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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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routiers, à la mi-juillet, avaient menacé Carcassonne. Le sénéchal de Beaucaire s’était lancé à leur rencontre mais Audrehem avait modéré son ardeur, de sorte que les malandrins avaient eu le temps de guerpir jusqu’à Alzonne, qu’ils avaient cerné sans y donner l’assaut : leur intention était de s’emparer de la place forte de Lattes. En effet, tous les approvisionnements de Montpellier y passaient.
    – Crois-tu, demandait Tiercelet, que Charles de Navarre est l’allié des Tard-Venus ?
    – Il devait s’allier avec eux à Brignais. Ce ne fut que partie remise. C’est une accointance ténébreuse, sans sceaux ni parchemins.
    Sans doute s’est-il rallié, ailleurs, à d’autres compagnies.
    – Tu as raison, Paindorge. Mais lesquelles ? En quels lieux ? Nous voilà le 24 juillet. La guerre va cesser ou se multiplier en Normandie ou en Bretagne : Charles de Blois veut, depuis deux mois, conquérir Bécherel, mais il n’y parvient pas… à ce que l’on raconte.
    –  Où est-ce ?
    – Entre Rennes et Dinan 92 , Tiercelet. On dit que Guillaume Latimer, qui commande la place, est un Goddon pire que Knolles et Auberchicourt. Il entasse des trésors dont il remplit des tonneaux qu’il fait passer au fur et à mesure dans ses manoirs d’Angleterre. Le dauphin a envoyé à Charles de Blois Amaury de Craon et ses hommes pour qu’ils l’aident dans sa conquête. On a dit que Jean de Montfort marchait sur eux avec Chandos, Knolles et des Bretons 93 . Mais cela remonte à deux semaines.
    Le jour même où les trois compères avaient échangé ces propos, dans la soirée, Yvain de Sacquenville, de passage à Vincennes, leur apporta quelques nouvelles fraîches :
    – Bécherel, dites-vous… Il n’y eut point bataille. Montfort a trouvé Blois dans une position si avantageuse qu’il n’a pas commis l’erreur de l’attaquer : il s’est contenté de le contre-assiéger. Blois et ses hommes n’ont pas tardé à souffrir de la faim et, surtout, de la soif au point de proposer à Montfort une bataille en rase campagne, dans la lande d’Evran toute proche. Cependant, au moment où les deux armées allaient s’affronter, des évêques bretons appartenant qui à Montfort, qui à Blois, sont intervenus pour empêcher la bataille 94 . Il fut convenu d’une suspension d’armes. On a échangé des otages en se félicitant que Guesclin fut absent. S’il avait été là, on aurait dénombré des centaines de morts et des blessés par milliers… Il n’y eut rien… sinon la promesse de s’occire plus tard (327)  !
    –  Et Guesclin ?
    – Ce qu’on lui reconnaît c’est un courage énorme. On raconte qu’au siège de Rennes, Bemborough, un Anglais, lui a demandé de briser avec lui trois fers de glaive (328) , trois fers de hache et trois fers de dague devant le duc de Lancastre. A la première course, il eut son heaume brisé mais il perça les mailles du Goddon. A la seconde course, il lui enfonça son glaive dans le corps et renonça à l’achever pour ne pas consterner le duc… Ce qui n’empêcha pas celui-ci d’attaquer Rennes, mais Guesclin et ses hommes incendièrent le beffroi qu’il avait fait bâtir… Maintenant, Lancastre doit être à Auray avec le fils de Montfort. C’est du moins l’intention qu’on lui prête.
    Il y a, paraît-il, dit Tiercelet, autant de routiers en Bretagne qu’il y en a en Auvergne et en Langue d’Oc.
    C’est vrai, dit Sacquenville. Les loudiers (329) bretons s’étaient accordés avec les malandrins : ils puisaient dans leur avoir pour obtenir le droit de cultiver les terres et d’y faire la récolte, mais les seigneurs ont appris ce pacte… Loin de reconnaître que ces pauvres gens n’avaient aucun autre moyen de se soustraire à la rapacité des Compagnies contre lesquelles eux, leurs maîtres, ne les protégeaient point, ils leur ont fait payer des redevances démesurées.
    –  Il ne leur reste plus rien, alors, dit Paindorge.
    Une lippe déforma le visage de Sacquenville :
    – Les quelques piécettes qu’ils avaient protégées, Charles de Blois les leur a fait prendre pour compléter le paiement de sa rançon 95 .
    – Et Guesclin ?
    – Il se bat, Castelreng, et pense à sa renommée. Il ne lui déplaît pas d’aller titiller les Anglais jusque dans leur camp : Knolles, Pembroke, Chandos l’ont même autorisé à jouter contre un certain Thomas de Cantorbery qui l’avait, naguère, fait prisonnier…

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