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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Savez-vous comment il a triomphé de ce Goddon ?… En perçant sa monture de son épée. Ce n’est pas la première fois qu’il tue un cheval pour occire l’homme qui est dessus.
    – Voilà bien, dit Tristan, la plus sale des traîtrises !
    – Il n’est rien d’autre qu’un culvert monté en graine.
    – C’est méchant pour les culverts, ça ! ricana Tiercelet. Je l’ai vu une fois : il a la hure de son âme.
    – Croyez-vous qu’il en ait une ? interrogea Sacquenville.
    Il se remit en selle et parut sur le point de partir au galop. Il se ravisa et, de l’index, invita les trois compères à s’approcher :
    – Vous le savez sans doute, Édouard III avait accordé une sorte de grâce aux quatre ducs prisonniers sur la Grande Ile : Orléans, Anjou. Berry et Bourbon. A force de pleurnicher sur leur sort, ils furent conduits à Calais. Ils y étaient quasiment libres pendant trois jours à condition que le quatrième, ils reviennent en la cité avant le soleil couchant. Une fois rendus, ils ne cessaient d’envoyer des messages au roi Jean et à leur frère afin qu’ils les délivrent 96 d’une quelconque façon.
Je n’en savais rien, dit Tristan, mais poursuivez, messire.
    Yvain de Sacquenville se pencha davantage :
    – Savez-vous ce que j’ai appris et qu’on s’efforce de tenir secret ?… Le duc d’Anjou s’est parjuré. Il a rompu son otagerie et s’est enfui jusqu’à Saint-Quentin d’où il ne veut point sortir. Le dauphin est fortement iré contre lui. Il paraît qu’en apprenant cette coulpe 97 , le roi Jean a dit que son fils avait blêmi son honneur et corrompu son lignage. Il a l’intention de revenir à Londres où Orléans. Berry et Bourbon sont évidemment retournés !
    Un rire, et Sacquenville s’éloigna sans un mot de plus.
    – Avec lui au moins, dit Tiercelet, on en sait davantage qu’à Vincennes. Je commence à m’y sentir en grand étal de réclusion.
Et moi donc ! dit Paindorge.
    – Un jour viendra peut-être, amis, dit Tristan, où vous regretterez cette existence. Il vaut mieux mourir d’ennui que d’un coup de lance ou d’épée !
    *
    Septembre commençait lorsqu’un événement tira de leur léthargie les privilégiés de Vincennes : Philippe de Navarre, le frère du Mauvais, venait de mourir, à Vernon, des suites d’un refroidissement (330) .
    – Mort ou enherbé ? demanda Tiercelet. On raconte qu’il était devenu l’allié du dauphin.
    – Son allié fut un temps son ains-né, jusqu’à l’affaire de Rouen 98 , mais sans doute l’a-t-il oublié !
    – A ce qu’on dit aussi, le Mauvais venait de s’assurer, contre la volonté de son frère, de l’appui du roi Édouard et du prince de Galles.
    Quelques jours après, on apprenait au Louvre, à Vincennes et Paris, que le roi d’Angleterre, en représailles du parjure du duc d’Anjou, avait lancé sur la Normandie le vaincu du Pas-du-Breuil, Jean Jouel, ce terrible routier dont il attendait des « merveilles ». Dès lors par son entremise, Édouard III et son fils soufflèrent sur les brasiers allumés par Navarre. Tous les malandrins de Bretagne et de Normandie firent cause commune avec ce fauteur de guerre. Jean de Montfort les rejoignit.
    – D’après ce que nous a dit Thierry, à Gratot, c’est le chanoine Guy Quieret qui conseille le Mauvais. C’est lui qui s’est rendu à Bordeaux pour obtenir l’alliance du prince de Galles et du captal de Buch ! Je ne sais ce qui s’est passé entre Guesclin et lui après cette empainte 99 du Pas-du-Beuil dont nous étions, Paindorge et moi. De deux choses l’une : ou Jouel est parvenu à s’enfuir ou Bertrand l’a libéré contre une rançon si forte qu’il n’en a touché mol à personne, pas même à ses parents pour autant qu’ils le sont.
    – Il a dû préférer la rançon. Entre coquins, on ne se souhaite pas la mort. Et puis, en le laissant partir, il espère peut-être le reprendre et marchander une fois encore sa liberté… Mais laissons ces larrons à leurs manœuvres. Crains-tu, Tristan, que Gratot soit menacé ?
    – Je pense qu’il le fut dès notre départ. Nous étions les garants de sa sécurité. Peut-être aurais-je dû me montrer plus… coulant.
    – Comme le nœud de la corde du mariage ! Tristan n’osa répondre à Tiercelet. Paindorge le secourut :
    – Les clercs ne devraient point se mêler des choses de la guerre, sauf pour bénir les morts sur les champs désertés… On

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