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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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destination de ce chargement ; Gilles répondit qu’il était attendu au château de Bouvreuil et qu’il avait été retardé par le mauvais temps.
    – Montre ton passeport ! dit l’officier.
    Gilles sortit de sa ceinture un document qu’il laissa volontairement tomber dans une flaque, de telle sorte que, souillé de boue, il ne fût guère déchiffrable.
    L’officier fit un signe aux gardes qui l’accompagnaient. Ils soulevèrent quelques fagots et plongèrent leurs lances à travers le chargement.
    Les trois chariots prirent la direction du nord, à travers une ville qui commençait seulement à s’éveiller. Ils laissèrent à leur droite la silhouette fantomatique de la cathédrale et le marché qui commençait à s’animer dans le brouillard de dix heures.
    Soudain, alors que le convoi passait au large de l’église Saint-Godard, Thierry secoua l’épaule de Gilles.
    – Nous n’allons pas tarder à attirer l’attention, dit-il. Regarde...
    Il lui montra les traces de sang que l’un des chariots laissait dans la neige.
    – Ne nous arrêtons pas, répliqua Gilles. Le château n’est plus très loin, mais quittons cette voie trop fréquentée de manière à tomber droit sur le châtelet, au pied de la tour des Deux-Écus. Avec un peu de chance nous y trouverons ce Stanley dont le capitaine de Sotteville nous a parlé.
    Obliquant dans une rue étroite ils se heurtèrent à un gros fardier livrant du vin à une auberge. Il fallut s’arrêter et s’informer. Thierry trouva le patron en train de trinquer avec une sorte d’ours mal léché qui était le propriétaire du fardier. Il déclara qu’il se rendait au château avec un chargement de bois et que l’intendant allait s’impatienter.
    – Eh bien ! dit l’ours, il patientera. Nous en avons encore pour une petite heure. Tu veux boire un coup en attendant ?
    – Merci. Pas de temps à perdre. Fais avancer ton fardier jusqu’à la place.
    – Eh là ! je ne suis pas à tes ordres. Si tu es pressé tu prends un autre chemin.
    Alors que Thierry s’apprêtait à rompre pour ne pas faire d’histoires, un gamin entra dans l’auberge en agitant les bras et en criant :
    – Venez vite ! C’est plein de sang sur la neige !
    – Du sang ? dit le patron. Tu rêves, gamin !
    Thierry décampa pour alerter Gilles. Ils revinrent à cinq et, sortant leurs armes, obligèrent le patron, l’ours et le gamin, ainsi que deux consommateurs ébahis, à plonger dans la cave dont ils rabattirent la trappe avant de pousser sur elle un bahut.
    Gilles lança aux gars qui faisaient rouler les barriques l’ordre de s’interrompre et de pousser le fardier jusqu’à la place.
    – Que le patron vienne nous le dire lui-même ! protesta l’un d’eux. Nous bougerons pas d’un pouce.
    – C’est ce qu’on va voir, fit Thierry.
    Il lâcha ses hommes sur les débardeurs. Quelques instants plus tard, trois hommes gisaient dans la neige, la gorge tranchée. On jeta leurs corps dans un jardin attenant à l’auberge, tandis que Gilles, prenant les brides, faisait avancer l’attelage.
    L’altercation ayant fait quelque tumulte, il y avait du monde aux fenêtres, avec des protestations, des cris et des menaces. Le fardier venait de se ranger sur la place lorsque l’un des compagnons de Gilles donna l’alerte :
    – Nom de Dieu ! La patrouille... Les gars, nous sommes foutus !
    – Faites sortir nos hommes ! lança Gilles.
    Les monceaux de fagots libérèrent leurs prisonniers. Ils sautèrent sur la chaussée, l’arme au clair, se précipitèrent sur les Godons qui, médusés, se débandèrent en sonnant de la trompe pour alerter ceux du château dont les remparts se devinaient entre les maisons.
    – Foutons le camp ! hurla Thierry. Nous allons être attaqués de toutes parts. Regarde ce qui vient vers nous !
    Un groupe armé fondait sur eux par une ruelle montant au château de Bouvreuil.
    – Nous ne partirons pas, jura Gilles, sans en avoir tué quelques-uns. En avant, les gars !
    Il en avait la certitude : cette tentative était vouée à l’échec. Pourtant, il ne savait quelle folle impulsion l’animait d’aller jusqu’au bout. Il savait que Jeanne n’aurait pas pensé ni fait autrement. Il savait qu’elle était derrière ces murailles qui limitaient l’horizon et se disait que, peut-être, elle avait été alertée et attendait ceux qui viendraient la délivrer. Il tenait à lui dédier ce qu’il savait être sa dernière bataille et peut-être sa

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