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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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elle cherchait ce qui pourrait calmer cette sensation étrange, ce désir furieux de vengeance, persuadée que la mort du comte de Monclar la soulagerait aussitôt.
    Alors elle eut cette idée que ce qui pourrait le mieux l’apaiser, ce serait de voir se balancer le grand prévôt au bout d’une corde,
comme elle avait vu son fils.
    Sans s’occuper du grand prévôt, elle se mit aussitôt à fouiller parmi ses hardes et ne tarda pas à trouver ce qu’il lui fallait, c’est-à-dire une bonne corde solide et suffisamment longue.
    Puis elle se mit à inspecter les murs.
    Elle aperçut un gros clou à crochet qui avait été planté jadis dans le mur, et grogna en souriant :
    – Dirait-on pas qu’on l’a mis là exprès !…
    Cependant, elle ne demeurait pas inactive et préparait le nœud coulant, s’assurant qu’il jouerait facilement, et mettant à cette besogne une tranquillité méticuleuse.
    Enfin, elle grimpa sur un escabeau et passa le bout de la corde dans le crochet. Alors la corde pendit le long du mur.
    Son plan était très simple.
    Pousser le comte de Monclar au-dessous du nœud coulant, le lui passer au cou, puis tirer sur le bout de la corde jusqu’à ce que le grand prévôt fut soulevé au-dessus du plancher.
    Celui-ci, repris par sa monomanie, s’était mis à fureter dans tous les coins de la pièce sans s’inquiéter de ce que faisait la bohémienne, et peut-être l’ayant complètement oubliée.
    – Oh ! gronda la Gypsie en s’approchant de lui, si je pouvais réveiller sa raison, ne fût-ce que pour quelques minutes !
    Et saisissant la main du grand prévôt :
    – Ecoutez-moi… Regardez-moi… me reconnaissez-vous, comte de Monclar ?
    – Comte de Monclar ? interrogea le fou.
    – Oui, vous êtes le comte de Monclar, grand prévôt de Paris !
    – Ah ! oui…
    – Et moi, je suis celle dont vous avez tué le fils… Rappelez-vous donc, voyons !
    – Mon fils… Je le trouverai… il m’attend…
    La bohémienne se mit à rire.
    – Ton fils est mort ! dit-elle.
    Le comte de Monclar poussa un terrible hurlement :
    – Qui a dit qu’il est mort ? Je ne veux pas, moi ! Je ne veux pas qu’on le tue ! Arrêtez, misérables !…
    La bohémienne s’était vivement reculée, prise d’épouvante. Elle n’en poursuivit pas moins de sa voix âpre :
    – Et moi, je te dis qu’il est mort ! Ton fils est mort !
    – Mort ! répéta le malheureux dont la fureur tomba soudain et qui se mit à trembler.
    – Mort pendu ! Pendu au gibet ! C’est toi qui l’as condamné !…
    Monclar porta les mains à ses tempes en feu :
    – Non… non… pas moi ! C’est toi, prêtre ! c’est toi, moine d’enfer qui tues mon enfant ! Grâce ! Ne tuez pas mon fils !
    L’infortuné râlait. Il était tombé à genoux. Et sa voix était à donner le frisson. Les paroles de la bohémienne le remettaient avec une atroce précision dans la scène même où son fils avait été entraîné.
    La bohémienne délirait de joie furieuse.
    La réalité dépassait son rêve !
    Pendant quelques minutes, elle se tint silencieuse, uniquement occupée à regarder cette effroyable douleur et à s’en repaître.
    Le grand prévôt se traînait sur les genoux, frappait le plancher de son front, et des cris inarticulés, des cris de bête égorgée venaient expirer sur ses lèvres tuméfiées.
    Puis, avec la soudaineté déconcertante de la folie, une nouvelle révolution s’opéra tout à coup dans sa cervelle. Il cessa de sangloter, se releva et regarda autour de lui avec étonnement.
    – C’est le moment d’en finir ! gronda la bohémienne.
    Elle s’approcha du fou.
    – Venez, dit-elle en lui prenant la main.
    Le comte de Monclar la suivit docilement.
    Elle le conduisit contre le mur, au-dessous du nœud coulant.
    – Mon enfant ? interrogea-t-il, se souvenant vaguement de ce que cette femme lui avait promis.
    – Ton enfant ! rugit-elle, il est mort ! C’est moi qui l’ai tué ! Meurs, toi aussi !
    Au même instant, on frappa violemment à la porte qu’on essayait d’enfoncer.
    La bohémienne n’entendait pas.
    Délirante de haine, elle répéta :
    – Meurs comme est mort ton fils que j’ai tué !
    Le nœud coulant glissa autour du cou du grand prévôt ; mais, à ce moment, comme la Gypsie jetait un cri de triomphe, elle se sentit saisie elle-même à la gorge.
    Le comte de Monclar lui incrustait ses dix doigts dans le cou.
    Il grognait

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