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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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véritable, votre haute intelligence, et vous ai réservé l’une des tâches les plus délicates, les plus dangereuses, les plus glorieuses aussi… Vous serez l’un de nos soldats d’élite, en mission chez l’ennemi…
    – L’ennemi ! exclama sourdement Monclar.
    Imperturbable, Loyola poursuivit :
    – Je vous charge de surveiller le roi de France.
    Sûr de son pouvoir, le moine reprit :
    – C’est surtout la pensée du roi que je veux connaître.
    – En quelle sorte d’affaire, mon père ?
    – En toutes affaires, mon fils. Mais au fur et à mesure que les événements se produiront, je vous ferai connaître sur quel point spécial vous devez porter vos investigations. En attendant, notez tout ce que fait, tout ce que dit le roi ; ses actions les plus simples, ses paroles en apparence les plus indifférentes peuvent avoir pour moi une importance capitale… pour moi, je veux dire pour le bien de l’Eglise et la gloire de Jésus… Et tenez, voulez-vous que je vous donne un bon conseil ?
    – Faites, mon père.
    – Eh bien, tous les soirs, en rentrant chez vous, dans le secret de votre cabinet, écrivez tout ce que vous avez vu et entendu dans la journée. Car je n’ai pas besoin de vous dire que ce qui s’applique au roi s’applique aussi à divers seigneurs de moindre importance. En un mot, faites-vous l’historiographe de la cour de France. En vous livrant tous les soirs à ce petit travail, vous serez sûr de n’omettre aucun détail…
    Monclar gardait le silence.
    – Prenez le temps de réfléchir, mon fils, dit vivement Loyola. Quand vous sentirez que vous êtes à Dieu, dans huit jours, dans un mois, si vous voulez, prévenez-moi.
    – Mon père, dit Monclar, quand voulez-vous que je commence ?
    – Tout de suite, mon fils, dit gravement Loyola. Je vous entendrai en confession générale quand vous voudrez…
    – A l’instant ! s’écria fiévreusement le grand prévôt.
    – Soit ! fît Loyola.
    Monclar s’agenouilla.
    Quand ce fut fini, et que Monclar se fût relevé, une expression plus sombre parut s’être étendue sur son visage.
    – Vous prononcerez vos vœux dès que je pourrai me rendre en quelque église, dit Loyola. Mais dès ce moment, vous êtes à nous, mon fils. Je viens de répandre sur votre tête les paroles augustes et redoutables qui vous consacrent au Seigneur Si vous me trahissez, désormais, vous aurez trahi Dieu lui-même !
    Il y eut quelques minutes d’un silence solennel.
    On eût dit que Loyola voulait laisser à Monclar le temps de bien se pénétrer des paroles menaçantes qu’il venait de prononcer.
    Quant à Monclar, cette acceptation définitive d’un rôle odieux le laissait paisible. Il se disait seulement qu’il était dès lors plus fort que le roi de France lui-même.
    Loyola reprit enfin :
    – Maintenant, mon fils, dites-moi si vous avez réussi l’opération que vous avez entreprise contre les truands.
    – Non, mon père.
    – Ainsi, ce bandit, ce Lanthenay, nous échappe ?
    – Pour le moment, oui.
    – Pourtant, il me faut cet homme ! gronda-t-il.
    – Patience, mon père, dit Monclar, je vous le promets.
    – Bien, mon fils… J’ai foi en votre parole.
    – Je vous jure que vous serez terriblement vengé.
    Loyola fit signe qu’il attendrait avec confiance.
    – Et Dolet ? reprit-il.
    – L’official a commencé à instruire son procès.
    – Il faut que cela soit activé. Je veux, avant de quitter la France, voir s’élever les flammes de son bûcher…
    – Vous les verrez, mon père !… Vous n’avez pas d’autres ordres à me donner en ce moment ?…
    – Non, mon fils… Allez, j’ai besoin de repos… Allez, et que Dieu vous inspire !…
    Tandis que le grand prévôt courbait la tête sous la redoutable bénédiction d’Ignace de Loyola et devenait associé laïque de la compagnie de Jésus, tout se préparait à la cour pour le départ à Fontainebleau.
    Le matin, de bonne heure, le roi avait fait demander maître Rabelais.
    On courut chercher l’illustre docteur dans l’appartement que lui avait fait assigner François I er .
    On ne le trouva.
    Il fut bientôt évident que maître Rabelais s’était enfui.
    Le roi envoya des cavaliers qui parcoururent les environs de Paris : les recherches furent vaines.
    On sait comment et pourquoi Rabelais était parti.
    On sait aussi pourquoi on ne trouva dans sa chambre ni la lettre qu’il avait écrite au roi ni le médicament

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