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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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accompagné jusqu’au seuil par Triboulet qui lui fit une profonde révérence.
    Le lendemain matin, Montgomery, posté dans l’antichambre du roi, attendit avec impatience que François I er le fit appeler. Mais le roi était absorbé par une grave opération : sa toilette de chasse… Il partit pour la forêt sans demander à son capitaine aucune nouvelle de la double battue de la veille.
    On a vu la scène qui eut lieu entre François I er et la duchesse d’Etampes au retour de la chasse, on a vu que Montgomery avait su mériter de son roi un sourire qui l’avait quelque peu réconforté ; on a vu enfin que le roi s’était rendu chez Gillette, et ce qui s’en était suivi.
    Ce fut à ce moment que François I er se rappela les ordres qu’il avait donnés.
    Il fit venir Montgomery et l’interrogea d’une voix si sombre que le capitaine, tremblant, songea que, décidément, il allait passer un mauvais quart d’heure.
    Mais aussitôt, il se remit et, payant d’audace, se fiant sur le hasard et les revirements de la cour, il répondit :
    – Sire, nous n’avons pu arrêter ni la dame Ferron ni les deux truands… La raison en est toute simple, sire, c’est que cette femme et ces deux hommes ont quitté Fontainebleau.
    Et Montgomery se lança dans un grand luxe de détails imagina séance tenante une série de scènes qui intéressèrent fort le roi, et termina en disant :
    – Nous avons arrêté hier et cette nuit une soixantaine de personnes qui sont au château, sire… Je vais, si le roi m’y autorise, faire relâcher ces gens, puisque les seuls qui intéressent Votre Majesté sont en fuite…
    François I er avait écouté d’un air sombre les explications de Montgomery. Il était évident que sa pensée était ailleurs.
    Enfin, un soupir lui échappa.
    Et se tournant vers Montgomery :
    – Allez, monsieur. Renvoyez vos prisonniers ; et, puisque vous êtes sûr que les personnes en question ne sont plus à Fontainebleau, c’est que tout est pour le mieux ; n’en parlons plus.
    François I er demeura enfermé chez lui pendant deux heures.
    La soudaine apparition de Margentine se dressant entre Gillette et lui, le bravant du regard, le menaçant du geste, l’avait violemment frappé.
    Au bout de deux heures, on vit François I er sortir de son cabinet. Il paraissait sombre et préoccupé.
    Il se dirigea vers l’appartement de la duchesse d’Etampes.
    Qu’allait-il faire chez Anne ?
    Allait-il lui demander la consolation ?
    Peut-être l’astucieuse duchesse attendait-elle cette visite…
    Elle avait fait une toilette savante.
    Habillée, ou plutôt déshabillée avec un art consommé, elle s’apprêtait à une lutte suprême pour reconquérir la couronne.
    La couronne !…
    Et n’était-elle pas en effet presque reine ?
    Ou bien y avait-il au fond de cette conscience quelque monstrueux espoir s’étayant sur des assassinats possibles ?…
    Quoi qu’il en soit, lorsque François I er entra chez la duchesse, il s’assit ou plutôt se laissa tomber dans un fauteuil, et, comme après Marignan, il murmura :
    – Tout est perdu !
    Mais cette fois, il n’osa ajouter :
    – Hormis l’honneur !
    Il n’avait fait attention ni à la capiteuse toilette d’Anne, ni à son sourire plein de promesses, et n’avait pas vu qu’elle s’était avancée vers lui en tendant ses lèvres.
    – Il souffre donc bien ! pensa-t-elle.
    Pour une femme comme la duchesse d’Etampes, le doute n’était pas possible.
    Ce roi, ce grand coureur de femmes, ce grand trousseur de jupes, cet homme que la vieillesse marquait au front et que la maladie poussait à la tombe, ce roi qui avait passé sa vie à rire de l’amour et des femmes, ce reître qui n’avait jamais vu dans la femme qu’un instrument de passion, eh bien ! il était dompté par une petite fille sans malice…
    Deux yeux bleus, deux yeux purs et profonds comme le joli ciel azuré de ce coin de France, avaient bouleversé ce sceptique.
    Il tremblait, il soupirait, il pleurait.
    Il aimait enfin !…
    C’était le châtiment qui venait le surprendre à l’apogée de sa carrière de grand amoureux.
    Pensive, la gorge serrée, Anne contempla le roi qui pleurait !…
    Elle n’était plus la femme aimée ! Elle était déchue de cette souveraineté qu’elle avait exercée pendant des années sur le cœur du souverain.
    Elle comprit que c’était la fin de sa carrière de femme.
    Ce fut un drame qui se déroula silencieusement

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