore. D’ailleurs tout l’étonnait dans l’attitude et les paroles de la blessée.
    Etait-ce bien là cette même femme qui l’avait si durement traitée à Paris ? Quel revirement s’était opéré en elle ?
    Et pourquoi, aussi, Margentine, tout à l’heure, avant le coup de feu, s’était-elle élancée vers elle, en criant :
    – Ma fille ! Ma Gillette !
    Cette femme lui apparaissait enveloppée de mystère.
    Cependant Margentine lui demandait :
    – On dit que le roi a une fille… comprenez-moi… une fille dont on ne connaît pas la mère… Est-ce vrai ?
    La question fit pâlir Gillette. Ses yeux se voilèrent. Elle baissa la tête… Margentine la regardait avidement.
    Elle reprit d’une voix haletante :
    – Répondez-moi… oh ! croyez-le… soyez-en sûre… si je vous demande ces choses… Répondez-moi comme vous répondriez à une agonisante que vos paroles peuvent faire vivre ou tuer…
    – Il est vrai, madame, dit alors Gillette… le roi a une fille ou, du moins, j’ai pu le croire puisque lui-même me l’a dit…
    – Cette fille… c’est vous, n’est-ce pas ? c’est vous…
    Un douloureux soupir échappa à la jeune fille qui dit :
    – C’est moi, en effet… Fille de roi… hélas ! fille sans mère !
    Margentine fut agitée d’un tremblement convulsif.
    Et de ses yeux, des larmes lentes coulèrent.
    – Madame ! Madame ! s’écria la jeune fille effrayée, vous sentez-vous plus mal ?
    Margentine fit non de la tête.
    Et d’une voix oppressée, elle murmura :
    – Attendez… j’ai des choses à vous dire… il faut que je puisse parler…
    Frémissante, Gillette attendit.
    – Ecoutez dit enfin Margentine… il faut que je vous dise… Il y a dans ma vie une longue période pleine de ténèbres, et je sens que j’essaierais en vain d’y jeter quelque lueur… Que s’est-il passé dans cette période ? Je ne sais… Combien de jours ou d’années cela a-t-il duré, je ne sais pas non plus… Il me semble que j’ai dormi longtemps… longtemps… et que je viens seulement de me réveiller… C’est à peine si je garde un souvenir vague de quelques événements… C’est ainsi qu’il me semble vous avoir vue… mais

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