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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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dernière heure. Il lui devait bien cet ultime témoignage d’affection et d’amour.
    Il se lança avec rage dans la mêlée, parvint à arracher son épée à un officier et à faire sa moisson de sang. Une dizaine de tués ou de blessés gisaient autour de lui quand il vit un autre groupe de Godons dévaler vers eux. Il lança à ses hommes l’ordre de rompre et de se disperser, à la grâce de Dieu.
    Suivi de Thierry, il s’engouffra dans le jardin de l’auberge, escalada un mur, se retrouva dans une cour où des enfants jouaient aux boules de neige, se rua dans une maison où il sema la panique.
    – Suis-moi, dit Thierry. La campagne est proche. Je connais un coin des remparts qui n’est pas gardé et que nous pourrons franchir à l’aide d’une échelle.
    – Pas sans ma permission, fit une voix derrière eux.
    L’un des soldats qui les avaient poursuivis leur faisait face, tenant son épée à deux mains. Il leur demanda de se rendre, affirmant qu’ils seraient considérés comme prisonniers de guerre.
    – Nous ne sommes pas de ceux qui se rendent ! dit Gilles.
    Il bondit, se heurta à une volte qui le fit reculer. Il se dit qu’il avait affaire à forte partie mais, faisant front de nouveau, il parvint à faire sauter d’un coup de taille l’épaulière marquée aux léopards d’Angleterre.
    – Pas mal ! dit le soldat, mais ça suffit pas !
    Il parvint à repousser Gilles contre une table, le tranchant de l’épée sur sa gorge et s’apprêtait à sortir sa dague lorsque Thierry lui fracassa un tabouret sur le crâne.
    – Laissons-le vivre, dit Gilles. C’est un brave.
    – Assez perdu de temps, dit Thierry. La clé des champs est au fond de ce jardinet.
    Ils franchirent la muraille en s’aidant d’une échelle, sautèrent dans un buisson et se retrouvèrent dans un faubourg paisible ouvrant sur la campagne de Déville. Ils s’enfoncèrent dans des espaces sauvages de taillis et de guérets sans rencontrer âme qui vive, descendirent jusqu’à Croissel pour retrouver la Seine qu’ils purent franchir sans encombre par le bac.
    Tard dans la soirée ils se retrouvaient à Sotteville que les Anglais avaient réoccupé et où ils avaient installé un poste d’une dizaine d’hommes. Ils parvinrent à voler deux chevaux et de la nourriture avant de s’engager sur le chemin de Louviers.
    La Hire ne jugea pas opportun d’accabler Gilles, en se disant que sans doute lui-même n’eût pas fait mieux.
    – Désormais, dit-il, nous ne pouvons rien pour Jeanne. Il faut en prendre notre parti. Je doute que Dunois et Xaintrailles aient plus de chance que nous. Je viens d’apprendre qu’ils tournent autour de Rouen avec une centaine d’hommes chacun, alors qu’il en faudrait des milliers.
    Gilles se laissa tomber sur un tabouret, les mains ballant entre ses cuisses, le visage tourné vers l’âtre. Il marmonna :
    – J’ai tout manqué dans ma vie ! Faire de moi un maréchal de France, c’était confier une épée à un incapable. Quelle dérision ! J’ai manqué mon mariage, j’ai toujours été impuissant à assurer la paix dans mes domaines, je n’ai pas su faire un bon usage de ma fortune... Et voilà qu’aujourd’hui j’échoue à délivrer la Pucelle. Une sorte de fatalité pèse sur ma vie. Il ne me reste qu’à disparaître, à faire en sorte qu’on m’oublie...
    – C’est beaucoup de sottises et d’exagérations, protesta La Hire. Gilles, tu peux être certain d’une chose : on ne t’oubliera pas...

14
    Le Seigneur premier servi

Rouen, février-mars 1431
    Un dimanche de Carême, surprise pour la Pucelle : un clerc venant de la part de l’évêque lui remit une carpe de belle dimension.
    – Un cadeau de monseigneur. Il a constaté que vous aviez besoin d’une nourriture roborative pour affronter les dernières séances du procès. Il a été fort marri de votre défaillance et souhaite que cela ne se reproduise pas. Mangez ce poisson en confiance. Il est tout frais pêché.
    – Vous remercierez monseigneur de sa bonté, répondit Jeanne. Mes gardiens me prépareront cette carpe.
    Elle ajouta :
    – Si mon juge a quelque indulgence pour moi, pourquoi s’obstine-t-il à refuser de m’entendre en confession ?
    – Peut-être parce qu’il vous tient pour une hérétique. Les voies du Seigneur ne peuvent vous être ouvertes tant que vous n’aurez pas fait amende honorable. S’il vous donnait satisfaction, que vous fassiez une profession de foi sincère, il

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