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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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bord de l’Oise, en face de Compiègne, Jeanne resta constamment en présence de Jean d’Aulon et de Pierre. On les avait installés dans une bicoque de pêcheur, avec la permission, une heure ou deux par jour, de vaquer dans le potager, sous la surveillance d’une dizaine d’archers. On leur distribuait en suffisance de la nourriture et de la boisson. On venait les regarder par des interstices entre les pieux qui formaient palissade, comme des bêtes curieuses, sans leur manifester la moindre animosité.
    Pierre se montrait exigeant quant à la boisson : il se faisait livrer du vin et du cidre qu’il payait de ses deniers. Il semblait rechercher dans l’ivresse l’oubli de sa condition. Son frère Jean lui manquait : ils ne s’étaient jamais séparés depuis qu’ils avaient rejoint leur soeur devant Orléans ; ils avaient bataillé côte à côte, s’étaient enivrés dans les mêmes auberges, avaient couché avec les mêmes garces. Pour son frère comme pour lui cette séparation constituait un déchirement. Il en voulait à sa soeur. Un jour qu’il était ivre, il lui fit grief de leur situation :
    – Nous n’en serions pas là si tu daignais écouter les conseils ! Tu n’en fais qu’à ta tête ! T’a-t-on assez prévenue que tu risquais de tomber dans un traquenard ? Mais il fallait que tu te distingues par un coup d’éclat : Baretta a été plus malin : il a les pieds au chaud à Compiègne, lui ! Tête-Dieu ! je me demande ce qui me retient de...
    Il leva sur elle sa grosse main de paysan. Jean d’Aulon arrêta son geste.
    – Oserais-tu frapper ta soeur ? Tu es ivre et cela te rend à la fois grossier et méchant. Tu devrais cesser de boire.
    – Pierrelot, ajouta Jeanne, je t’aurais pardonné de me frapper mais pas de jurer le saint nom du Seigneur. Tu t’en repentiras en confession dès que l’on nous donnera un prêtre.
    Jean d’Aulon avait envers sa maîtresse d’autres griefs, de nature différente. Il les exposa sans animosité :
    – Vous avez beaucoup changé, Jeanne, depuis notre départ de Sully. Pardonnez-moi, mais vous êtes devenue à la fois incohérente et intransigeante dans vos décisions. Pierre a raison : vous auriez dû attendre dans Compiègne que les Anglais et les Bourguignons passent à l’attaque. Vous auriez pu être plus utile à la défense de la ville qu’en effectuant cette sortie de la dernière imprudence !
    – C’est dans ma nature, Jean : je préfère attaquer que me défendre.
    – Autre chose m’intrigue, et plus encore : vous semblez acquise depuis quelques semaines à l’idée que vous serez prise, jugée, peut-être exécutée. Il semble même qu’au cours de l’attaque sur Margny vous n’ayez rien fait pour vous protéger, comme si vous couriez au-devant du danger.
    Jeanne parut troublée : ainsi, ce qu’elle croyait n’être qu’un débat intérieur, d’autres l’auraient surpris !
    – Il se peut... dit-elle. Il se peut... Depuis notre départ de Sully mes voix m’ont avertie à plusieurs reprises de ma capture avant la Saint-Jean d’été, sans m’informer du jour et de l’heure. Elles m’ont demandé de prendre cet événement de bon gré, comme s’il faisait partie de ma mission. Ce qui devait se produire s’est produit. De toute manière je ne pouvais continuer à mener une vie de cour, à Sully, à Chinon ou à Bourges, vêtue en comtesse et inactive...
    Lorsqu’elle interrogeait les sergents chargés de leur garde sur le sort qu’on leur réservait, ils restaient bouche close ou répondaient par de méchants propos, disant qu’on allait pendre ses deux compagnons et lui trancher le cou à elle, la sorcière, à moins qu’on ne la fasse brûler vive.
    Jean d’Aulon s’efforçait de la rassurer : à eux trois ils représentaient une forte rançon.
    – ... mais qui, ajoutait-il, consentira à la payer ?
     
    Trois jours après l’affaire de Margny, les trois prisonniers furent conduits sous bonne escorte, en longeant l’Oise, vers ils ne savaient où. Tout le long du chemin ils restèrent sur le qui-vive, dans l’espoir que les gens de Compiègne viendraient les délivrer, mais l’espoir se dissipait lieue après lieue, jour après jour.
    Jeanne les rassurait :
    – Je suis persuadée que les nôtres mettront tout en oeuvre pour nous délivrer. Notre départ n’a pas pu leur échapper.
    – J’en doute, répondait l’intendant. Le mieux est de ne compter que sur nous-mêmes et d’attendre une occasion de

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