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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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replier.
    – Mais, Jeanne, nous tenions le bon bout ! Durant la nuit nos équipes ont achevé le comblement des fossés. Nous occupons le boulevard. Tout est prêt pour un nouvel assaut !
    – Il faut mettre bas les armes, Gilles ! Ainsi en a décidé le maréchal de La Trémoille...
    – Et le pont de bateaux ?
    – Envolé !
    – Notre matériel, nos échelles, notre artillerie ?
    – L’ordre est de nous replier au plus tôt et de brûler ce que nous ne pourrons emporter.
    – Et nos morts ?
    – Ordre de La Trémoille : plutôt que de les emporter, les faire brûler. Regardez cette fumée, au pied de la butte... Je n’ai même pas pu éviter ce sort à mon page Raymond.
    – Vous paraissez prendre sans émotion l’annonce de cette retraite !
    – Sans émotion, dites-vous ?
    Elle se fit aider de Louis de Coutes pour descendre de cheval, s’accrocha aux épaules de Gilles et murmura entre deux hoquets :
    – Comment pouvez-vous supposer, vous, mon fidèle ami, que cette infamie puisse me laisser indifférente ? Je suis comme crucifiée. De toute cette nuit je n’ai pu fermer l’oeil. J’en veux à La Trémoille, à Charles, au monde entier !
    – Charles ? Vous auriez tort de le rendre responsable de cette retraite prématurée. Il est pris entre deux feux : son Conseil lui serine que Paris ne se rendra que par une négociation, et nous Jeanne, ainsi que tous nos compagnons, restons convaincus que seules nos armes pourront rendre Paris et la France aux Français. Un jour il vous donne satisfaction ; le lendemain il approuve les avis de son Conseil. Ah, Jeanne ! l’envie me revient de retourner dans mes terres !
    Il avait, pour se présenter à la Pucelle, ôté son casque et sa mentonnière. Auréolant ses traits nobles et rudes, sa chevelure et sa barbe blonde où s’accrochaient des gouttes de pluie, flottaient dans le vent qui poussait jusqu’au camp d’atroces odeurs de crémation mêlées à celle des prairies mouillées. Son regard, parfois imprégné d’une étrange luminosité, notamment dans les préparatifs d’un assaut, parfois voilé d’une brume sous le coup d’une déception, étincelait ce matin-là comme celui d’un aigle blessé. Il ajouta d’une voix glacée :
    – Je ne sais ce qui me retient d’aller rejoindre Richemont, de mêler ma colère à sa soif de vengeance, de trouer la panse de ce gros porc de La Trémoille ! Il faudra bien qu’il paie pour ses trahisons. Sa dernière m’est restée en travers de la gorge : avec le consentement de ce pauvre Charles il s’est attribué le gouvernement militaire de Compiègne ! Je ne voulais pas y croire. C’est fait. La fidélité de Guillaume de Flavy au roi lui semblait dangereuse pour le cas où il faudrait livrer bataille aux Bourguignons, c’est-à-dire aux Anglais !
    – Compiègne ne se rendra pas, quoi qu’en pense le Gros Georges. La population ne le supporterait pas. J’y veillerai personnellement.
    – Comment vous y prendrez-vous ? Charles refusera d’aller contre l’avis de son chambellan !
    – Le peu de temps que j’ai séjourné à Compiègne, j’ai acquis la certitude que la population se dressera comme un seul homme pour défendre sa ville. Flavy est d’accord avec moi. Sa garnison est loin d’être acquise aux Bourguignons et les remparts peuvent soutenir un long siège. Mes voix, d’ailleurs, me l’ont assuré...
    Elle resta quelques instants encore appuyée aux épaules de Gilles, son visage à demi enfoui dans les flocons mordorés de la barbe et des cheveux, sans qu’il fît le moindre geste pour l’écarter. Elle ne pouvait se cacher que Gilles la troublait, moins en raison de sa mâle beauté que de cette ombre, de ce mystère qui couvaient en lui et dont elle eût aimé sonder les profondeurs. Peut-être afin de ramener à Dieu ce grand pervers.

Paris, septembre 1429
    La retraite précipitée sous les murs de Paris menaçait de prendre l’allure d’une débandade. Jean d’Alençon expliqua à sa compagne que le Conseil royal, et notamment le chambellan, redoutait une sortie en masse des assiégés et des renforts de troupes anglaises encore occupées à batailler dans les parages d’Évreux.
    Jean venait tout juste de rendre visite à la Pucelle quand Louis de Coutes arriva à bride abattue, venant des arrières de l’armée qui traînaillaient entre l’abbaye de Montmartre et celle de Saint-Laurent, dans l’intention de découvrir quelque cave ou cellier à mettre à sac. Il criait

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