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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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en portevoix, elle lança :
    – Nous sommes des Français comme vous ! Cessez toute résistance. Par le Christ, si vous vous obstinez nous entrerons par la force, et alors gare à vous !
    En arrivant au sommet du deuxième talus protégeant le fossé elle constata que le travail de comblement avait été mal exécuté : il restait en surface une nappe d’eau où les gens de Gilles pataugeaient et s’embourbaient avant d’escalader la pente menant au boulevard, dans un branle-bas d’échelles et une grande confusion. Elle se dit que le niveau de la Seine avait dû monter durant la nuit et submerger les bourrées.
    Elle laissa son cheval aux mains de Raymond, s’avança jusqu’au bord du fossé et, à l’aide du manche de sa bannière, sonda la profondeur. Alors qu’elle remontait vers son cheval elle poussa un cri et s’effondra sur le parapet, un vireton d’arbalète dans la cuisse. Raymond l’aida à se relever et la conduisit sur le revers du premier fossé pour la mettre à l’abri. La blessure semblait grave, la pointe s’étant fichée profond dans la chair.
    – Raymond, dit-elle, baisse-toi ! Tu t’exposes trop.
    Elle soulevait les franges de son gippon pour constater le degré de gravité de sa plaie et tenter d’arracher le trait, quand elle entendit le cri du page et le vit battre l’air comme pour prendre son vol. Il tomba près d’elle, un trait d’arbalète entre les deux yeux.
    – Mon Dieu ! gémit-elle, le pauvre enfant...
    Elle parvint à se redresser, tenta vainement de remonter en selle, et se mit à hurler :
    – Courage, mes amis ! Ahay ! En avant ! Cette place est à vous !
    Un voile rouge lui tomba sur les yeux. Elle se laissa choir sur les genoux. D’Alençon la fit prestement transporter à l’arrière et allonger sur le cul d’un chariot, inconsciente, sa blessure délivrée de la pointe lâchant un flot de sang. À peine eut-elle retrouvé ses esprits qu’elle tenta de se lever en criant qu’il fallait d’urgence achever de combler les fossés et qu’en poussant ferme on pourrait se rendre maître de la porte avant la tombée du jour.
    De retour d’un assaut infructueux, Gilles pencha vers elle son visage en sueur et lui demanda si elle souffrait beaucoup.
    – En nom Dieu ! s’écria-t-elle, si je souffre c’est de ce qu’on m’ait traînée ici au lieu de me laisser dans la bataille. Si les hommes s’aperçoivent de mon absence ils vont me croire morte. Il faut les rassurer.
    Elle s’enquit des premiers résultats des attaques.
    – Ces sacrés Parisiens, dit Gilles, offrent plus de résistance que nous le pensions, mais nos hommes vont de l’avant sans mesurer leur courage. Vous entendez ce bruit, Jeanne ? C’est celui de nos pièces à feu mêlé aux voix des combattants. Nous venons de lancer une troisième échelade.
    – Tenez ferme ! Dès que possible je reviendrai parmi vous.
    Elle ajouta d’une voix brisée :
    – Mon petit page Raymond est mort près de moi, en portant ma bannière. Je veux qu’on prenne soin de son corps et qu’on l’ensevelisse en terre chrétienne. Vous y veillerez, Gilles ?
    – Il en sera fait selon votre volonté, dit-il. Quant à vous, serrez les dents et tenez ferme. Ce serait un grand malheur si vous preniez congé de nous...
     
    La nuit était tombée depuis deux heures et les combattants avaient allumé leurs feux sur le Marché aux Pourceaux lorsque Louis de Coutes annonça à la Pucelle la visite de La Trémoille. Elle le croyait encore à Compiègne ; il venait d’arriver à Saint-Denis et avait eu avec le roi un entretien orageux.
    À la clarté des flambeaux qui le précédaient il semblait porter encore sur son visage des traces d’une récente colère. Jeanne fit effort sur elle-même pour paraître sous son jour le plus favorable et ne pas donner au Gros Georges de faux espoirs quant à sa santé.
    Il fit avancer un escabeau, y étala sa large croupe, soufflant et s’épongeant le front comme s’il venait de parcourir une lieue à pied. Enfermée dans son reliquaire de cristal, la main desséchée de Giac pendait toujours entre ses mamelles qui dévalaient jusqu’au nombril. Suite à sa chute de cheval lors de la fausse bataille de Montepolloy il claudiquait et s’aidait d’une potence pour marcher.
    Il chaussa ses bésicles et, avec la mine et le ton d’un chirurgien, demanda à Jeanne comment elle se ressentait de sa blessure. Elle répondit :
    – Moins bien que je ne le souhaite et mieux que

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